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Utilisation du Henné traditionnel : Entre tradition, séduction et bien-être de la femme

Profondément ancré dans les us et les coutumes, le henné communément appelé  «lallé» tient une place de choix dans la vie quotidienne des femmes Nigériennes. C’est  une plante dont la poudre fait partie intégrante des parures de notre société surtout sur le plan traditionnel. Elle  se caractérise par des feuilles d’un vert  intense qui parfois sont cueillies, séchées, réduites en poudre et vendues à toutes les bourses. On utilise  également ces feuilles pour les vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques. Utilisé sur les pieds et les mains, le henné est très difficile à effacer autrement que par estompage naturel.

Selon les explications de la vieille dame Aissa, vendeuse de henné âgée de 65 ans, le henné est un héritage ancestral qui est ancré dans la tradition  nigérienne.  En effet, a-t-elle dit,  il reflète notre identité culturelle. En plus d’être naturel, il embellit la peau. Il peut aussi être appliqué sur les cheveux pour les teindre en rouge, les pieds et les mains. Dans certaines régions du Niger, précise la vieille dame, il fait partie de l’arsenal de la séduction féminine. «La femme mariée, lorsqu’elle l’utilise sur la plante des pieds c’est comme si elle communique toute sa beauté et toute son élégance à son mari» a-t-elle dit avec le sourire aux lèvres. En plus de cet aspect, les femmes  l’utilisent pour se gommer la peau.

Chez les personnes âgées, le henné est un remède contre les douleurs des pieds. Mme Kadidja Hassane, explique que, quand elle a mal aux pieds, elle applique du henné sur la plante des pieds afin d’atténuer la douleur.

« Le henné soulage beaucoup mes maux de pieds. C’est pourquoi, je ne manque jamais les  accessoires qui concourent à l’application du henné. Ces outils sont composés par exemple du scotch ; les ciseaux ou lame et les chaussettes » a-t-elle martelé.  Selon ses explications, le henné met la femme en valeur. Quand une femme applique du henné cela plaît, même, à ses amies femmes et elles  apprécient. Néanmoins, a-t-elle déploré,  il y a des femmes qui ne l’appliquent pas parce qu’elles n’aiment pas et disent qu’elles ne l’ont jamais utilisé. « Je pense que ce n’est pas bien. Par exemple chez les zarma, une femme coquette doit toujours avoir les pieds colorés. Ses pieds ne doivent  pas être confondus aux pieds d’un homme » a souligné Mme Kadidja. Cette dernière reconnait tout de même que l’application du henné  demande beaucoup de patience et d’efforts et est réservée seulement aux  femmes courageuses.

Selon Malama Roukaya Sadou, l’utilisation du henné est préconisée par l’Islam compte tenu de ses qualités thérapeutiques pour la peau, les ongles et les cheveux. Outre sa contribution dans l’esthétique, la poudre du henné, mélangée à l’eau est reconnue comme un antibactérien qui lutte contre divers toxines qui sont dans le corps de l’homme ou de la femme. «  La pâte, c’est à dire le mélange du henné à l’eau entre dans les pores des poils pour attaquer certaines germes nocives dans le corps. C’est pourquoi, il est recommandé dans la tradition prophétique. Le Prophète (SAW) teint lui-même ses cheveux en l’occurrence sa barbe avec du henné. Certains de ses compagnons aussi. C’est dans cette logique qu’il est recommandé aux femmes, car il est aussi efficace dans la lutte contre les infections » a expliqué Malama Roukaya. Elles a, par ailleurs, ajouté que les femmes enceintes peuvent aussi  passer le liquide du henné sur leur ventre, cela préservera l’enfant de certaines maladies héréditaires et du mauvais œil.

«Mon mari adore bien le henné surtout quand c’est rouge. Depuis que je l’ai constaté, je le fais régulièrement pour lui faire plaisir et pour mon propre plaisir, car le henné me permet d’affirmer ma féminité» a confié Nafissa, une amatrice de henné traditionnel.

Cependant, de nos jours, le modernisme a tendance à prendre le dessus sur le traditionnel au point où nos us et coutumes ancrées dans la profondeur de notre culture sont sérieusement menacées. C’est justement le cas pour le henné traditionnel qui est aujourd’hui en voie de disparition au profit d’un henné synthétique dont l’on ne s’interroge même pas sur les constituants, à plus forte raison les effets qu’il pourrait avoir à la longue sur  les personnes qui l’utilisent. En effet, ce henné traditionnel qui est tant prisé, est de plus en plus remplacé par le henné chimique appelé ‘’tchadien’’. Selon les explications du dermatologue, Dr Sidi « Le henné noir n’est pas, et n’a jamais été destiné à être utilisé comme colorant de tatouage. Il est  normalement utilisé dans les teintures capillaires, il ne doit pas entrer en contact avec la peau pendant de longues périodes. La plupart des femmes ne savent pas si elles sont allergiques ou pas. Or,  le risque est fort de subir  des dommages durables à partir d’une réaction lors d’une seule application à savoir des brûlures et boursouflures, qui peuvent marquer la peau», a averti Dr. Sidi.

 Aminatou Seydou Harouna(onep)