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Sabre National de lutte traditionnelle : La 43ème édition s’ouvre cet après-midi au stade régional de Diffa

C’est aujourd’hui que s’ouvre dans la capitale du Manga, la 43ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle. C’est la sixième fois que la ville de Diffa accueille cet événement, après 1979 qui a consacré le sacre de Salma Dan Rani de Dosso en finale devant Salami Mato d’Agadez ; 1987 avec la victoire finale de Naroua Sanou de Niamey devant Saiyadi Assoutane de Tahoua ; 1995 avec le sabre enlevé par  Badamassi Alassane de Zinder devant Mahamadou Idi Commando de Tahoua ;  2006 avec la victoire finale de Oumarou Ali Bindigaou de Maradi devant Harouna Abdou de Tahoua. Et l’édition de 2014 qui a consacré le sacre de Yacouba Adamou de Niamey devant Ibrahim Namata de Dosso. Depuis cette date, certaines contingences ont empêché la tenue du Sabre National dans le Manga. Aujourd’hui que toutes les conditions sont réunies, la région de Chétima Ganga a fait sa belle toilette pour accueillir les quatre-vingt lutteurs des huit régions du Niger dans des joutes qui vont durer une dizaine de jours.

On rappelle que lors de l’édition 2020,  dans la capitale du Katsina, l’écurie de Tillabéri a surpris le public sportif en jouant les grands rôles et en se maintenant dans la course au Sabre durant toutes les étapes des éliminatoires, notamment grâce à son redoutable stratège et fin technicien Ousman Hassane, vainqueur du sabre de cette édition. En 2021 à Niamey, la région de Dosso, grâce au redoutable Issaka Issaka, est revenue en force dans la compétition. En effet, l’enfant terrible du Dendi, a réussi la prouesse de décrocher son 4ème sabre national devant Aïbo Hassane de Maradi, portant ainsi à 6 le total des sabres remporté par sa région. C’est donc Issaka Issaka qui va devoir remettre son Sabre en compétition cet après-midi dans l’antre du stade régional de Diffa.

Il faut dire que chaque année, l’enthousiasme et l’engouement que suscite cet événement ne font que croître, preuve que cette discipline frappée du label de « sport  Roi » au Niger,  compte des millions d’admirateurs.  Mais, il aura fallu beaucoup de temps pour que ce sport, qui tire toute sa popularité des vertus qu’il incarne, soit hissé sur la scène nationale et même internationale. Car, il faut bien le noter, au Niger, la lutte traditionnelle fait partie des valeurs ancestrales les plus profondes. En effet, la plupart des communautés de l’espace nigérien de l’époque pré-coloniale connaissent la pratique ludique de la lutte avec des variantes en fonction des régions.

Les rencontres, qui opposaient les jeunes des quartiers et des villages, se déroulaient sur la place publique ou devant la cour du chef, sous la supervision des responsables de la jeunesse (Maï samari), des commerçants jouant le rôle de managers pour les lutteurs. Le calendrier des rencontres est établi suivant les cycles de moissons ou de transhumance. A l’issue des combats, un ‘’roi’’ ou le champion de la région est désigné. Quand la renommée d’un lutteur dépasse les limites de sa contrée, des tournées sont entreprises pour lui rendre visite, pour le vaincre ou pour se faire battre dans une atmosphère de joie et de gaieté. Selon le directeur technique national de la Fédération nigérienne des luttes, M. Malam Barka Akoda, auteur d’une étude sur la question, les pouvoirs nationaux issus de l’indépendance dans les années 1960 se sont très peu intéressés au développement des pratiques sportives traditionnelles, les reléguant, comme leurs prédécesseurs, aux oubliettes. Il aura fallu la dernière édition de la semaine de la jeunesse, en 1973, pour que la lutte fasse partie du programme de cette grande manifestation nationale.

Il faut dire que la lutte a connu son envol au Niger à partir de 1975, lorsque le gouvernement de l’époque, sous la férule du Conseil Militaire Suprême (CMS), a inséré dans son programme l’organisation successive, dans chaque chef-lieu de département, d’un championnat de lutte traditionnelle. L’objectif recherché par les gouvernants de l’époque était d’abord le renforcement de l’identité et de l’unité nationales et ensuite la cohésion sociale et la mise en place d’infrastructures destinées à la lutte.  Pour atteindre ces objectifs, les autorités ont entamé une réforme et la mise en place des instances pouvant prendre, en concert avec le ministère, l’organisation de ces championnats.  C’est ainsi qu’une association des lutteurs vit le jour par ordonnance présidentielle N° 7511/PCMS du 13 mars 1975. Cet acte confirme la vision du régime qui veut que la lutte traditionnelle soit un facteur d’unité nationale et de l’affirmation de l’identité culturelle des Nigériens. Elle est devenue une grande manifestation culturelle et sportive qui mobilise tout le pays : les pouvoirs publics, les lutteurs, les différents animateurs, les journalistes, les techniciens, les spectateurs, les auditeurs, les téléspectateurs, les sponsors. Chacune de ces composantes joue un rôle précis et complémentaire.

Par Oumarou Moussa(onep)