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L’air du temps : Le mimétisme suicidaire

Les cérémonies des mariages et baptêmes deviennent de plus en plus dépensières, particulièrement à Niamey. Cette propension à faire étalage de sa richesse pour d’autres et à montrer qu’on est capable pour d’autres, se développe dans un mimétisme ‘’mortel’’ pour certains.

En effet, outre les dépenses traditionnelles nécessaires, le ménage qui organise un mariage ou un baptême, doit aussi et surtout satisfaire les desirata d’une opinion sociale largement partagée. Ce qui consiste à nourrir pratiquement tout le quartier en plus de ses invités. Ainsi, le petit déjeuner et le déjeuner de toute une horde d’opportunistes sont assurés par le ménage hôte. Et le menu est pour le moins costaud pour ne pas dire ruineux financièrement: Soupe de viande au pain ou aux galettes au petit déjeuner ; le traditionnel ‘’kopto’’ et ‘’dambou’’, yaourt et brochettes pour le gouter et le ‘’souroundou’’ (tchebouguène nigérien) garni et jus au déjeuner. Qu’importe ses moyens ! Ne pas le faire sera assimilé à une honte familiale dont certaines langues fourchues feront leur chou-gras dans les conversations au quartier.

Ce qui pousse les ménages à se saigner jusqu’à l’extrême (en s’endettant souvent) pour ‘’être à la hauteur’’. Si pour le mariage, le ménage a le plus souvent l’appui de la famille, des amis, il n’en est pas toujours ainsi pour le baptême où le chef de ménage supporte tout.

Ce mimétisme s’avère ‘’suicidaire’’ d’abord du point de vue financier pour les ménages qui se retrouvent à gérer des dettes aussitôt après la cérémonie.

L’autre impact négatif de ce mimétisme, c’est qu’il dilue toutes les spécificités propres aux communautés relativement à ces événements qui sont régis par des codes biens. Ce qui ne permet pas aux jeunes générations de connaître les codes qui régissent l’organisation des mariages et des baptêmes selon les communautés. C’est donc un pan de notre culture qui s’en va, dilué dans un mimétisme phagocytant.

D’ailleurs, face aux dérives dépensières enregistrées certaines autorités locales ont essayé de limiter la casse en imposant des seuils dans certains aspects comme la dot, malheureusement en vain. Dans cette tendance collective à se conformer à l’autre, de ressembler par l’apparence, au milieu environnant, il revient à chacun de s’imposer une conduite, de rester soi-même. Car comme le dit l’adage : on peut mentir à tout le monde, sauf à soi-même.

Siradji Sanda(onep)

Source : http://www.lesahel.org