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Le Nigérien de la semaine : M. Albert Chaibou

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Vous avez été rédacteur en chef du journal Alternative  et ancien directeur de la radio Alternative, que pensez-vous de la situation actuelle de la presse au Niger.

Albert Chaibou 04La situation de la presse nigérienne n’a pas beaucoup évolué. Les médias continuent à exister malgré un environnement économique qui leur est défavorable. De 1990 avec la naissance de Haské, le premier journal indépendant, à nos jours, on peut dire qu’il n’y a pas de véritables entreprises de presse au Niger. C’est vrai il y’a une floraison de titres, de radios, de chaînes de télévision mais tous ces organes n’ont pas de base financière solide. Ils restent fragiles dans leur existence mais aussi fragiles dans leur indépendance vis-à-vis du pouvoir politique et d’autres. Dans nombre d’organes de presse, les journalistes n’ont pas de contrat de travail et ne sont pas déclarés à la caisse de sécurité sociale. La plupart sont mal payés et végètent dans la précarité. Je ne veux pas noircir à dessein le tableau. Même dans cet environnement difficile et précaire, il y’a toujours certains qui sortent la tête de l’eau pour informer le public. C’est grâce à la presse indépendante que beaucoup d’affaires de corruption , de détournement de deniers publics, de népotisme ou de trafics de personnes sont portées au grand jour. Il y’a lieu de leur tirer un coup de chapeau !

En revanche, il y’a aussi des médias qui sont manipulés par les politiciens de tout bord. D’abord la presse publique, elle, est complètement sous la coupe du pouvoir en place en devenant l’écho amplificateur du discours officiel. A part la courte période de la première transition démocratique post conférence nationale où nous avions remarqué dans la presse publique, une liberté de ton avec parfois, des mouvements de grève de journalistes contre la censure, tous ceux qui se sont succédés à la tête du pays se sont accaparés de la presse publique en nommant des responsables issus souvent de leurs partis et en les utilisant comme des outils servant leur propagande politique. Cela est inacceptable pour des gens issus des urnes et qui se disent démocrates. Hier à l’opposition, ils revendiquaient le respect de la pluralité des opinions et dénonçaient l’embrigadement des médias publics par le pouvoir en place. Il faut que tous ceux qui aspirent à être des dirigeants de ce pays, respectent la presse, sa liberté, son indépendance et arrêtent de la manipuler ou de l’acheter.

La presse privée aussi n’échappe pas à cette manipulation des politiciens. Il y’a aujourd’hui au Niger, des organes de la presse privée qui sont entretenus par le pouvoir pour faire ses éloges et jouer les mercenaires de la plume tout comme il y’a d’autres qui sont servis à la mangeoire de l’opposition qui guide leur ligne éditoriale. Cette bipolarisation de notre presse n’est pas de nature à assurer le citoyen qui a droit à une information juste, crédible et vérifiée. Je pense que les promoteurs des organes de presse ont tout intérêt à mutualiser leurs moyens et leurs ressources pour aller vers des jumelages qui pourraient être à mon sens un puissant levier pour bâtir de véritables entreprises de presse, plus libres, indépendantes et moins fragiles.Albert Chaibou 03

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes nigériens qui aimeraient se lancer dans des études journalistiques ?

Il faut aimer ce métier avant même de l’exercer. Puis, respecter les règles d’éthique et de déontologie dans tout ce que vous faites. Veillez à l’exactitude des faits rapportés, être intègre, respecter la vie privée des gens, refuser la diffamation, l’injure, la calomnie bref avoir toujours à l’esprit que ce métier repose sur des piliers que vous devez de respecter. Le journaliste a une responsabilité sociale. Il a donc un devoir d’imputabilité, de reddition de comptes vis-à-vis du public.

Albert Chaibou Avez-vous des projets journalistiques pour le Niger ?

Mes projets sont principalement des projets d’écriture. Ecrire sur le cinéma nigérien, la presse nigérienne et d’autres sujets d’actualité me taraudent l’esprit.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens qui voient en vous un modèle?

Je ne sais pas si je suis un modèle mais les conseils que je peux donner aux jeunes Nigériens c’est de se battre dans la vie sans se décourager, de se soustraire de l’emprise et de la manipulation des « vieux loups » de la politique pour prendre leur destin en main. La jeunesse nigérienne ne peut et ne doit pas continuer à être la victime du chômage, de la pauvreté, de l’exclusion des instances décisionnelles, du terrorisme … Il faut que les jeunes se battent pour qu’il y ait dans ce pays une alternance générationnelle en mettant fin à tous ces comportements et pratiques obscurantistes aux antipodes des valeurs de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance.

Albert Chaibou Votre mot de la fin.

C’est de vous remercier de m’avoir honoré en me désignant comme le Nigérien de la semaine. Merci Boubacar pour cette marque de confiance. Je dois aussi saluer le travail que vous faites à travers Nigerdiaspora. Vous donnez une visibilité au pays, vous informez votre public sur ce qui se passe au Niger et vous maintenez vivace le lien entre la diaspora et le pays. Bravo et pleins succès à vous !
M. Albert Chaibou
E-mail : 
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Tél : +227 969 72 941


Réalisée par Boubacar Guédé
02 août 2018
Source : https://nigerdiaspora.net/