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Étudier : pourquoi le choix de l'Afrique

La quête d'excellence

Comme le dit Amadou Diaw, président et fondateur de l'Institut supérieur de management (ISM) de Dakar, établissement pionnier et de référence en Afrique de l'Ouest, désormais dans l'escarcelle de Galileo-Providence, troisième groupe mondial en matière d'éducation, « il faut repenser les contenus et l'enseignant du futur ». Tirant les conséquences de la prise de conscience de l'Afrique sur la nécessité de créer de la valeur sur place, des groupes d'enseignement supérieur européens ont sauté le pas pour s'installer sur le continent. En plus d'écoles de commerce comme Kedge ou Neoma, qui ont établi des partenariats avec des structures installées en Afrique, d'autres établissements se sont carrément installés en Afrique. C'est le cas de Paris-Dauphine à Tunis et de l'Essec à Rabat. Pour Thierry Sibieude, directeur général du campus Essec Afrique de Rabat, la création de valeur sur les territoires africains se fera par la création d'entreprises. Son raisonnement : il y a 600 millions de personnes en âge de travailler aujourd'hui en Afrique, ce chiffre doublera dans les prochaines années. Or toutes ne pourront pas être fonctionnaires ou employées par de grands groupes.

Cours d'anglais à l'Université américaine Suffolk au Sénégal. © Jacob SILBERBERG-PANOS-REA Jacob SILBERBERG-PANOS-REA

Répondre à un besoin du terrain

Cette analyse fait écho à ce que le terrain même révèle de la prise de conscience des Africains de cette réalité. Pour rappel, dès 1992, le Sénégalais Amadou Diaw, pionnier en la matière en Afrique francophone, s'est lancé dans la création d'une business school, l'Institut supérieur du management. C'était dans un environnement où aucun texte législatif n'était en vigueur pour réglementer l'enseignement supérieur privé au Sénégal. Vingt-six ans après, l'ISM, qui a un partenariat avec l'Essec, compte 5 000 étudiants de 30 nationalités pour un corps enseignant de 100 professeurs qu'accompagnent 250 salariés. Et la question de la qualité et de l'excellence a été une préoccupation de tout premier plan dès le début. Aussi, la certification ISO 9001 version 2000 est-elle venue couronner en 2004 les premières démarches dans ce sens. Cerise sur le gâteau : l'obtention de l'accréditation Cames (Conseil africain et malgache de l'enseignement supérieur), qui sert de cadre de régulation, d'organisation, de certification, de normalisation, de reconnaissance des diplômes et organise la sélection et l'admission à l'enseignement supérieur des pays membres. Aujourd'hui, l'ISM travaille avec 50 écoles partenaires réparties sur plusieurs continents (Europe, Amérique, Asie), compte quelque 200 entreprises partenaires et a déjà diplômé plus de 18 000 étudiants d'horizons très divers. C'est dire que, sur le créneau des business schools, les Africains n'ont pas attendu pour se lancer. Actuellement, certaines, comme l'African Leadership Academy en Afrique du Sud et Ashesi au Ghana, sont emblématiques de la capacité africaine à faire rimer formation et excellence.

Tirer avantage d'une meilleure harmonisation et d'un coût moindre

Sinon, que constate-t-on avec le temps ? Progressivement, tirant avantage des déductions de ce que sera le marché de l'emploi demain sur le continent, les systèmes éducatifs européens et africains sont en train de s'articuler vers une certaine harmonisation. Celle-ci ne manquera pas de donner un avantage compétitif à l'Afrique. En effet, si les diplômes délivrés sur le continent seront de plus en plus au standard international, qu'ils soient délivrés dans les universités ou les business schools, le coût de l'environnement des études peut être moindre. Le cas d'Élisa, étudiante française à l'Essec de Rabat, est éloquent. Installée depuis janvier, elle a réussi à trouver un appartement confortable en plein centre-ville. Son loyer : entre 200 et 300 euros. « De manière générale, mes dépenses par rapport à ma vie parisienne ont été divisées par deux », explique-t-elle, mettant l'accent sur son confort de vie, qui lui permet de profiter pleinement de son expérience marocaine et d'en apprendre davantage sur l'Afrique. « Le contenu de nos cours, la qualité des intervenants et les rencontres avec de nombreux acteurs économiques nous apprennent beaucoup sur les réalités du continent africain », poursuit-elle. Une façon pour elle, comme pour les autres étudiants tentés par l'aventure africaine, d'apporter de la valeur ajoutée à son choix.

* Cet article a également été publié dans le hors-série Le Point Afrique paru sous la forme d'un guide pratique pays par pays sur le thème « S'installer en Afrique ». Il a été conçu autour de quatre axes d'approche : travailler, entreprendre, investir et étudier. À acquérir dans la boutique en ligne du Point contre 9,90 euros.
Par Malick Diawara

24 septembre 2018
Source : http://afrique.lepoint.fr/