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Rentrée scolaire au Niger : comment les librairies par terre soutiennent l’éducation à Niamey

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À Niamey, la rentrée scolaire 2025-2026 bat son plein. Sur la voie Ugan, les avenues aux abords des CEG ou encore dans les artères commerçantes de la capitale, les « librairies par terre » attirent chaque jour une foule nombreuse de parents, élèves et étudiants. Ces vendeurs de fournitures scolaires, installés dans des kiosques de fortune ou des étals bien organisés, incarnent depuis plusieurs décennies un pilier discret mais fondamental du système éducatif nigérien.

Des stands structurés, une activité intense
Les livres sont classés par niveau scolaire, les cahiers empilés par formats, les outils géométriques suspendus à portée de main. L’odeur caractéristique des livres neufs et d’occasion emplit l’air.

Parents et enfants arpentent ces allées improvisées à la recherche des manuels exigés par les écoles. Des vendeurs expérimentés, comme Moctar Amadou ou Aïssa Kio, accueillent chaque client avec patience et conseils. Certains proposent même des services d’échange ou de prêt pour les familles à faibles revenus, illustrant un modèle solidaire bien ancré dans le tissu social nigérien.

Une réponse populaire à une demande massive
Dans un contexte économique difficile, ces librairies informelles offrent une alternative accessible aux librairies conventionnelles. Beaucoup de familles se tournent vers elles pour compléter les listes scolaires, y trouvant non seulement des articles neufs mais aussi des manuels de seconde main, parfois introuvables ailleurs.

Les vendeurs, bien informés des programmes scolaires en vigueur, orientent les parents vers les bonnes éditions et acceptent souvent de reprendre d’anciens manuels en échange de ceux de l’année en cours. Certains, comme Amadou Boureima, racontent avoir accompagné des générations d’élèves, devenus aujourd’hui enseignants ou cadres, qui se sont fournis chez eux au fil des années.

Un savoir-faire forgé dans la précarité
Malgré leur importance, les librairies par terre restent largement ignorées des politiques publiques. Aucune structure ne reconnaît formellement leur rôle dans le système éducatif. Ils exercent sans protection juridique, sans accès à des dispositifs de formation ou de soutien logistique. Pourtant, ce sont eux qui, chaque année, assurent la mise en circulation de milliers d’ouvrages indispensables à la réussite scolaire de milliers d’enfants.

Leur présence massive dans l’espace urbain de Niamey reflète autant la vitalité de l’économie populaire que les limites de la distribution officielle du livre. Leur résilience repose sur une logique communautaire : entraide, adaptation, recyclage, flexibilité.

À Niamey, à chaque rentrée, ce sont ces kiosques modestes, ces visages familiers, ces piles de livres patiemment arrangées qui témoignent d’une mobilisation discrète pour l’école. Ils sont bien plus que des vendeurs : ils sont les médiateurs d’un accès à la connaissance.

Boubé G. (Nigerdiaspora)