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Cérémonies de mariage et décoration des habitats traditionnels en milieu touareg : Des couleurs, du son et de l’animation

Cérémonies de mariage et décoration des habitats traditionnels en milieu touareg : Des couleurs, du son et de l’animation

Au Niger, chaque groupe ethnique a, selon ses us et coutumes, une façon très particulière de célébrer les cérémonies de mariage et d'aménager les intérieurs des demeures. Chez les Touaregs, un peuple nomade du Nord du Niger, la décoration intérieure de l’habitat d’une jeune mariée est dominée par les accessoires en peaux travaillées et colorées, en bois, en fibres comme les nattes et en tiges. D’après M. Ahaman Ahmed Tarka, président de l’ONG Educaf Niger, une organisation qui œuvre pour la promotion de nos langues locales, tous les aspects liés au mariage et les apparences de la décoration intérieure de l’habitat traditionnel respectent un ensemble de codes.

 «Généralement, les touaregs vivent de façon dispersée dans des campements. La plupart de temps ce sont les même familles mais séparées à cause de la recherche du pâturage. Ainsi, les garçons font la cour à des filles, des cousines ou des filles des voisins parfois plus ou moins lointains. Et les causeries entre amoureux se font au milieu de la nuit tant les distances à parcourir sont grandes», explique M. Ahaman Ahmed Tarka.

Après avoir passé des longs moments à se fréquenter, le garçon se confie à ses parents pour leur notifier qu’il a vu une fille dans telle famille et qu’il veut la prendre pour épouse. Il arrive aussi parfois que les parents proposent eux-mêmes une fille d'un parent et le garçon peut accepter sans pour autant véritablement voir la fille. «Dans tous les deux cas les parents envoient une délégation chez les parents de la fille pour demander la main de la fille en ces termes : ‘’nous sommes venus demander la main de votre fille si vous le permettez’’. La plupart de temps la réponse est la même : ‘’nous ne pouvons pas vous la refuser,  nous sommes tous les mêmes. Que Dieu les bénisse et les unisse pour toujours», explique-t-il. Ainsi, le premier pas étant franchi, vient le moment de la dot. On peut annoncer le jour de la dot le même jour, tout comme on peut aussi donner du temps aux parents de la fille de s’organiser, de se concerter avant de fixer la date pour la dot.

Une fois que les deux familles se sont entendues sur la date, les parents du garçon reviennent encore chez les parents de la fille avec leur dot. Elle est le plus souvent payée en nombre de chameaux et c’est à tous les parents du jeune marié de donner chacun selon ses capacités le nombre de têtes de bétail. Dans toute cette démarche il n’y a pas de festivités seulement des actes. Vient ensuite, l’étape des ‘’Tchissikhsar’’ c'est à dire les valises. Les touareg apportent à la jeune mariée non seulement les habits contenus dans des valises mais aussi de la nourriture, des animaux et bien d’autres choses. Une fois la valise faite, on passe à la célébration du mariage. La date du mariage fixée.  Le cérémonial traditionnel dure cinq (5) jours à une semaine durant laquelle la fille est mise sous henné pendant au moins quatre (4) jours et le 5ème jour est consacré à la cérémonie du port de turban pour le jeune marié. «C'est ce jour-là, précisément que la jeune mariée va être amenée chez son mari parfois accompagnée de sa tante ou des amies.  Souvent, les amies de la jeune mariée peuvent rester jusqu'à trois (3) jours. Durant ce temps le jeune marié ne dort pas chez lui, il continue à vivre chez ses parents ou amis. Ce n’est qu’après le départ des accompagnateurs de la jeune mariée que le marié va rentrer chez lui», explique M. A. Tarka.

‘’Azabore’’ ou célébration du mariage chez les Touaregs

 D’après M. Ahaman Ahmed Tarka, les parents de la fille déclarent la semaine des festivités une fois la dote aménée. Durant toute la semaine les jeunes filles célèbrent le mariage de leur amie, sœur ou cousine. Le mari ou les parents du jeune marié envoient aux parents de la fille un bœuf ou de la viande de bœuf, du thé et le Tendé, l’instrument de musique emblématique en milieu touareg. Pendant toute la semaine, la course des chameaux et les musiques touareg sont au rendez-vous ; c’est ce qu’on appelle ‘’azabore’’ ou célébration du mariage par la viande du bœuf. «L'histoire retient toujours ‘’azabore’’ de telle ou telle fille, c’est une date mémorable», explique ce promoteur culturel.

Durant toute la semaine, a-t-il dit, la viande, le thé et la musique touarègue sont au rendez-vous ; les visites des filles et des garçons rythment la fête. Le dernier jour du henné de la jeune mariée correspond au jour de la cérémonie du port du turban par le jeune marié à qui on va glisser un peu de henné sur sa main. «Après une semaine de cérémonie de mariage pleine de couleurs, une les tantes de la jeune mariée reste pendant au moins trois jours pour préparer la jeune mariée à la gestion du foyer en lui prodiguant des conseils de bonne conduite, d’obéissance à son homme. «A ce propos, la jeune mariée vient avec de la nourriture suffisante pour des mois voire des années et des animaux pour le lait et le fromage. Ceci permet au couple et surtout à la jeune mariée d’être autonome et d’entamer sa vie de femme au foyer avec une indépendance financière», précise M. Ahaman Ahmed Tarka.

La décoration du foyer conjugal

D’après M. Ahaman Ahmed Tarkai, le lit touareg comprend trois (3) parties. La première partie comprend les nattes appelées ‘’Tchissebraines‘’ placées en haut du lit. Elles sont au minimum de trois (3) qui sont superposées en fonction de leur aspect, la plus lisse appelées ‘’tessilistes’’ étant sur les moins lisses. La 2ème partie du lit est composée de bois transversaux horizontaux appelés ‘’Tchibatakhataines’’. Ils sont de deux (2) sortes : une petite tchibatakhataines et une plus grande placées du côté de la tête toujours à l’Ouest près de la porte.

Six (6) bois verticaux et parallèles entre eux relient les 2 tchibatakhataines. Et la partie inférieure formée de quatre (4) pieds deux à deux égaux qui soutiennent solidement le lit. A l'Est du lit, la partie des pieds se trouvent les ‘’Igaydanes’’ qui sont deux en bois rouges implantés au sol et qui se ramifient en deux au niveau de leur partie supérieure pour contenir les objets de valeur bien emballés en formes circulaire. Les ‘’Igaydanes’’ sont des bois très colorés et les couleurs dominantes sont le rouge le bleu et le vert 

Les bagages appartenant au couple sont placés en bandes et chaque bande comprend des objets de même nature superposés. A l’intérieur de l’habitat, des nappes en tiges tissées de fils en cuir portant par endroit des laines colorées servent de plafond. Ces nappes en tiges sont appelées ‘’Aiwarwar’’.

La partie symétrique du lit est appelée ‘’Tedalé’’. Des très jolies nattes qui proviennent généralement de Tahoua (Madaoua) y sont placées sur lesquelles sont également placées des couvertures en laine de grande taille et de différentes couleurs. De part et d’autre de ‘’Tedalé’,’ sont accrochés des sacs en cuir de différentes tailles. Il y' en a dans lesquels ont met du matériel du thé, des médicaments, des habits, des céréales. D’autres servent purement et simplement à la décoration de la chambre. Sans oublier les objets de décoration pour les chameaux de course ou de monture. Tout participe à donner à l’habitat traditionnel touareg, son aspect fabuleux. 

Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)

18 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/