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Santé/Djirataoua : Faute de partenaires, l’école des maris ne fonctionne pas

L’école des maris qui a fait ses preuves dans plusieurs régions du Niger, existe à Djirataoua, mais ne fonctionne pas. Selon la sage-femme, les partenaires ne viennent plus vers eux. «Les élèves qui sont leurs propres maîtres sont là-bas en train d’attendre d’éventuels partenaires». En créant l’école des maris, un objectif important est visé au Niger : il s’agit d’impliquer les hommes dans la promotion de la santé maternelle pour favoriser un changement positif de comportement au niveau communautaire. Cette initiative intéressante a été développée à partir de l’année 2008 dans le pays.

Des études ont montré que parmi les obstacles à l’utilisation des services de santé de la reproduction dans plusieurs régions du Niger, les plus importants sont le pouvoir et le comportement des hommes qui déterminent l’accès ou non des femmes aux centres de santé. «L’Ecole des maris a contribué à lever pratiquement tous ces obstacles, ce qui a entrainé une amélioration des indicateurs d’accouchement assistés, ainsi qu’une augmentation de la demande en services de planification familiale dans les localités concernées», précisent les mêmes sources.

Le non fonctionnement de cette structure dans une région constitue à n’en point douter un véritable obstacle au développement de la santé de la mère et de l’enfant au Niger. Dr Ibrahim Souley, Directeur général de la santé de la reproduction au Ministère de la Santé Publique affirmait dans un entretien que «la Santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent a encore du chemin au Niger. Surtout, dans un contexte où l’analphabétisme est très élevé, où la scolarisation de la fille et son maintien à l’école sont aujourd’hui un défi», a précisé, Dr Ibrahim Souley. Ce sont a-t-il expliqué «des vecteurs devant permettre à ces filles de s’autodéterminer, de prendre leurs propres décisions, mais elles n’ont pas malheureusement accès à une scolarisation de base jusqu’au secondaire où, elles peuvent décider. Les adolescentes se mariaient précocement à moins de 18 ans ce que nous appelons le mariage précoce qui, débouche sur des grossesses précoces. Toute chose par ailleurs qui n’est pas bien pour la population et la santé de la femme».

Déjà que le financement des actions de sensibilisation constitue par ailleurs une autre préoccupation. «Si aujourd’hui, La planification est gratuite grâce à la disponibilité des produits et des méthodes contraceptives, tel n’est pas le cas du financement des actions de sensibilisation, de plaidoyer pour que les femmes et les filles aient le chemin, la décision d’aller au centre de santé. Or cela a un coût et ce coût doit être investi dans les campagnes de mobilisation sociale, de sensibilisation, et des campagnes de changement de comportements de l’homme, de la femme elle-même pour qu’elle comprenne avant tout que c’est sa santé qui est en jeu» a affirmé Dr Ibrahim Souley. Pour lui, «il faut que la femme soit porteuse de ce changement. Ensuite, c’est un problème d’investissement dans la transformation des comportements des leaders à tous les niveaux : leaders communautaires, religieux, traditionnels. Toute cette plateforme des acteurs communautaires qui voient les défis auxquels la femme est confrontée doivent l’aider. Et ça demande un financement. C’est ça que j’appelle le défi du financement de la demande. Tant que nous ne faisons pas des campagnes massives de sensibilisation pour un changement social radical de comportement, nous avons encore du chemin. Il s’agit de créer un environnement favorable à ce que les utilisatrices qui sont les femmes, puissent accéder librement à un service de prestation de planification familiale».

Fatouma Idé(onep)

27 février 2020
Source : http://www.lesahel.org/