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Entretien avec M. Assoumana Mallam Issa, président de l’Association Dokin-Iska Dan Filingué : «Le festival Dokin-Iska est l’un des plus grands événements nationaux qui a une envergure internationale»

Le département de Filingué abrite du 22 au 29 janvier 2023, la 6ème édition du festival Dokin-Iska Dan Fillingué initié par une association qui porte le même nom. Ce festival est inspiré par l’histoire mythique et légendaire du cheval Dokin-Iska Dan Fillingué. En effet, Dokin-Iska Dan Filingué est un cheval de sport ayant marqué son temps lors des courses hippiques. Pour célébrer l’histoire de ce célèbre cheval qui incarne un aspect de la culture nigérienne, une association dénommée «Dokin-Iska Dan Filingué» a vu le jour. Dans cette interview, M. Assoumana Mallam Issa, l’ancien ministre de la Renaissance culturelle, des arts et de la modernisation sociale, président de ladite association revient sur l’idée de la création de l’association et l’intérêt de ce festival qui tente de s’imposer parmi les grands événements culturels de notre pays.

M. le président, que signifie Dokin-Iska Dan Fillingué ?

Merci de m’avoir donné cette opportunité de parler de notre association et de son événement qui s’impose désormais comme un événement international. Dokin-Iska Dan Filingué, c’est effectivement le nom de notre association. Celle-ci regroupe les ressortissants des départements de Balleyara, d’Abala et de Filingué. Vous savez très bien que ces trois départements constituaient à l’époque l’ancien département de Fillingué et c’est tous ces départements qui étaient honorés par l’histoire et la légende du cheval Dokin-Iska Dan Filingué, qui a été un cheval internationalement reconnu du point de vue de sa vitesse et de ses prestations lors des courses hippiques.

Au début de cette organisation, c’était un comité qu’on mettait en place pour organiser les courses hippiques chaque année avec à la clé un prix. Il y a eu 4 éditions comme ça ! Et au bout de la 4ème édition des examens et analyses ont été faits et ont permis aux organisateurs de dégager des perspectives. Et l’une des perspectives c’était de transformer ce comité en une association qui aura entre autres objectifs la contribution au développement local du terroir que je venais de décrire, la promotion de la culture et la promotion de la paix et de la cohésion sociale.

Du 22 au 29 janvier, le département de Filingué accueille le festival international qui porte le nom de votre association, Dokin-Iska Dan Filingué. Pouvez-vous nous parler de l’importance  de cet événement ?

En 2021 on a créé l’association Dokin-Iska Dan Fillingué, et j’ai été élu président de ladite association. Nous avons déjà notre agrément qui est sorti au niveau du Ministère de l’Intérieur et nous organisons entre autres activités le festival Dokin-Iska Dan Filingué. La 5ème édition que nous avions organisée et la 6ème que nous organisons depuis le 22 janvier sont une occasion plus large de promouvoir la culture au-delà de la course hippique. Il y a naturellement la course hippique, la course des chameaux mais nous avons donné un autre contenu culturel au festival.

Quel est le menu du programme de cet événement ?

L’année passée nous avions organisé une compétition de lutte traditionnelle à l’issue de laquelle on a sélectionné 10 jeunes des 3 terroirs et nous les avons amenés en stage à Niamey avant le Sabre national qui s’est tenu à Diffa. Je dois préciser que parmi ces 10 personnes nous avions 2 qui ont été retenues dans l’équipe régionale pour participer au Sabre national. Nous avons également procédé à la démonstration du tir à l’arc. Cette année on aura une compétition de lutte traditionnelle des Touareg de Bonkoukou. Nous allons mettre des trophées en jeu pour qu’il y ait un tournoi de cette lutte-là qui est spécifiquement une lutte entre les jeunes de cet espace. Il y a également une compétition culturelle autour de la guitare traditionnelle qu’on appelle ‘’Komça’’. Vous savez, Filingué est l’espace reconnu où on a déniché d’excellents joueurs de Komça à l’image de Aragouza que vous connaissez ; il est de la commune rurale de Sanam. Nous avons toutes ces activités qui sont au menu.

Nous avons également invité des chefs traditionnels, les responsables des communes, les responsables des 13 départements de la région de Tillabéri qui seront à Fillingué le 28 janvier où nous allons organiser un important forum. Soit dit au passage, l’année passée nous avons organisé également un forum sur la stabilisation des communautés dans la zone des trois frontières. Cette année le forum porte sur la parenté à plaisanterie comme un outil de promotion de la cohésion sociale dans la zone des trois frontières. Nous avons convié deux experts qui sont en train de travailler et qui vont nous faire des présentations pour que chacun connaisse l’origine de la plaisanterie entre son ethnie et l’autre et qu’il puisse savoir en quoi cette plaisanterie peut-elle contribuer à renforcer la cohésion sociale dans un contexte d’insécurité comme celui que vit la région de Tillabéri et le Niger tout entier. Et nous estimons que ce forum-là est une très belle occasion puisqu’il va permettre aux populations du Mali, du Burkina et du Niger de se mettre ensemble et d’examiner ces cousinages à plaisanterie qui est une sorte ‘’instrument de médiation culturelle transfrontalier’’.

L’organisation de ce genre d’événement nécessite beaucoup de moyens. Avez-vous déjà des partenaires prêts à accompagner la 6ème édition de ce festival ?

Oui naturellement quand on organise ce genre de festival, il faut mobiliser beaucoup de moyens. Je crois sans me tromper qu’aujourd’hui après la Cure Salée, le festival de l’Aïr, le festival de Dokin-Iska est l’un des plus grands événements nationaux qui a même une envergure internationale puisqu’il y a les chevaux du Nigéria, du Tchad, du Burkina Faso et même du Sénégal qui participent à la course. A la date du dimanche passé nous avions environ 300 chevaux qui étaient déjà sur place et chaque jour ce n’est pas moins de 20 chevaux qui rentraient. Donc nous avons nécessairement besoin de moyens pour organiser une telle activité.

Comme je le disais, c’est le troisième événement national il faudrait pour cela que nous mobilisions suffisamment de moyens en termes d’hébergement, de restauration et de logistiques pour organiser les activités contenues dans le programme. Nous avons vraiment le soutien de la République du Niger à travers la Primature. Vous savez c’est le Premier ministre, Chef du Gouvernement, SE. Ouhoumoudou Mahamadou qui est le parrain de cet événement. On espère qu’il sera à la fête puisque le clou de la cérémonie c’est le 29 avec la remise des prix. Et nous avons les ministres de l’Agriculture, de l’Élevage qui sont toujours avec nous. Nous avons le Ministère de l’Intérieur de même que le ministère des Affaires étrangères qui sont concernés à travers le forum que nous organisons. Ce festival devient donc un important événement, je peux dire même interministériel qui prend de plus en plus de l’ampleur et pour lequel nous avons fait beaucoup d’efforts pour mobiliser les partenaires qui se sont manifestés sur le plan national et international. Cette année nous avons la particularité de bénéficier de l’appui financier de l’UEMOA, de la CEDEAO et de Plan Niger qui est en train de nous accompagner techniquement.

Avez-vous un message particulier à l’adresse des festivaliers ?

Le message que j’ai à l’endroit de la population du Niger et les partenaires c’est de dire que le festival Dokin-Iska Dan Filingué est un grand espace de plaidoyer, un grand espace de promotion de produits locaux, un grand espace de promotion de la paix, de la culture que nous créons et qui mérite que chacun soutienne son expansion. Que chacun participe pour que nous puissions développer le tourisme culturel dans notre pays puisque le festival Dokin-Iska Dan Fillingué, à l’image de la Cure Salée et du Festival de l’Air, est un événement annuel.

 Abdoul-Aziz Ibrahim  ONEP Tillabéri

Source : http://www.lesahel.org