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L'Afrique continue à attirer les investisseurs étrangers

Image d'illustrationImage d'illustrationL'investissement en Afrique a de beaux jours devant lui. C'est en tout cas ce que laissent penser les conclusions du baromètre annuel de Havas Horizon qui étudie la perception et les intentions des investisseurs à propos du continent. Et s'il y a un sujet sur lequel ils sont – presque – tous d'accord, c'est celui de la croissance africaine. Près de 92 % des sondés sont en effet très optimistes quant aux perspectives économiques en Afrique, et 80 % d'entre eux envisagent même d'y renforcer leurs positions à l'horizon 2023.

Pour Fatoumata Bâ, fondatrice de Janngo et répondante du panel constitué de près de 50 des plus grandes institutions financières et bancaires, ce chiffre s'explique par l'immense potentiel économique que représente le continent, « condensé et laboratoire de tous les défis colossaux de l'humanité ». Malgré les chocs induits par la baisse prolongée des prix des matières premières, la confiance des investisseurs est quasiment intacte. En 2017, 98 % des investisseurs se disaient optimistes pour les cinq années à venir, soit 6 de plus que cette année.

Un léger recul qui peut s'expliquer par les risques engendrés par des élections, dont plusieurs ont déjà eu lieu cette année – au Kenya et au Liberia – ou sont prévues prochainement (au Cameroun ou à Madagascar par exemple). À noter également, les contre-performances des pays exportateurs ont été compensées par l'efficacité d'autres pays. Une situation qui a permis au continent d'afficher des taux de croissance au-dessus de 2 %, et donc de maintenir l'intérêt des investisseurs.

Les atouts africains attirent l'Asie et le Moyen-Orient

L'émergence de la classe moyenne, l'amélioration du climat des affaires, le dynamisme démographique et la diversification économique engrangée récemment dans certains pays comme l'Angola sont autant de facteurs ayant valorisé les flux privés en direction du continent. Des investissements financiers de plus en plus en provenance d'Asie ou du Moyen-Orient, au détriment des investisseurs européens et américains. Grande gagnante de cette course aux investissements directs étrangers (IDE), la Chine. En 2017, l'empire du Milieu est en effet devenu le principal contributeur du continent.

 ©  Havas Horizon
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La mise en œuvre de grands projets d'infrastructures constitue, pour les sondés, un des facteurs de l'intérêt grandissant des investisseurs pour l'Afrique. « L'urbanisation [par exemple] génère de forts besoins d'investissements en infrastructures pour construire ces villes qui sont en train d'émerger et pour loger ces gens », explique Alexandre Maymat, responsable de la région Asie/Afrique/Méditerranée et outre-mer de la Société générale.

L'Afrique de l'Ouest, pôle d'attraction des investisseurs

À en croire les sondés, une grande part de ces atouts se concentrent dans une région en particulier : l'Afrique de l'Ouest. La Côte d'Ivoire est d'ailleurs en tête des pays les plus attractifs et les plus prompts à profiter des 180 milliards de dollars de flux financiers à destination du continent. Le pays arrache même la première place du classement au Kenya, numéro un en 2017. L'Afrique centrale, en revanche, est de plus en plus en retrait. Elle est d'ailleurs la seule zone où les sondés souhaitent davantage réduire leur volume d'investissement (20 %) que l'accroître (16 %).

 ©  Havas Horizon
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Un « désamour » qui peut également s'expliquer par des politiques mal adaptées. « Il y a des gouvernements et des pays qui favorisent davantage l'innovation et qui ont été beaucoup plus prompts à comprendre qu'elle devait intervenir dans tous les secteurs, souligne Hassanein Hiridjee, PDG d'Axian. Ces pays ont une véritable vision, ils ont favorisé l'écosystème et le développement dans l'innovation grâce à la technologie et à la data. »

Des gouvernements qui ont permis le développement de secteurs d'activité qui ont gagné aujourd'hui la confiance des investisseurs étrangers. Les services financiers liés à la bancarisation du continent (pour 23 % des sondés), la grande distribution (16 %), et l'énergie 14 % constituent ainsi le top 3 des domaines favoris des financiers.

 ©  Havas Horizon
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L'innovation, un pilier de la croissance

Mais s'il est un secteur sur lequel sont unanimes les investisseurs, c'est bien celui de l'innovation et des nouvelles technologies. Pour 98 % d'entre eux, le domaine recèle d'innombrables potentialités. Pour 76 % du panel, l'innovation pourrait même constituer la pierre angulaire d'un modèle spécifique africain, déjà « une certitude pour une majorité d'acteurs économiques », assure Jean-Philippe Dorent, directeur général de Havas Horizons.

L'Afrique, qui s'impose notamment comme un des précurseurs dans la téléphonie mobile, pourrait voir dans l'émergence de plus en plus dense des nouvelles technologies sur son sol pas seulement un outil de modernité, mais un moyen d'accès à des services de base, un outil au service du développement de l'économie locale. « C'est notre responsabilité d'entrepreneur de que de connecter les innovations technologiques avec les besoins de l'économie réelle » confirme Fatoumata Bâ.

 ©  Havas Horizon
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Les freins aux investissements existent : 23 % des sondés affirment que l'instabilité politique peut les réfréner, quand 16 % penchent pour la corruption. Des facteurs qui pourraient contrarier le potentiel d'emplois considérables que représente l'innovation. Et la part grandissante de la jeunesse dans la démographie africaine constitue un enjeu majeur. « On constate chez ces nouvelles générations une propension à l'entrepreneuriat […] et [une capacité] à tirer avantage des nouvelles technologies pour s'insérer sur le marché du travail » constate les auteurs de l'étude.

Une situation qui engrange un fort développement des PME, déjà visible depuis quelques années. « La richesse que les Africains peuvent produire, s'ils bénéficient de systèmes éducatifs performants et de formations adaptées, fera une grande différence à terme. » Pour créer les 500 millions d'emplois nécessaires à un continent, qui en 2050, abritera un quart de la population mondiale, il faudra donc investir, aussi, dans la formation des jeunes.

 04 août 2018
Source : http://afrique.lepoint.fr/