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Les immenses réserves de phosphate du Niger : un atout stratégique pour l’économie nationale - Par Ali ZADA

Niger Carte 01DU PHOSPHATE A GOGO AU NIGER !
Le phosphate est un minéral sans lequel il serait impossible de nourrir notre planète en croissance démographique soutenue. Son utilisation massive dans la production d’engrais continuera de s’affirmer à côté d’applications industrielles qui prennent de l’ampleur. Le phosphate est en effet très sollicité dans l’industrie pour produire des détergents, des produits de nettoyage, des pesticides, des additifs alimentaires, des éléments nutritifs pour le bétail, des alliages métalliques, des matériaux ignifuges et des batteries rechargeables.
Le phosphate, on le comprend, est donc un minéral de haute importance qui est depuis toujours au centre des enjeux géopolitiques mondiaux. Puissions-nous en prendre conscience et nous préparer à conquérir la place de choix à laquelle Allah nous a destiné de par Sa miséricorde, en assumant le rôle qui est le nôtre dans l’économie de cette ressource naturelle.
Au Niger, avec 48% des phosphates d’Afrique subsaharienne et 2,3% des réserves mondiales, estimation faite sur la base des gisements du Parc du W et du nord-ouest de Tahoua, notre potentiel en phosphate attend encore d’être réévalué par une prospection ambitieuse à l’échelle nationale, quand on constate que déjà quatre régions sur huit possèdent des indices sérieux du minéral.
Le Plan Minéral a répertorié des indices de phosphate dans les paragraphes suivants :

LE PHOSPHATE DANS LE PARC DU W
Le gigantesque gisement de 1,2 milliards de tonnes de réserves avec 30% de teneur en phosphore, fut découvert en 1972 par Donnot, un géologue français. L’ONAREM et le BRGM ont par la suite joué un rôle important dans les différentes phases de travaux pour circonscrire les gites, évaluer les réserves, apprécier la qualité et proposer des procédés d’industrialisation.
En ces jours où D. Trump a déchiré l’Accord de Paris sur le Climat, je ne sais plus au nom de quelles scrupules nos pays y resteront. Le président américain donnait à la face des nations la preuve la plus formelle que la dictature écolo-mondialiste est inacceptable et que l’intérêt des pays prime sur leurs engagements internationaux.
La valorisation des ressources naturelles dans nos aires protégées comme le Parc du W, le massif du Termit et tant d’autres, participera de notre souveraineté sur notre territoire et sur nos ressources. Dans cette optique, l’exploitation du charbon que nous possédons en grande quantité pour produire de l’énergie, doit être un axe stratégique majeur de la politique industrielle.

LE PHOSPHATE DANS LA ZONE DE TAHOUA
« Hanon (1990) décrit une autre importante ressource de phosphate à faible teneur du Crétacé supérieur à l’Éocène pour le sud et le sud-est de Tahoua vers la frontière avec le Nigeria. Une cartographie détaillée a été réalisée par les membres d’un projet coopératif conjoint Niger-Belgique au sud de Tahoua (Hanon 1990).
Les sédiments sont légèrement inclinés vers le sud-ouest et coiffés par une formation ferrugineuse de l’Éocène supérieur…
« C’est dans la région au Nord-Ouest de Tahoua et jusqu’à la frontière avec le Mali que se situent les indices les plus importants, à Innakeur, dans le secteur de la mare de Gaoy et dans la région au nord de Chinazarem. La présence d’horizons de phosphates dans certains des puits creusés entre les indices nigériens affleurants et ceux de la vallée du Tilemsi au Mali, permet d’établir la continuité de la série phosphatée du bassin des Iullenuneden sur plus de 600 km.
« Les gisements phosphatés au nord et au sud de Tahoua peuvent être corrélés avec les gisements phosphatés des voisins du Nigeria et du Mali (Hanon 1990) et font partie d’une grande province de phosphate qui traverse le centre de l’Afrique de l’Ouest…
Des sources informelles parlent d’un important gisement de phosphate dans la zone de Tillia.

LE PHOSPAHTE DANS LE NORD-ZINDER
« Des couches presque horizontales de possibles phosphorites du « Crétacé supérieur » ont été signalées dans des trous de forage à Aschia Tinamou au nord-est de Zinder et à 45 km à l’ouest-sudouest du massif de Termit, au nord de Gouré (Greigert et Pougnet 1967). Malheureusement, ces couches n’ont pas d’affleurements de surface et des informations sur l’étendue et la teneur sont très limitées. L’association des phosphorites aux argiles palygorskites (attapulgites) suggère un environnement favorable aux accumulations de phosphate (McClellan et Notholt 1986)…

LE PHOSPHATE DANS LA PLAINE DU TALAK
« Peu de détails ont été rapportés sur les « nodules de phosphate gypsifère » du Carbonifère inférieur dans les schistes noirs de la formation du Talak au nord du Niger, au nord d’Agadez (18° 45’ N ; 7° 50’ E). La formation recouvre le Dévonien glaciogène au début du Carbonifère Grès de Teragh (Hambrey et Kluver 1981). Les phosphates se trouvent dans la séquence des argilites fossilifères noires du Talak… »

NOUS AVONS NOTRE MOT A DIRE DANS LA GEOPOLITIQUE DU PHOSPHATE
En tant que source d’engrais, le phosphate est au centre des enjeux pour l’alimentation mondiale. Le Maroc en détiendrait plus de 73% des réserves mondiales jusqu’à cette annonce d’une entreprise norvégienne. La société minière norvégienne Norge Mining a en effet annoncé en 2024 avoir identifié un nouveau gisement susceptible de contenir au moins 70 milliards de tonnes de phosphate. Or tous les gisements confirmés à l’échelle mondiale en contiennent environ 72 milliards de tonnes. La plupart se situent au Maroc, en Chine, en Égypte et en Algérie. Si la Norvège a donné un souffle d’espoir à l’Europe de voir sa dépendance au Maroc potentiellement diminuée, le Niger pourrait aussi peser dans la géopolitique du phosphate s’il se décide à se prospecter son potentiel.
Il parait évident qu’une ambitieuse prospection du phosphate pourrait nous révéler de grandes surprises. En effet, on peut citer comme zones d’indices de phosphate :

  • En affleurements et dans les puits sur 600 km entre Madaoua et Ménaka ;
  • Entre les formations du Farin Doutchi et Tanout sur plus de 400 km ;
  • De Tillia au Tamesna ;
  • Dans le nord-est de Zinder ;
  • Dans le Djado où le Plan Directeur 2013 du Ministère des Mines et de l’Industrie parle de « son potentiel en hydrocarbure, uranium, gypse, calcaires, phosphate et cuivre » à la page 35.

Tout cela nous promet beaucoup sur le minéral. Finalement, sur les huit régions du pays, quatre (Tillabéri, Tahoua, Agadez et Zinder) ont des gisements et indices de phosphate.

PHOSPHATE ASSOCIE A L’URANIUM
Ce qui est en outre intéressant avec le phosphate c’est que ses dépôts sont très souvent associés à de l’uranium. Ainsi le Maroc évalue déjà à plus de 6 millions de tonnes ses réserves d’uranium potentiellement contenues dans ses phosphates. C’est une zone de perturbation à l’horizon pour un pays comme le Niger qui compte beaucoup sur l’uranium pour son développement.
Faut-il donc que nous évaluions aussi l’uranium contenu nos phosphates ? Selon le Plan minéral, l’analyse par l’ONAREM d’échantillons prélevés à Gaoy (nord-ouest de Tahoua) a donné 26 grammes d’uranium par tonne de phosphate. Et sur la base de données du BRGM, une moyenne de 9 grammes d’uranium par tonne se trouverait dans le phosphate du Parc du W. C’est beaucoup, quand on considère la teneur des phosphates marocains se situant dans l’ordre des milligrammes par tonne. Et si j’ai bien compris ces données sur l’uranium dans les phosphates nigériens, on est à près de dix fois la teneur moyenne en uranium déclarée sur Imouraren.

SAY, POTENTIEL POLE INDUSTRIEL DE RANG MONDIAL
La perspective de valoriser l’uranium (9 g/t) et le vanadium (20 g/t) tous les deux associés au phosphate du Parc du W ajoute des atouts au département de Say qui pourrait s’ériger en pôle industriel de rang mondial si l’on considère :

  • La construction d’un barrage de 122 MW à Gambou en aval de Say pour alimenter les industries en énergie et promouvoir l’irrigation ;
  • La production d’engrais de phosphore ;
  • La production d’uranate ;
  • La production de vanadium ;
  • La production d’acier à partir du fer de Dogal Kaina ;
  • La production d’engrais de potassium et/ou d’aluminium à partir de l’alunite du Parc du W ;
  • La production de céramiques (carrelages, faïences, sanitaires) à partir de la kaolinite de Say, Youri, Gogaré et Tiloa.

Je ne parle pas de l’or qui a des indices très sérieux dans la zone de Tamou. Cette zone à fort potentiel énergétique, agricole, minier et industriel que le terrorisme et son suppôt français ont choisi de sanctuariser doit être reconquise pour l’aligner au développement industriel national.

Le Niger est un pays béni.


Par Ali ZADA
Expert en politiques ;
Enseignant à Swiss Umef University de Niamey.