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Finances publiques : Une tension de trésorerie inquiétante

Le Niger va mal. Et ce n’est pas un certain activisme gouvernemental du trompe-l’oeil qui ferait nier la réalité qui se vit dans le pays, gagné par une misère ambiante malgré les optimismes qu’on peut entendre dire ici et là, fondés sur des statistiques menteuses. En partant du pouvoir, Issoufou qui a laissé son monde saccager le pays, ne laisse à Bazoum Mohamed qu’un Niger grabataire, douloureusement pillé par une meute de prédateurs à gros poils, sortis du néant, souvent sans ancrage social mais qui peuvent se servant du pouvoir d’Etat et des mollesses d’un président incapable de rigueur, dilapider les deniers publics pour se constituer des fortunes gargantuesques, qu’aucun ne peut justifier et à commencer par le Président Issoufou lui-même qui, en sortant du pouvoir, déclarait en espèces sonnantes et trébuchantes seulement quelques milliards que la fonction de président du pays le plus déshérité de la planète par le classement de l’indice du développement humain, ne saurait donner pour s’en glorifier, tout socialiste dont il se prévaut par ailleurs. Bazoum, héritier de gabegie et de la mauvaise gouvernance Comment ne pas rappeler les propos de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso et ancien Conseiller au Cabinet de la Présidence d’Issoufou, tenus dans un journal où, tout en ne s’encombrant pas d’une proximité et d’une amitié qui auraient pu lui commander un certain subjectivisme pour dispenser ses amis de sa critique, il pouvait oser des vérités qui fâchent à l’encontre de ses camarades socialistes nigériens, ulcéré par leur socialisme et leur propension à l’embourgeoisement sans limite. Ayant été au cabinet d’Issoufou, pendant des années avant d’être, à la faveur du soulèvement populaire du peuple du Burkina, non sans l’aide d’Issoufou, racontent certains médias et milieux politiques africains, le président de l’Assemblée Nationale du Faso, post-Blaise Compaoré, l’homme a pu côtoyer ses amis et savoir de quel bois socialiste ils sont faits. Ses complicités avec les socialistes nigériens sont donc fortes, mais il y a une foi socialiste, très différente de celle de ses camarades nigériens plus portés à la mondanité, à la luxure de la vie, à une ostentation qui jure d’avec les valeurs portées par le socialismevrai. Salif Diallo, se confiant au journal, trouvant l’acte ahurissant pour des socialistes, dit avoir été offusqué de voir, avec quelle célérité, ses amis socialistes au Niger, construisaient à la chaine des immeubles de grand standing, sans arrêt, alors que lui mettait près de quarante ans, pour finaliser sa modeste villa à Ouagadougou.

Mais alors que l’on dénonçait tant de maux qui caractérisent la gestion d’Issoufou, il ne voulut rien attendre, et laissa ses hommes faire car, peutil avoir cru, que d’autres avant eux, dans le pays, auraient fait autant, pour laisser les siens arracher au corps de l’Etat toute sa chair pour n’en laisser à celui qu’il a pris le soin de placer pour le succéder, mais qui, aujourd’hui, peut bien se rendre compte, à quel point on le grugeait pour lui laisser les restes osseux » d’un Etat saccagé, vandalisé par des pilleurs qui n’ont aucun sens de l’Etat, que le squelette d’un pays endolori. La conséquence de ce « Wassosso » , cette battue organisée contre les deniers publics, pendant dix ans de saccage, on la connait. Arrivé au pouvoir en 2011, le régime d’alors, devrait dès 2016, pour certains avant, faire face à des difficultés financières qui ont conduit le pouvoir de l’époque à gérer au jour le jour le pays, ne luttant depuis ces temps qu’à tout faire pour ne pas manquer une chose fondamentale : les salaires et les bourses. L’Etat, pour ainsi dire, depuis 2016, déploraient certains milieux, était en faillite, complètement mis à terre par le socialisme.

Les signes d’une économie exsangue où tous les voyants sont au rouge…

En vérité, les socialistes, depuis des années, ont atteint les limites objectives de leurs capacités à gérer un Etat et depuis des années, non sans en souffrir, ils ne se battent qu’à éviter ce qui peut réveiller le front social, payant pour le moment le silence des syndicats et des centrales, même laborieusement, des salaires des travailleurs. On sait pourtant que même là, ce n’est pas évident quand dans certains secteurs, notamment ceux qu’on appelle les « Correspondants du Trésor », les échéances sont allées quelquefois au-delà des normes, au point souvent de pousser, surtout l’université à aller en grève, avant que ses agents soient payés, et ainsi, plusieurs fois, sous la menace de la grève, devenue pour l’université, et les PAT, l’arme ultime. Il en est de même pour le paiement des bourses où les retards sont légion même si, sur ce point, les étudiants sont devenus étrangement compréhensifs pour ne pas trop s’en irriter. Par une administration qui se plante dans la routine, manquant cruellement de moyens, bloquée par une exclusion qui lui impose la médiocrité et le manque d’initiatives, le régime a réussi à faire de l’administration nigérienne une administration inefficace, peu travailleuse, ankylosée, peu entreprenante, gangrenée par la corruption et l’affairisme. Il n’y a pas de travail dans l’administration car elle est devenue la propriété d’un clan, qui fait semblant de travailler, mais qui ne « bouge » que pour capter des fonds, aux moyens de missions inutiles et de TDR conçus juste pour s’en mettre plein les poches. Issoufou n’en avait survécu que par une fiscalité antisociales et une tarification incompréhensible, impopulaire et inopportune de l’électricité pour renflouer les caisses vidées de l’Etat, alimentées en même temps par des emprunts obligataires sur le marché de l’UEMOA. Et les Nigériens auront beau décrier ses lois de finances iniques, antisociales, il pouvait compter sur les intransigeances de son ministre des Finances d’alors – Hassoumi Massaoudou – qui aura été pour beaucoup d’analystes, y compris à l’Intérieur, le ministre qui a pu empêcher que son régime coule, même si, espérant de ses zèles les faveurs d’Issoufou, ce dernier préféra un autre à lui, non sans l’humilier à la face du monde.

Aussi, qui n’a pas entendu tout le grand bruit fait autour de la préparation de la rentrée scolaire 2022-2023, avec la mise en scène de départs de camions en région pour y convoyer le matériel ? Plusieurs semaines après la rentrée, les familles nigériennes se rendent bien compte de la supercherie, condamnées encore une fois, face aux dotations maigres reçues, à devoir payer les fournitures pour les enfants. En vérité, Bazoum n’est pas très condamnable ; la situation dont il a hérité l’en excuse mais son attitude complaisante à protéger ceux qui ont volé et pillé, l’en rend comptable, en tout cas, traduit sa complicité dans ce qui, aujourd’hui, constitue le lot de misère qui s’abat sur les Nigériens. Dans la logique de son héritage, Bazoum qui ne peut inventer l’argent dilapidé et qu’il ne peut récupérer auprès de la camorra politique qui profite de son ombre, pour échapper à la justice, misant sur les gratitudes que la faveur du pouvoir lui impose pour ne pas heurter son « bienfaiteur bien aimé », fait face à la dure réalité d’un pays saccagé. Dans de telles conditions, à force de gentillesse et de laxisme, par la saignée que dix années de gestions cahoteuse ont causée sur l’économie nationale, aujourd’hui, la Renaissance acte III, peu à peu, sort de ses illusions et des mirages du pouvoir, pour faire face à la cruelle réalité, et faire l’unanimité sur un fait constatable : un Etat en ruine.

Tension de trésorerie…

Combien sont-ils les prestataires qui ne veulent plus que leurs factures soient réglées selon les procédures comptables du Trésor National ? Combien de factures, combien de règlements souffrent dans les services du Trésor, avec des prestataires qui ne savent souvent où mettre de la tête pour rentrer dans leurs droits ? Si la corruption que certains imposent pour tirer son épingle du jeu en est pour quelque chose, il reste que le réel problème est le fait d’une tension de trésorerie de plus en plus pressante qui oblige à l’austérité pour ne donner qu’à l’urgence, à ce qui est strictement nécessaire, à savoir les déplacements des autorités, et les salaires des travailleurs, le fonctionnement de l’administration ne bénéficiant que très peu de crédits, accordés là même aux seules « directions choyées ».

Et jusqu’à quand ?

Le nouveau budget de l’exercice 2023 en discussion au parlement traduit ces appréhensions lorsque, sur les fonds espérés pour mener la politique du gouvernement, plus que sur l’aide extérieure, le gouvernement d’Ouhoumoudou Mahamadou table sur l’endettement, et notamment à travers les emprunts obligataires à chercher sur le marché de l’UEMOA. En effet, dans ce budget, on note une nette progression des montants attendus de ces types d’emprunts qui ne peuvent que pousser au plafond la dette dans un pays déjà trop endetté. C’est certainement conscient des difficultés auxquelles il va faire face que le gouvernement entrevoit cette démarche de la débrouille pour traverser la soudure financière qu’il devra affronter dans les prochaines semaines, voire les prochains mois.

Se serrer la ceinture…

Les prochains jours pourront être très difficiles pour le gouvernement et pour les Nigériens à traverser les moments de galère que la tension de trésorerie risque de leur imposer. Peut-on dès lors continuer dans l’insouciance, à laisser des hommes « dormir » avec l’argent du contribuable volé, sans jamais rendre compte à la Justice pour permettre que l’État rentre dans ses droits et aider le régime de Bazoum à sortir du piège dans lequel le poussait en toute connaissance de cause « l’Ami » qui ne peut pas ne pas avoir conscience du désastre que les siens ont causé sur les ressources publiques ? Eux qui ont volé l’argent de l’Etat doivent rendre. C’est une exigence morale et politique. Bazoum en avait donné des gages. Mais, il n’avance pas. Il ne fait rien. Et le temps passe sans que rien ne se passe…

Il ne reste plus que deux choix : se réveiller pour assumer son rôle pour exister ou continuer à subir pour crouler.

Mairiga