Le henné fait partie de l’arsenal de séduction féminine en Afrique de l’Ouest, plus précisément au Niger. Lors des cérémonies festives, notamment les mariages, la jeune mariée applique du henné sur tout son corps au moins une semaine avant l'événement. Ce produit est préparé avec soin pour le plus grand bonheur des amatrices.

La tradition du henné est une pratique séculaire très répandue, ayant un double objectif de séduction et de mystique à travers divers rituels. Originaire du sud de l'Iran et de la Mésopotamie, le henné aurait été introduit en Égypte sous la XXe dynastie. Il est cultivé depuis longtemps au Niger ainsi que dans une grande partie du Maghreb et de l'Afrique tropicale, notamment au Kawar et au Tchad. L'emploi de la racine arabe de ce mot et les vertus qui lui sont accordées témoignent de son importance dans les pays musulmans, où on le qualifie d'arbre "qui pousse au paradis". En Mauritanie, on raconte que cet arbre aurait poussé à "l'intention de la fille du Prophète", faisant d'elle la première femme à utiliser sa teinte rouge comme parure.

Pour son utilisation, les feuilles de henné sont réduites en poudre. Elles contiennent une molécule particulière appelée Lawson, qui produit des teintes rouges, jaunes et orangées. Le henné est utilisé pour la teinture textile et corporelle, notamment la coloration, l'entretien des cheveux et le tatouage temporaire de la peau. De nombreux indices suggèrent que le henné est utilisé depuis longtemps à des fins cosmétiques et médicinales : les Égyptiens coloraient les ongles et les cheveux de leurs momies avec du henné il y a plus de 5 000 ans. On observe également le henné sur les mains des femmes lors des rituels de mariage, où les futures mariées décoraient leurs paumes et leurs ongles de motifs au henné.

« Nombreuses sont les femmes qui utilisent le henné pour des tatouages aux pieds et aux mains, pour teindre les cheveux et pour les soins du visage et du corps », affirme Mme Dela, vendeuse de produits cosmétiques près du petit marché de Niamey. Selon elle, le henné a toujours été le cosmétique le plus utilisé. Les qualités de cette plante sont multiples. Les musulmans affirment que cette plante est venue du Paradis, et son usage est séculaire. On utilise ses feuilles pour leurs vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques ; ses fleurs pour leur parfum suave ; ses racines pour leurs propriétés médicinales.

Le maquillage, une menace pour le henné ?

Le henné pour les soins du visage perd de plus en plus de sa valeur au profit du maquillage qui inonde le marché ces derniers temps. De nombreuses filles font appel à des spécialistes de la beauté. Pour Amina, une adepte de ce type de maquillage, « les jeunes mariées ne perdent plus leur temps avec le "lélé" ou le henné, qui prend des heures voire des jours avant le mariage. Elles préfèrent prendre rendez-vous directement le jour de la cérémonie ou du cocktail. On en revient à la pratique ancienne du cocktail au mariage pour mettre en valeur uniquement cette beauté sublime que procure le maquillage. C'est l'ensemble de la beauté, cosmétique et soins, qui est appliqué, toutes les parties du corps de la femme sont prises en charge », explique-t-elle.

Toutefois, précise Amina, les gérantes de ces salons de beauté passent énormément de temps à appliquer la poudre, à fixer l'anti-cernes, à faire le contouring, à placer des faux cils, etc. Elles utilisent des fonds de teint pour donner de l'éclat aux visages des jeunes mariées et faire disparaître tous les boutons et les acnés pour toute la journée. Pour Michou, depuis l'avènement du maquillage, rares sont les femmes qui ont recours au henné. Il suffit d'avoir comme outils des pinceaux, des fonds de teint et du rouge à lèvres, tout est fait avec finesse et le résultat est là : sublime. Cependant, Michou affirme qu'elle utilise assez souvent le henné pour le gommage. Elle le mélange avec du miel, de l'Aloe Vera et d'autres produits. Toutefois, précise-t-elle, le henné est toujours à la mode. « Avec ce produit, on embellit les pieds et les mains. Seulement le soin du visage se fait de plus en plus avec le style "maquillage" », dit-elle.

Aïssa Abdoulaye Alfary (onep)
25 janvier 2024
Publié le 03 janvier 2019
Source : http://lesahel.org