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Lettre au “président de la République” : Monsieur le “Président”, Hier, vous disiez que ce sont des militaires épris de coup d’état qui bloquaient les moyens aériens, à Niamey alors que vous les pressiez de les envoyer sur le front où leurs frères d’armes

Monsieur le “Président”

Ce que vous disiez, hier, est encore pire, aujourd’hui. Cette fois-ci, non seulement les moyens aériens que auriez demandé avec insistance à envoyer au front ne sont pas là où ils doivent être alors que ceux qui les bloquaient ont été neutralisés, mais les ressources financières pour en acquérir des moyens supplémentaires ont été détournés. J’imagine que c’est pire qu’un coup de poignard dans le dos des soldats affectés au front. D’un poi t de vue civil, c’est aussi pire puisqu’il s’agit même plus d’une haute trahison contre les institutions civiles de l’Etat, mais plutôt contre le peuple nigérien. Vous imaginez, donc, la surprise totale de vos compatriotes, face à votre silence. Comment pouvez-vous garder le silence face à cet état de fait qui est pire que ce que vous dénonciez en décembre 2015 ? Vos compatriotes attendent de vous que vous réagissez, avec fermeté et à la mesure des crimes commis. Souvenez-vous, rien qu’à Inates, Sanam et Chinagoder, ce sont 174 soldats que nous avons perdus. Officiellement.

Je crois sincèrement que vous n’avez pas de meilleure voie à suivre dans cette douloureuse affaire que de laisser la justice faire son boulot. Que dis-je ? Laisser la justice faire son boulot ? Non, vous devez vous investir personnellement en instruisant officiellement le Parquet pour juger les auteurs, co-auteurs et complices de ces crimes abominables.

Monsieur le “Président”

Vous êtes allé vous recueillir sur les tombes des victimes de Chinagoder, la veille de votre départ pour Pau. Eh bien, le plus bel hommage que vous puissiez, en tant que chef suprême des armées, rendre à vos hommes tombés, d’une certaine façon, par la faute de ceux qui ont détourné les milliards destinés à leur armement, est de traduite en justice les responsables. Un criminel doit être châtié. Autrement, c’est faire un boulevard à d’autres criminels qui apprendront d’eux et feront la même chose. Le peuple nigérien vous implore dans ce sens. Sachez que si vous restez les bras croisés face à cette tragédie nationale alors qu’en 2015, pour moins que ça, vous vous étiez adressé à vos compatriotes, la déduction est vite faite.

Pour vous aider à vous déterminer, je dois sans doute vous rapporter que, déjà, des bruits courent que vous aviez parfaitement connaissance de ces pratiques malsaines au ministère de la Défense. Le pari, vous l’aurez compris, est fait : pour de nombreux compatriotes, vous ne feriez rien de tout ce qui est attendu du peuple nigérien. Il n’ y aura aucune a ction en justice dans cette affaire. Il n’y en a jamais eu pour ceux qui ont détourné des milliards à la Caima, à la Soraz avec les 15 000 tonnes de riz pakistanais, il n’y en aura pas également dans la gestion de Karidio Mamadou, Hassoumi Massoudou et Kalla Moutari.

Mallami Boucar

15 février 2020
Publié le 05 février 2020
Source : Le Monde d'Aujourd'hui