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Accélérer la transformation économique de l’Afrique

Résilience économique

La fin du supercycle des matières premières a frappé de plein fouet la région. En 2016, les pays exportateurs ont dû ajuster leur politique économique pour faire face à la faiblesse des cours mondiaux. Le PIB régional par habitant s'est donc contracté de 1,1 % en 2016 et la croissance de l'Afrique subsaharienne a ralenti à 1,5 %, son plus bas niveau depuis plus de deux décennies. Les flux de capitaux en direction de l'Afrique, notamment les investissements directs étrangers, ont aussi diminué tandis que la croissance globale des investissements était quasiment nulle en 2015, contre une moyenne de 5 % sur la période 2010-2015.

Mais l'Afrique affiche une résilience économique remarquable : 41 % de sa population vit dans des pays qui enregistrent des taux de croissance supérieurs à 5,5 %. Même si la région continuera de s'adapter à la baisse des prix des matières premières en 2017, elle devrait connaître une légère reprise, avec une croissance projetée à 2,9 % et qui se consoliderait à 3,5 % en 2018. La communauté internationale doit contribuer à créer les conditions propices à une croissance plus soutenue et à un développement plus durable.

Au mois de décembre dernier, une soixantaine de pays développés et en développement se sont engagés à verser un montant record de 75 milliards de dollars à l'Association internationale de développement (IDA), notre fonds pour les pays les plus pauvres. Près de 60 % de ces ressources seront consacrées à l'Afrique subsaharienne au cours des trois prochaines années, afin de pouvoir doubler le soutien apporté par l'IDA à cette région.

La priorité : investir dans les infrastructures

Cette aide de l'IDA permettra aux pays africains d'avoir accès à des ressources importantes par le biais de mécanismes de financement spéciaux, pour appuyer des programmes régionaux et d'aide aux réfugiés. Le continent devrait notamment bénéficier d'une initiative pour atténuer les risques et mobiliser les investissements privés, en particulier dans les pays politiquement et économiquement fragiles.

L'une des priorités consiste en effet à aider les pays africains à investir, en partenariat avec le secteur privé, dans des infrastructures qui font aujourd'hui cruellement défaut. Les besoins du continent en la matière sont estimés à 93 milliards de dollars par an, soit environ 15 % de son PIB. L'Afrique investit à l'heure actuelle 45 milliards de dollars dans les infrastructures, dont plus de la moitié sont financées par le secteur public. On voit donc que le manque de financements est immense, alors que l'on sait que les investissements dans l'infrastructure ont un impact considérable sur la croissance à long terme.

Par ailleurs, le monde développé dispose de milliers de milliards de dollars de capitaux qu'il cherche à faire fructifier. Les pays en développement offrent d'immenses opportunités d'investissement pour le secteur privé, notamment dans le secteur des infrastructures, qui joue un rôle capital pour l'emploi et la croissance. Nous nous efforcerons de combler le grave déficit de financements dans ce secteur en travaillant main dans la main avec les pouvoirs publics et en utilisant nos ressources pour atténuer les risques et attirer plus d'investissements privés.

En ces temps incertains, la Banque mondiale va intensifier son appui aux pays d'Afrique subsaharienne afin de les aider à réformer et à diversifier leur économie pour renouer avec la croissance. Les dirigeants vont lancer des réformes de troisième et de quatrième génération qui conduiront à une transformation structurelle de l'Afrique.

Ce sentiment d'urgence animera l'ensemble des activités du Groupe de la Banque mondiale en Afrique au cours des trois prochaines années. Ensemble, nous pouvons aider les pays africains à accélérer leur transformation économique et à répondre aux attentes des populations au service desquelles nous travaillons.

Jim Yong Kim est président de la Banque mondiale 

03 avril 2017
Source : https://www.lesechos.fr/