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Les ‘’wanzam’’ : Un corps de métiers qui traverse encore les époques

Au Niger, le ‘’wanzam’’, ou coiffeur traditionnel a encore sa place dans notre société. Il est spécialisé dans la coiffure traditionnelle et pratique aussi la ‘’petite chirurgie’’ dans le cas de circoncision. C’est l’homme au couteau dont la dextérité est légendaire. Mais dans la société traditionnelle, il n’appartenait pas à qui veut de pouvoir manier le couteau (ou lame légèrement courbé qu’on appelle ‘’aska’’).

La famille transmet, de père en fils, l’art de raser les cheveux, d’ouvrir les abcès superficiels (ou ‘’sakai’’), de pratiquer la circoncision ou les saignées.
Une telle adresse ne s’acquiert pas aussi en un jour. Pour apprendre les ba.ba du métier,  M. Moussa, ‘’wanzam’’ exerçant à Niamey, a dû assister son père pendant des années, dans cette activité. « A l’époque où j’ai commencé, je n’avais que dix ans ; je tenais compagnie à mon père qu’on sollicitait de village en village. C’est ainsi que j’ai appris les secrets du métier » a-t-il indiqué. Aujourd’hui encore dans les villages, le ‘’wanzam’’ est très vénéré et exerce sans grande difficulté toutes les spécialités de son métier. Ce qui n’est pas le cas dans nos différentes villes où, il est très peu sollicité, du fait du modernisme.
Beaucoup de gens, surtout les jeunes préfèrent en effet se rendre chez un coiffeur moderne. Et même en zone rurale, ce sont généralement les adultes qui le sollicitent pour se raser la barbe ou pour se dénuder la tête. ‘’C’est beaucoup de gens qui viennent se raser chez moi, pour 100 à 200F. Certains clients exigent souvent qu’on leur mette de l’alcool après la séance. C’est pourquoi je suis obligé de l’acheter’’ affirme M. Illa, un autre ‘’wanzam’’ de Niamey. Le wanzam est aussi trop souvent sollicité pour soigner certaines maladies par des actes chirurgicaux comme les ventouses (ou ‘’Kaho’’ pour sucer du sang dénaturé), les saignées (pour prévenir selon lui, le paludisme) ou pour décompresser une tumeur.
Les frais de ces prestations varient généralement de 200 à 1000F. Lui aussi affirme qu’un vrai ‘’wanzam’’ doit au moins pouvoir circoncire. La circoncision est une sorte de  spécialisation qui rend encore vivace ce métier dans beaucoup de régions de notre pays. Du reste beaucoup de nos concitoyens préfèrent encore faire circonscrire leurs enfants par les coiffeurs traditionnels ou wanzam. Après une opération, le wanzam reçoit de l’argent  et dans certains villages, des poulets, un animal ou des bottes de mil, un geste très symbolique en milieu rural. En somme, le wanzam bénéficie  de toutes les considérations du fait de ses compétences, mais aussi des pouvoirs qu’il détient pour soigner certaines maladies.

Mamane  Abdoulaye

Article publié le 29 octobre 2014
Source : http://lesahel.org/