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Cousinage à plaisanterie, les principales figures


Le cousinage à plaisanterie est l'un des facteurs de cohésion sociale au Niger. Cette valeur sociale peut revêtir des objectifs divers. Ainsi, le cousinage à plaisanterie vise soit à mettre fin à une situation de tension, soit à en prévenir ou encore à renforcer les relations intercommunautaires. Et c'est en vertu de ce mécanisme que les différentes ethnies de notre pays se considèrent comme parentes. En outre, le cousinage à plaisanterie se prolonge jusqu'à l'intérieur des ethnies, c'est à dire entre les clans et même entre les groupes socioprofessionnels de nos communautés. Les relations de cousinage à plaisanterie se fondent souvent sur un fait mythique, parfois sur un fait historique. Ainsi, c'est à partir d'événements imaginaires (légendes, mythes) ou réels (conflits, guerres, rencontres diverses, etc.) que prennent corps les relations de cousinage à plaisanterie. Toutefois, il arrive, selon l'historien Boubé Gado, que ces événements historiques fondateurs soient modifiés, amplifiés au fil du temps. En outre, il est difficile de situer exactement dans le temps le début de ces relations. Certains chercheurs les situent à la fin du 19ème siècle, alors que d'autres estiment que les relations à plaisanterie peuvent avoir pris source au moment où le Sahara était encore un espace de concentration des peuples et un carrefour d'échanges. Quoi qu'il en soit, le Niger garde encore cette valeur sociale qui nous a épargné les déchirures et autres conflits civils tragiques qu'ont malheureusement connu beaucoup de pays africains. A l'heure actuelle, les principales relations de cousinage à plaisanterie (la liste n’est pas exhaustive) se présentent comme suit:

 Entre parents

  • Grands-parents/petits-enfants
  • Cousins croisés

Entre les ethnies

  • Gobirawa -Djerma/Songhaï
  • Djerma/Songhaï-Touareg
  • Kanouri-Peul
  • Arawa-Kanouri
  • Peul-Arawa
  • Gourmantché-Kanouri
  • Touareg-Mossi
  • Touareg-Gourmantché
  • Songhaï-Mossi

Entre les clans

  • Djerma Goley-Djerma Kaley
  • Gobirawa-Katsinawa
  • Katsinawa-Dawrawa
  • Dawrawa-Gobirawa
  • Kourfeyawa-Adarawa
  • Adarawa-Arawa
  • Arawa-Kourfeyawa
  • Songhaï-Djerma
  • Agadestawa-Adarawa
  • Gobirawa-Zamfarawa (Kabawa)

Entre groupes socioprofessionnels

  • Marabouts-chasseurs
  • Forgerons-nomades
  • Bouchers-éleveurs
  • Pêcheurs-bouchers
  • Tanneurs-bouchers

Entre femmes mariées

  •  Premières épouses et celles qui viennent en 2ème ou nième noce.

Il est à remarquer que dans la pratique, presque tous les groupes ethniques du Niger plaisantent avec les Peulhs, même si historiquement le cousinage n'est pas fondé. Cela est dû, selon M. Boubé Gado, au fait que les Peulhs constituent un peuple nomade qui de ce fait, se déplace beaucoup et partout. Ils ont établi des contacts avec toutes les communautés nationales, et sont appelés à s'entendre avec tout le monde. En outre, il y a une pratique qui matérialise le cousinage à plaisanterie; c'est le "chaara" ou "haabou", qui veut dire ''balayage'' traduit du Haoussa ou du Zarma. Le "chaara " est une sorte de "taxe annuelle" que les cousins se réclament entre eux, qu'ils soient de même ethnie ou d'ethnies différentes, de même clan ou de clans différents. L'individu qui est sensé la payer, selon les liens, ne peut pas le refuser au risque d'être considéré comme un aliéné ou un incapable. C'est même une question d'honneur pour certains. Mieux, il est aisé de constater dans la vie quotidienne qu'un individu s'arroge un bien appartenant à un autre, sur la base de ce cousinage à plaisanterie, mais tout finit toujours bien. Cela pour dire que le cousinage à plaisanterie est une valeur nationale importante qui prône le partage et valorise les relations intercommunautaires pacifiques et courtoises.

Siradji Sanda

01 Mai 2007
Publié le 20 Avril 2007
Source: Sahel Dimanche