Arnaques dans les écoles privées au Niger : Des frais d’assurance qui mettent les parents en difficulté
De nouvelles formes d’arnaques, comme ça se remarque dans bien de secteurs de la vie de notre société ces derniers temps, voient le jour dans les écoles privées. En effet, certaines de ces écoles, surtout de la capitale, non contentes d’augmenter chaque fois un peu plus les frais d’études des élèves et d’autres frais comme ceux du COGES - ce qui est inadmissible au privé -, exigent, en plus, de leurs élèves qu’ils soient assurés. A quoi riment ces frais d’assurance et ce qu’ils couvrent dans les faits ? Telle est la première question qui vient à l’esprit du parent qui éprouve déjà un mal fou à payer l’intégralité des frais d’études de son enfant. Les accidents sur la route de l’école, les maladies ou quoi encore ? Si ce sont des accidents qu’il s’agit, on peut se demander ce à quoi peut bien servir l’assurance de l’usager qui aura renversé un élève inscrit dans ladite école privée sur la route ? Si c’est de la maladie qu’il s’agit, a-t-on besoin que l’école réclame de quelconques frais d’assurance pour cela ? Quand un élève tombe malade, généralement, c’est une affaire du parent qui est aussitôt informé si la maladie ou le malaise survient à l’école, rares étant les écoles, qu’elles soient publiques ou privées, qui disposent même d’une simple boite à pharmacie pour apporter les premiers soins aux élèves malades. Alors, pourquoi demander aux parents des élèves de verser des frais d’assurance ? Et le comble est que ce ne sera pas au parent d’aller dans la maison d’assurance de son choix pour souscrire une assurance pour son enfant, mais l’argent doit être tout bonnement remis à l’école que fréquente l’enfant. Et les parents sont sommés de débourser cet argent par simple mot sur un bout de papier remis au rejeton. Pas de réunion, pas la moindre rencontre de concertation. Comme ça. Où va ce pays où chacun veut palper coûte que coûte et s’enrichir de la pauvreté des autres, même dans un secteur aussi délicat que l’éducation. D’ores et déjà, dans les écoles privées, divers types de frais sont exigés : frais d’études, inscription, CGDES, tenue généralement vendue à l’école par l’école…C’est le lieu de rappeler que les écoles privées ont commencé à prospérer au Niger, depuis que l’école publique allait à la dérive, suite aux grèves répétitives et des débrayages intempestifs dans les années 90 où en dehors des revendications purement corporatistes, les scolaires étaient mis au-devant du combat pour l’avènement d’une démocratie multipartiste. Auparavant, rares étaient les élèves brillants, en dehors de quelques exceptions bien entendu, qui fréquentaient ces écoles privées qui étaient considérées comme le réceptacle des ratés de l’école publique. Au fur et à mesure, elles ont joué un rôle important et ont permis, tout de même, à des milliers d’élèves d’étudier normalement, avec des années scolaires stables et une discipline de rigueur. Voilà en quoi l’école privée a surclassé l’école publique. Mais, la qualité des enseignements-apprentissages n’était pas généralement au rendez-vous. Jusqu’au moment où des politiques, ayant profité de leurs positions de pouvoir et des moyens publics, se sont mis à créer des écoles et détourner vers leurs écoles les moyens destinés à l’école publique, y compris le personnel enseignant formé, employé et payé par l’Etat. L’école privée est dès lors devenue l’école des nantis et l’école publique celle des enfants issus des familles pauvres, cette école qui ne semble bénéficier d’aucune attention particulière de l’Etat. Les enfants de gouvernants fréquentant les écoles privées s’ils ne sont tout simplement pas envoyés à l’extérieur pour poursuivre leurs études et revenir au pays pour être les patrons des autres.
Mais, ces dernières années, la courbe a tendance à s’inverser. L’école publique retrouve sa stabilité et les parents comprennent que la qualité des enseignements-apprentissages au public est encore meilleure qu’au privé. Mais, dans tous les cas, les pouvoirs publics se doivent de s’intéresser au fonctionnement des écoles privées. Car, elles n’ont pas, sous prétexte qu’elles sont des entreprises privées, le droit de faire et d’exiger n’importe quoi. Elles se doivent de respecter scrupuleusement les lois de la République et n’imposer à leurs élèves que ce que leur dictent les instructions officielles. Elles participent à l’éducation des enfants, les futurs citoyens de ce pays. L’Etat y a donc un droit de regard. Un devoir de regard même, faut-il dire. Il est vrai qu’elles sont des entreprises privées, où des personnes voulant surement faire plus d’argent, en offrant incidemment un cadre d’études aux enfants. Mais, cela ne donne pas le droit d’exiger de leurs élèves des choses à dormir debout comme des frais d’assurances, elles qui ne sont pas des maisons d’assurance. Ne doivent-elles pas d’abord penser à inscrire leurs employés à la caisse de sécurité sociale pour qu’ils puissent jouir d’une retraite décente ?
BISSO (Le Courrier)