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Fakarèye : Comment les jeunes nigériens trouvent le grand amour et le bonheur du mariage entre tradition et modernité

Fakareye NigerdiasporaUn parcours romantique entre tradition et modernité - C’est en 2015 que Sani posa pour la première fois son regard sur Fadhila lors d’une cérémonie de mariage d’un de ses cousins. Complètement subjugué, il lui fit la cour pendant douze mois. Le 15 juin 2016, ils décidèrent de franchir le cap du Fakarèye et de formaliser leur union. Ils se marièrent devant Dieu et les hommes, lors d’une célébration marquée par la Fatiha et diverses réjouissances. Par cet acte religieux, ils s’engagèrent à s’aimer et à rester fidèles jusqu’à la mort. Avant de rejoindre leur foyer conjugal, les parents des deux tourtereaux leur prodiguèrent des conseils, les incitant à abandonner leurs habitudes de célibataires, comme les sorties fréquentes dans des fadas et des boîtes de nuit pour les hommes, et l'amour des feuilletons et des foyandis pour les femmes, comportements souvent préjudiciables à l'harmonie du foyer.

Les défis du Fakarèye

Le mariage de Sani et Fadhila est le fruit d’un long processus. Sani raconte : « Je rendais visite à Fadhila un jour sur deux pour le traditionnel Fakarèye. Je traversais Yantala pour Gawèye, craignant qu’un autre homme ne lui ravisse ma bien-aimée. » Cependant, de nos jours, cette pratique tend à disparaître pour plusieurs raisons : perte de temps, communication par téléphone portable, charges financières liées à la courtisée, manque de respect de certaines filles et familles, etc.

Les jeunes couples préfèrent désormais se retrouver dans des lieux publics comme les fadas et les restaurants, loin des regards indiscrets. Mademoiselle Barira commente : « Pourquoi accepter de faire venir un homme chez vous pendant des mois et des années pour qu’au final, il épouse une autre ? C’est humiliant. Les garçons d’aujourd’hui n’ont aucune considération pour les filles. »

Le déclin des valeurs traditionnelles

Un chef de famille, gardien des traditions, rétorque : « La jeune génération n’accorde aucune importance à la vie familiale et communautaire, ni aux valeurs sociétales. Si les divorces sont fréquents, c’est parce que les liens du mariage n’ont aucun fondement solide. Certaines pratiques anodines sont ignorées, ce qui est regrettable. »

Les mariages de raison

Les mariages de raison deviennent de plus en plus courants. Déçues par les belles paroles et promesses d’amour, certaines filles s’unissent à des hommes qu’elles n’aiment pas, mais dont la situation financière et familiale est stable. M. Diallo, enseignant à la retraite, explique : « Pendant longtemps, les mariages de raison étaient courants entre membres d’une même famille, classe sociale, village ou ethnie. La famille était un pilier fondamental, plébiscité par de nombreux jeunes. » Selon lui, un retour aux sources pourrait garantir la pérennité des couples.

Une question de maturité et de chance

Lorsque le prince charmant tarde à se manifester et que l’horloge biologique presse, certains acceptent de s’engager sans passer par le Fakarèye. Ceux qui ont vécu des expériences amoureuses exigeantes et infructueuses tendent à faire preuve de maturité. Ils analysent chaque détail avec minutie avant de s’engager, cherchant à s'assurer une union durable. Comme on dit, le mariage est aussi et avant tout une question de chance.

Les rencontres modernes sur les réseaux sociaux

À l'ère du numérique, les réseaux sociaux transforment profondément les modes de rencontre. Les jeunes trouvent de plus en plus leurs partenaires via des plateformes comme Facebook, Instagram, et des applications de rencontre spécialisées. Ce mode de rencontre présente des avantages indéniables, notamment la possibilité de rencontrer des personnes en dehors de leur cercle social immédiat et d’échanger plus facilement sur leurs centres d’intérêt communs.

Fatima, une jeune femme de Niamey, raconte : « J'ai rencontré mon mari sur Instagram. Nous avons commencé à discuter de nos passions communes, comme la photographie et les voyages. Après plusieurs mois de conversation en ligne, nous avons décidé de nous rencontrer en personne. Aujourd'hui, nous sommes mariés et heureux. »

Les rencontres en ligne permettent également de surmonter certaines contraintes géographiques. Oumar, un ingénieur résidant à Niamey, témoigne : « J'ai rencontré ma femme sur une application de rencontre. Elle vivait à Agadez. Sans Internet, nos chemins ne se seraient probablement jamais croisés. »

Cependant, les réseaux sociaux ne sont pas sans leurs défis. Il est parfois difficile de discerner les intentions véritables des interlocuteurs, et les jeunes doivent naviguer avec prudence pour éviter les déceptions

En somme, que ce soit par le biais du Fakarèye, des sorties sociales, ou des réseaux sociaux, les jeunes Nigériens continuent de s'adapter et de trouver des moyens de construire des relations solides et durables, découvrant ainsi le grand amour et le bonheur du mariage, tout en naviguant entre tradition et modernité.

Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)