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Affaire de l’or de l’Aéroport : Plusieurs douaniers et civils arrêtés dans le cadre de l’enquête

Image d'illustrationL’affaire de trafic d’or, qui a poussé au balayage des forces de sécurité en service à l’Aéroport international Diori Hamani, continue de faire couler de la salive. Elle prend, de plus en plus, une tournure qui risque d’éclabousser la hiérarchie douanière. Dans le cadre des investigations, les services de renseignements auraient fait arrêter des douaniers et des civils qui travaillaient, au moment des faits, à l’Aéroport. Parmi ceux qui ont été appréhendés se trouvent un lieutenant de Douane, un certain Mahamadou Mounkaila Issoufou, et un agent de KH, le service chargé de nettoyage des avions. Ils seraient tous soupçonnés d’être en intelligence avec les trafiquants et leurs complices. Des sources indiquent que, peu avant son arrestation, le Lieutenant Mahamadou Mounkaila Issoufou aurait rencontré la hiérarchie de la Douane à la Direction générale. Les mêmes sources soulignent que l’affaire risque d’ébranler la Douane nationale dont certains responsables seraient en complicité avec le réseau des trafiquants d’or.

Le démantèlement de ce réseau de trafiquants, avec le balayage de tous les agents de sécurité en service à l’Aéroport de Niamey, fait qu’aujourd’hui l’étau se resserre sur un autre réseau qui transporterait des thermos contenant des quantités d’or pour une destination inconnue. Selon les investigations encours, c’est une compagnie locale de transport aérien qui rapatrierait la ‘’ marchandise ‘’,d’Agadez à Niamey. Chaque fois, martèlent nos sources, quand des agents essaient de toucher à la thermos, des responsables de l’Aéroport s’opposeraient. C’est ainsi que l’opération aurait été menée depuis longtemps jusqu’à ce que des agents décident de transcender la peur et briser le silence. Pour l’heure, les investigateurs gardent au secret l’identité de la compagnie de transport aérien qui serait impliquée dans le trafic.

Historique de la mafia aurifère au Niger

On se rappelle que l’annonce de l’exploitation de certaines ressources du sous-sol avait fait rêver les nigériens. Aujourd’hui, il est question de fouiller la gestion qui en a été faite. La Société des Mines de Liptako (SML) s’avère manifestement une société gérée de manière opaque. C’est cette situation qui explique sûrement la passe de mains dans laquelle la société s’est retrouvée. La SML est l’unique société nigérienne qui exploite l’or de manière industrielle au Niger, sur les sites de Samira et de Libiri, dans le département de Gothèye. Elle est créée en 1996, avec une exploitation qui a démarré, effectivement en 2003,avec comme actionnaires le canadien SEMAFO, le marocain Manengem et l’Etat du Niger. En 2013, SEMAFO rompt avec la SML et cède ses actions à l’Etat du Niger, à travers la SOPAMIN (Société de patrimoine des mines du Niger) qui cède, à son tour, 80% des actions de la SML, en 2016,à un groupe nigérian du nom de : « A Group International ». Mais, n’ayant pas tenu à ses engagements d’investissement, au premier trimestre 2018, l’Etat du Niger résilie le contrat. La SOPAMIN reprend alors le contrôle de la SML, non sans problème, puisqu’un contentieux entre l’Etat du Niger et le groupe nigérian a contraint le Niger à lui rembourser le prix de vente de la SML qui s’élevait à 2,5 millions de dollars, environ1,5 milliards de FCFA. Le 31 mai 2019, l’Etat du Niger conclut un contrat de cession d’actions avec le groupe « Mckinel Ressources Limited », une société du groupe BCM détenu par l’australien Paul List, représentée par Angela List, épouse du patron de la société.Avec la reprise par Mckinel, en 2019, l’espoir suscité par la SML s’est fortement dégradé. Du reste, par lettre n° 00308 du 4 février 2022, la BCEAO alertait sur d’importantes quantités d’or qui étaient en train d’être exfiltrées du Niger, sans que les fonds ne soient rapatriés. Dans ce cadre, une expédition de 4, 6 milliards de FCFA a eu lieu en novembre 2022 et une autre de 2, 3 milliards de FCFA en décembre de la même année, sans que les fonds ne soient rapatriés au Niger. En plus, le 24 février 2022, par lettre n° 0159, la ministre des mines de l’époque, ignorant la mafia qui entoure la SML, notait qu’elle a été informée par la BCEAO que 557 kg d’or d’une valeur de plus de 13 milliards de FCFA, exportés au titre de l’année 2021, n’ont pas fait objet de rapatriement.

Qui se cache derrière la société Mckinel de Paul et Angela List ?

Il faut se rappeler qu’en octobre 2017, le Président de la République de l’époque, avait effectué un voyage en Australie. Ce voyage avait-il un lien avec la reprise de la SML par le couple List le 31 mai 2019 ?

Il faut retenir également qu’avec l’avènement de Mahamadou Issoufou au pouvoir, des permis miniers ont été distribués à des opérateurs privés dont des hommes politiques, des opérateurs économiques et à des toubabs français.

Ali Soumana (Le Courrier)