Quelle diplomatie pour le Niger ?
L’importance et la place d’un pays dans le concert des nations sont fonctions de sa puissance économique, sa puissance militaire et la visibilité de sa diplomatie. Cette visibilité se caractérise principalement par la constance, le respect de l’autre et surtout par le respect en tous points de l’intérêt et de la souveraineté du pays. Un ancien syndicaliste a, fort opportunément, dans un article, rappelé les positions diplomatiques osées prises par les premiers dirigeants de ce pays. On se rappelle que le président Diori Hamani, en dépit de sa proximité avec les dirigeants français et le président Houphouët Boigny, a pris fait et cause pour le gouvernement fédéral du Nigeria dans la guerre de sécession du Biafra. Le président Kountché s’est positionné en médiateur dans le conflit du ‘’sable’’ qui a opposé le Burkina Faso au Mali. Quoiqu’on dise du président Issoufou, il a été d’une constance sans faille dans les cas de la Libye et du statut de Kidal. Il a sans cesse répété que ceux qui ont démembré le pays et tué son guide doivent assurer le ‘’service après vente’’. Il a toujours dit que le statut de Kidal n’est pas normal. Cet article de cet ancien syndicaliste sonne comme rappel aux nouveaux dirigeants de ce pays. Suite au deuxième coup d’État des colonels de Bamako et après un sommet de la CEDEAO qui n’avait visiblement pas répondu aux attentes de Paris, le président Bazoum avait vertement tancé les autorités maliennes. Il disait en substance que ces hommes en kaki devant leur incapacité de contrer les terroristes trouvent le moyen de faire des coups d’Etat. Très peu diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères de notre pays y mettra aussi du sien. Après un autre sommet de la CEDEAO et à la suite des sorties de dirigeants français, il dira qu’une signature avec des paramilitaires russes est inacceptable. Le président et son ministre des Affaires étrangères disent une chose et son contraire : l’incapacité des colonels maliens à gagner la guerre et l’interdiction de trouver des partenaires pour la gagner. Un exemple à enseigner dans les grandes écoles de relations internationales ? Ces deux sorties annihilent tout espoir pour le Niger d’être un médiateur crédible entre les fils du Mali. La récente visite, au Niger, d’une délégation du Cadre Stratégique Permanent qui regroupe l’essentiel des groupes politico militaires du nord aurait été le prélude de la médiation nigérienne.
Plus généralement. Depuis la brouille entre la France et le Mali, tous les pays de la sous région s’activent et prennent position. Le président mauritanien a trouvé une façon très diplomatique de désavouer les Maliens sur un probable accord avec Wagner. Ils auraient du procéder à une concertation avec leurs partenaires. Ne serait-ce ceux du G5 Sahel. La ministre des Affaires étrangères du Sénégal n’en dira pas plus. En s’alignant, comme des écoliers, sur les positions françaises, aussi incompréhensibles qu’incohérentes, les autorités nigériennes ne risquent-elles pas de s’aliéner le soutien et la coopération de l’Algérie ? On sait que ce pays est en froid avec la France. Il a aussi, lui le parrain des accords entre Maliens, apporté son soutien ferme à Bamako. Il ne faut pas oublier que le Mali avait autorisé l’utilisation de son territoire aux combattants du FLN au cours de la guerre d’indépendance. Les Algériens sont, eux, reconnaissants. Le Mali peut se prévaloir de la ‘’ rente mémorielle’’. Ce que d’autres refusent à l’Algérie.
Modibo