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A la rencontre des Nigériens vivant à Nouakchott : Une communauté respectueuse des lois et règlements du pays hôte et parfaitement intégrée

Pays de l’Afrique de Nord-Ouest, la République islamique de Mauritanie, comme les autres pays africains, abrite des communautés étrangères parmi lesquelles, figure en bonne place, celle des Nigériens. Ils sont environ un millier en terre mauritanienne selon Elhadji Abdou, un grand commerçant au marché 5ème de Nouakchott, originaire de Konni (Niger). Les Nigériens en Mauritanie, a-t-il témoigné, constituent l’une des communautés la plus respectée et respectueuse. Cette communauté est composée de plusieurs catégories des personnes, dont des fonctionnaires expatriés, des missionnaires dans le cadre des relations bi et multilatérale et une importante présence des commerçants (bouchers et des commerçants des perles, des colliers et autres objets précieux pour femmes). Ce sont ces derniers que nous avions rencontrés lors de notre séjour dans le cadre du tournoi international de football de Nouakchott, auquel le MENA a pris part.

Arrivée pour la première fois, à Nouakchott en 1995, par le biais d’un de ses cousins, Elhadji Abdou s’est très vite intégré à travers le commerce des perles, des bijoux et d’autres objets précieux. Une activité économique qu’il a apprise auprès de son oncle. «C’est mon père qui a demandé à ce que je rejoigne son cousin, qui pendant des années auparavant s’est installé à Nouakchott. L’intention de mon père ici c’est d’avoir quelqu’un de la famille proche aux côtés de notre parent, mais aussi et surtout pour venir apprendre du travail. J’étais le premier parent qu’il a rencontré depuis qu’il a quitté le village. Aujourd’hui il m’a tout donné. Depuis mon arrivée ici je suis dans cette activité de commercialisation des perles et objets précieux», a-t-il déclaré.

Du fait de son expérience et son ouverture d’esprit vis-à-vis des ressortissants nigériens en Mauritanie d’une manière générale et ceux de Nouakchott en particulier, Elhadji Abdou est aujourd’hui un repère, une référence. Pour tout ce qui concerne un Nigérien en Mauritanie, il est l’une des personnes la plus sollicitée. Il se réjouit de cette marque de confiance et de fraternité dont il bénéficie au sein de la communauté nigérienne en terre Mauritanienne. «A l’état actuel, tous les Nigériens vivant en Mauritanie se portent bien. Il n’y a aucun problème entre nous d’abord, ce qui est important. De plus il n’y a aucun problème entre nous et nos frères mauritaniens, ni avec les autres communautés, c’est-à-dire les ressortissants des autres pays. Nous vivons en toute solidarité. La plupart des Nigériens sont à l’intérieur du pays où ils exercent leurs activités économiques dans le respect de la légalité. Nous sommes en contact avec beaucoup d’entre eux. Le peuple Mauritanien est un peuple accueillant, ouvert et solidaire», ajoute Elhadji Abdou.

En Mauritanie on retrouve les Nigériens de presque toutes les ethnies et de toutes les régions du pays. Leurs principales activités est le commerce. Des personnalités nigériennes comme Elhadji Abdou, il y’en a beaucoup en Mauritanie, mais il est le plus sollicité, le plus en contact avec tous y compris les fonctionnaires. Elhadji Abdou a eu cette réputation grâce à son rôle de canal par excellence de transfert d’argent vers le Niger. «En dehors du Consul honoraire, sans risque de me tromper, je suis le plus informé et en contact avec les Nigériens qui vivent ici. Presque tous les transferts d’argent vers le Niger passent par moi. De toutes les régions de Mauritanie, les Nigériens qui souhaitent envoyer de l’argent aux parents passent par moi. Je ne suis pas le seul, mais je suis principalement la référence. Nous avons réussi à développer cet important réseau qui marche très bien pour les Nigériens», a précisé Elhadji Abdou qui ajoute qu’en moyenne, par mois c’est environs 45 à 50 millions de francs CFA qui sont envoyés au Niger.

Cette communauté vit en parfaite communion avec la population mauritanienne, mais de fois des problèmes pas des moindres sont enregistrés. La plupart des problèmes que les Nigériens rencontrent sont liés aux papiers de séjour et de carte consulaire. «Nous demandons aux plus hautes autorités nigériennes d’étudier les possibilités d’ouvrir une Ambassade à Nouakchott. Nous comprenons les charges liées à cela et les difficultés de l’Etat, mais nous maintenons cette demande auprès du Président de la République», plaide Elhadji Abdou.

Nouhou Yayé, originaire de Sarando Béné : «Je suis arrivé ici en 2019 où j’ai commencé avec la vente des articles électroniques, tels que les chargeurs, les câbles de transfert, les batteries pour téléphone portable, les écouteurs, etc. Aujourd’hui j’ai abandonné ce commerce au profit du commerce des habits, des tenues de travail, des shorts et tout ce qui est habillement. Dieu merci. Tout marche bien. Chacun arrive à avoir quelques choses et c’est dans ce que nous gagnons que nous envoyons un peu à la maison pour la scolarité des enfants mais aussi pour l’alimentation et autres besoins de la famille. Nous avons des contacts avec la famille. Ici les Nigériens vivent en parfaite symbiose. Avec les Mauritaniens nous n’avons pas de problèmes. Même en cas de contrôle policier, les Nigériens sont respectueusement traités et respectés par la police». 

‘’Méchoui Haoussa’’, une spécialité très prisé à Nouakchott

Ils sont nombreux les jeunes nigériens à Nouakchott dont la principale activité est le commerce de la viande. Le label ‘’viande made in Niger’’ est très connu ici. En effet, une randonnée dans plusieurs quartier et coins de la Capitale Mauritanienne Nouakchott permet de constater la renommée des bouchers nigériens. Dans la capitale mauritanienne, il est fréquent de tomber sur des boutiques dont à la devanture est estampée de la mention «Méchoui Haoussa». Il faut comprendre qu’il s’agit de la viande, spécialité nigérienne. Une viande très appréciée et prisée par les mauritaniennes et mauritaniens. Une viande bien grillée et assaisonnée. Ce qui est aussi frappant et apprécié par les Mauritaniens chez les bouchers nigériens, c’est l’hygiène. Les endroits où ils grillent et servent leur viande sont biens soignés.

Et la clientèle ne se fait pas prier. Les ‘’Méchoui Haoussa’’ de Nouakchott sont en permanence animés. Mohamed, un jeune Mauritanien rencontré chez le chef Mahamadou Adamou ne tarit pas d’appréciation des ‘’Mechwi’’ Houssa. «Ils sont les seuls qui font ça bien. Ils sont propres. Nos frères nigériens sont très respectueux des clients. Je les trouve aussi très moins chers. Ce que j’aime de plus, c’est le goût et le piment nigérien. Ils proposent aussi une viande de qualité, ce qui veut dire qu’ils ne négligent pas le choix du bon mouton. Nous apprécions bien cette viande et nous leur souhaitons de vivre longtemps ici chez nous», nous a-t-il confié.

Les frères Mahamadou Adamou et Abdourazak Adamoudé, sont originaires d’Abalak (Tahoua). Tous deux ont une dizaine d’année à Nouakchott où ils exercent cette activité de vente de la viande. Au début ils travaillaient ensemble. Mais aujourd’hui ils sont indépendants l’un de l’autre. Chacun gère ses propres affaires. Ils résident tous au quartier SOCIM dans la commune de SEBKHA dans la capitale mauritanienne. Les deux frères disent avoir choisi cette destination parce qu’ils ont des parents qui y sont installés depuis longtemps. «Nous n’avons pas hérité du métier de boucher. Mais par la force des choses aujourd’hui nous le sommes, ici à Nouakchott. Nous n’avons aucun problème ici. Nous nous sentons chez nous. Je travaille avec 6 jeunes actuellement. Mon frère a quitté pour ouvrir son propre lieu de vente», a confié M. Mahamadou.

Les frères Mahamadou et Abdourazak sont très connus à Nouakchott grâce à cette activité de la viande. Mahamadou est même devenu un grand patron dans cette activité. Il a en effet réussi à ouvrir une dizaine de Mechwi Houssa à Nouakchott où il fait travailler d’autres jeunes qu’il paye mensuellement. Grâce à cette activité Mahamadou a financé le mariage de plusieurs de ces jeunes qui travaillent avec lui. Il se dit très fier de cette activité grâce à laquelle tous ces jeunes assistent leurs parents au village. Chaque semaine les deux frères mobilisent environ un à deux millions de franc CFA. En termes d’envoi vers le pays ces bouchers mobilisent environs 10 à 15 millions de franc CFA. «Notre vœu le plus cher, c’est de voir le Niger ouvrir une représentation diplomatique en Mauritanie. Nous n’avons pas de problème avec la population du pays hôte. Mais nous voulons avoir cette représentation qui va nous faciliter beaucoup de choses, notamment les documents», a souligné M. Mahamadou Adamou.

Aminou Badarou, originaire de Kalhou Rahi (Tahoua) est un autre boucher nigérien. La quarantaine révolue, ce père de famille vit à Nouakchott avec une partie de sa famille tandis que l’autre se trouve au Niger, qu’il visite de temps en temps. «Je suis arrivé à Nouakchott en 2014. Depuis mon arrivée ma seule activité c’est la vente de la viande grillé. Et Dieu merci, c’est une activité qui nous rapporte beaucoup d’argent. Il faut noter que c’est une activité difficile, car ce n’est pas tous les jours qu’on gagne. Vraiment la population mauritanienne apprécie beaucoup notre viande. J’ai avec moi une dizaine des jeunes qui travaillent sous ma coupe et que je paie régulièrement chaque moi. En dehors de leur salaire, j’assure tous ce qui est leur besoin, habillement, dortoir, et bien d’autres. Parmis ces jeunes il y’en a ceux que nous avions fait venir, qui sont des proches parents et il y’en a ceux qui arrivent ici à la recherche du travail.  Nous les employons dans nos activités. Certains poursuivent, d’autres trouvent un autre travail. Chacun est payé en fonction de la tâche qu’il effectue. Leur rémunération varie entre 10.000 à 40.000 Ouguiyas (monnaie Mauritanienne) soit environ entre 100.000 et 400.000», a-t-il confié.

Ali Maman(onep),envoyé spécial