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L’air du temps : Mariages ‘’validés’’ pour divorces en cascades

Les statistiques de l’Association Islamique du Niger, sont formelles : 3088 cas de divorces prononcé. Selon les propres appréciations des responsables de cette institution compétente pour  trancher en matière religieuse sur les litiges conjugaux, ces chiffres, qui dépassent de loin ceux enregistrés au cours des années antérieures, sont assurément alarmants.  Et dire que nous sommes dans l’ère des mariages ‘’validés’’…

En effet, vous avez sans doute remarqué en parcourant les réseaux sociaux, ce foisonnement de photos et vidéos montrant des jeunes mariés pompeusement partagées sur les statuts et frappées de la mention ‘’Vivement le jour ‘’J’’ ou encore ‘’Mariage validé’’. Mais derrière ces effets d’annonce se cache un autre phénomène crucial, à savoir celui des mariages éphémères. Vous n’avez sans doute jamais vu un statut, une photo ou une vidéo affichant au grand jour la mention ‘’Divorce validé’’, mais au fond, c’est l’arbre qui cache la forêt.

Car, la réalité est que, dans la plupart des cas, ces mariages célébrés tambours battants et à coups d’images et de slogans servis à travers les réseaux sociaux, ne jouissent guère des avantages des multiples bénédictions et des vœux de joie et de durabilité du ménage dont sont couverts les jeunes mariés. En effet, beaucoup de ces liaisons ne survivent pas aux premières bourrasques inhérentes à toute vie de foyer. Et nous voilà dans l’ère des liaisons de plus en plus éphémères. Comme si un malin génie s’amusait à défaire les nœuds sacrés, pourtant solidement scellés devant un parterre d’oulémas et de témoins, la quasi-majorité des mariages célébrés avec ardeur et à grands frais, ne franchit même pas le cap de la première année de vie conjugale. Aussi, de façon quasi-quotidienne, nous assistons au départ d’une jeune mariée, conduite au domicile de son ‘’heureux élu’’ dans la clameur du cortège et des klaxons, pour la voir revenir quelques mois seulement après, se pavanant dans le quartier, sans gène ni regret.

Vouant carrément aux oubliettes les mille et un conseils de culture de la patience et de la tolérance mutuelle, proférés par les sages, à l’occasion de leur mariage, beaucoup de jeunes couples n’en font qu’à leur tête. Si ce n’est pas Monsieur qui fait volte-face en étalant au grand jour tous ses défauts cachés, c’est Madame qui commence à faire des siennes en haussant le ton ou en multipliant les fugues et les impairs. Ainsi, de bisbilles en bagarres, la ‘’amaria’’ se résout à plier bagages pour rejoindre la maison parentale. Retour à la case de départ…

Désormais libre et hors de toute contrainte des parents, la voilà qui rejoint aussitôt certaines divorcées qui parcourent les coins chauds de la ville.

Assane Soumana