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Campagne régionale de défense et de promotion du lait local : Protection de la filière locale et amélioration des revenus des petits producteurs

‘’Mon lait est local’’ est une campagne régionale de défense et de promotion du lait local regroupant plusieurs organisations intervenant dans le secteur d’élevage pour sensibiliser la population et au-delà les décideurs de la région ouest-africaine à agir pour la protection de ce pan vital de l’économie. Le but de cette campagne est de freiner l’importation massive du lait en poudre dans nos pays qui selon les initiateurs de cette campagne n’est pas sans conséquence sur la santé humaine. Ce mouvement regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, et le Tchad. Il vise aussi à promouvoir les filières locales.

D’après les explications d’un représentant du mouvement ‘’Mon lait est local’’ au Niger, M. Moussa Tambari Ismaël, l’idée de la campagne a été développée depuis 2016 au Niger et a eu son épilogue en 2018 avec le lancement simultané le 1er juin 2018 de la campagne ‘’Mon lait est local’’ dans six pays à savoir le Niger, le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et le Burkina-Faso grâce au soutien de RBM, ROPPA et APESS.

L’objectif de cette campagne est de susciter la consommation du lait local au niveau de l’espace CEDEAO et plus spécifiquement améliorer le revenu des petits producteurs dans un contexte où le lait importé inonde les marchés locaux. «Un lait recomposé du soja enrichi avec de l’huile végétal sans compter son impact sur la santé des consommateurs», a-t-il ajouté. M. Moussa Tambari Ismaël a fait remarquer que l’importation massive du lait en poudre constitue une fuite de capitaux pour nos pays. «Ce sont des milliards de nos francs qui partent ailleurs à travers ces importations. Or, la promotion du lait local est une voie qui encourage la création de l’emploi mais concourt aussi à la lutte contre l’insécurité alimentaire», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, M. Moussa Tambari Ismaël a reconnu que cette démarche s’inscrit dans le long terme et se traduit par des actions de sensibilisation, d’information et de plaidoyer pour persuader les décideurs afin qu’ils accompagnent la filière du lait local qui semble être abandonnée. «Cette filière est complexe car elle doit commencer depuis l’alimentation du bétail qui permet à l’animal d’avoir un lait de qualité, puis le respect des mesures d’hygiène dans la collecte, la conservation ou le conditionnement avec du matériel approprié. Chaque étape mérite un grand financement, c’est ce que nous appelons la chaîne des valeurs. Donc, il faudrait que l’Etat agisse sur cette chaine pour réduire certaines difficultés», a-t-il expliqué.

«Toutefois, l’on se réjouit de constater que de 2018 à aujourd’hui il y a eu quelques avancées qui se traduisent par la présence des produits à base de lait local au niveau de nos alimentations en témoigne entre autres la présence du lait de chamelle qui se vend au niveau de nos alimentations. En plus, les consommateurs ont commencé à comprendre l’intérêt de consommer le lait local», a-t-il fait savoir.

Evoquant certaines actions organisées par les acteurs de cette lutte, notre interlocuteur a cité l’organisation d’une journée parlementaire en 2018 au cours de laquelle les parlementaires ont été sensibilisés sur ce qu’est le lait et le défi sur la consommation. Cette journée a été l’occasion pour lever certaines équivoques notamment la différence entre le lait local qui n’est pas forcement ce que certaines industries laitières nous proposent.

M. Moussa Tambari Ismaël a aussi rappelé, la tenue de la première édition du concours d’entreprises nationales valorisant le lait local organisé par le ROPPA avec l’accompagnement de plusieurs associations. «Cela nous a permis de comprendre, dans quel environnement le lait local est conditionné. L’objectif, c’est de faire un plaidoyer à l’endroit des décideurs tout en insistant sur les difficultés dans la chaine de valeur. Nous avons émis aussi le vœu de voir nos industriels qui évoluent dans la filière utiliser le lait local, ne serait-ce dans une partie de leur production, ce qui permettra d’enrichir la qualité de leur produit», a-t-il proposé.

Pour le collectif ‘’Consommons le lait local’’, il s’agit d’une question de souveraineté que nos dirigeants doivent accompagner pour améliorer les conditions de vie des éleveurs et de ceux qui agissent aux côtés d’eux pour créer des emplois. «L’objectif, c’est aussi de faire en sorte que nos Etats essaient de réviser le tarif extérieur qui est largement à l’avantage du commerce du lait en poudre car il n’y a pas beaucoup d’impositions, ce qui favorise l’importation», a-t-il suggéré.

Entre autres actions entreprises par les acteurs de cette lutte, M. Moussa Tambari Ismaël a cité l’initiation d’un plan d’actions offensif dénommé ‘’Lait de la CEDEAO’’. «Dans ce plan d’actions, le Niger a opté pour la création du centre de collecte du lait. Nous avons élaboré une stratégie, celle qui consiste à la multiplication des centres de collecte. Nous verrons le circuit de consommation», a-t-il dit. 

Malgré les difficultés de la filière lait, notre interlocuteur reste optimiste. «On espère beaucoup car il y a un regain de consommation du lait local et les partenaires s’intéressent à ce combat. L’Etat du Niger dans son plan national de développement de la filière a pris beaucoup d’engagements dans ce sens afin de booster la production laitière à plus deux millions de litre par ans», a-t-il rappelé. A ce sujet, M. Moussa Tambari Ismaël a évoqué entre autres mesures l’incitation à la production d’aliments bétail notamment le fourrage à travers différents aménagements. A cela s’ajoute la multiplication des centres de collecte de lait à travers le pays, l’amélioration de la santé animale à travers des campagnes de vaccination. Toutes ces actions concourent à la compétitivité du lait local. «On ne cesse de le répéter pour avoir un bon lait, il faudrait assurer une bonne alimentation, une bonne santé animale et l’accompagnement technique», a-t-il conclu.

 Mamane Abdoulaye(onep)
Source : http://www.lesahel.org