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Niamey, la choyée : Par Moussa Tchangari

Niamey, la choyée : Par Moussa Tchangari

Au cours de ces dix (10) dernières années, la générosité de son chef suprême ne lui a jamais fait défaut. Bien sûr, elle fait toujours pâle figure face à nombreuses autres villes soeurs; mais, elle peut se vanter de ses trois (3) ponts enjambant le fleuve Niger, de ses trois (3) échangeurs, de son nouveau centre international de conférence, de ses nouveaux hôtels de luxe, de sa voie expresse qui fait jonction à un chemin de fer bien spécial, de ses kilomètres de nouvelles routes goudronnées, de son nouvel immeuble clinquant où sont gérés les deniers du pays tout entier, de ses rond-points parmi les plus chers au monde, de sa centrale thermique des plus gourmandes en fuel, de ses installations aéroportuaires entièrement rénovées, comprenant même un carré des martyrs et où stationnent les engins de mort des armées les plus puissantes au monde.

Oui, elle est choyée, Niamey; mais, les 13 et 27 décembre derniers, elle n'a pas oublié qu'elle était sous les eaux quelques mois avant ces scrutins, que des milliers de ses habitants n'ont pas d'argent pour se faire soigner à son hôpital de référence, lui aussi tout neuf, que des milliers de ses enfants s'entassent dans des classes trop exiguës, que plus de 2 de ses habitants sur 5 ne mangent pas à leur faim, bref qu'elle est la capitale du pays qui occupe, depuis de 10 ans, le dernier rang sur l'échelle de l'indice du développement humain.

Ce matin, en posant la première pierre du 4ème échangeur, le président Issoufou a envoyé un message fort à ses habitants : "Ce n'est pas un problème, si vous n'êtes pas reconnaissants pour toutes ces belles oeuvres; c'est la preuve que vous n'avez pas encore compris qu'il vaut mieux afficher un bon taux de croissance plutôt qu'un bel indice de développement humain. Le 21 février, vous pouvez encore voter contre mon candidat; ce n'est pas un problème, ailleurs, là où les gens n'ont rien obtenu et n'attendent rien de l'Etat, nous ferons le plein de procès verbaux, avec l'argent des commissions et rétro-commissions. L'histoire retiendra que nous avons réussi à nous maintenir aux affaires, en ignorant le sort de petit peuple, grâce à ceux que vous adulez".

A Niamey et ailleurs, ce message résonnera fort, ce soir, dans toutes les oreilles sensibles. Certains, fous de rage, n'auront pas le sommeil ; mais, beaucoup auront le sommeil lourd jusqu'au soir du 21 février. Ce jour-là, ils comprendront certainement que seule lutte paie, et qu'elle ne peut être menée que par ceux et celles qui y ont intérêt.

Moussa Tchangari
Source : https://www.facebook.com/moussa.tchangari.54