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La Planification familiale Post Partum : Une réalité à Aguié

Dans cette localité où beaucoup de femmes sont souvent cloitrées, elle a sa manière pour surmonter tous les obstacles. «Depuis que j’ai commencé cette activité, je n’ai jamais eu de problèmes ni avec les hommes, ni avec les femmes. Je ne suis pas non plus rémunérée» précise Saadé qui rend visite aux femmes d’une maison à une autre, d’un quartier à un autre. «L’important est que le message à transmettre soit compris et accepté par toutes les femmes d’Aguié ».

Mahamane Labi aussi se bat pour la même cause du côté des hommes. Il a40 ans, habite le village de Dankéri (Aguié) qu’il quitte tous les matins pour venir au CSI. «J’ai décidé d’être relais pour sensibiliser surtout les hommes sur l’importance et la nécessité de permettre aux femmes de fréquenter les centres de santé et de pratiquer la PF pour leur bien-être et celui des enfants. Comment Mahamane s’y prend pour faire son travail ? Plus précisément, moi je m’occupe des hommes. C’est pourquoi je les réunis régulièrement par groupe de cinq sur leur lieu de causeries pour les entretenir par exemple sur la PF. Et je leur demande de permettre à leur femme de fréquenter les centres de santé, de pratiquer la planification familiale afin d’espacer les naissances pour le bien-être des enfants. Cela évitera aux enfants de tomber toujours malades donc aux parents de dépenser beaucoup d’argent pour acheter des produits». Mahamane Labi mène cette activité depuis plus de quinze (15) ans. « Quand je transmets le message aux hommes lors des séances de causeries, ils applaudissent parce que je leur dit toute la vérité et ils sont contents. Ils prennent la parole pour montrer leur approbation et leur adhésion à la pratique. Certains hommes ont véritablement compris aujourd’hui ce qu’est la PF et n’hésitent pas à envoyer leurs femmes au Centre de santé pour sa pratique ».

Mais Mahamane continue de garder le souvenir d’un homme farouchement contre la PF. Donc pas question que sa femme la pratique. « Je lui ai donné beaucoup d’informations lors des séances de causeries, mais en vain ». Par la suite, affirme Mahamane, je l’ai appelé au village pour lui expliquer clairement pourquoi la PF et il a finalement compris. « Dans mon travail, j’approche également les chefs religieux même si certains s’opposent encore. Je rappelle surtout aux hommes l’adage qui dit : aide toi et le ciel t’aidera».

Tout comme Saadé, Mahamane aussi n’est pas rémunéré. «C’est un travail volontaire, je travaille pour mon village afin qu’il se développe. Souvent je bénéficie de petite formation et c’est important». S’agissant de la rémunération, Mahamane Labi qui travaille avec d’autres relais à Aguié est convaincu que : «si tu ne gagnes pas aujourd’hui, tu gagneras un autre jour».

En tous cas, les messages qu’ils transmettent semblent passer au niveau des populations comme lettre à la poste.

Selon en effet Mme Idi Amina Sage-femme à Aguié, le CSI enregistre près de 90 nouvelles utilisatrices chaque mois. Dans ce centre où on dénombre « 80 accouchements par mois,30 à 40 femmes acceptent de se mettre sous contraception immédiatement après l’accouchement », affirme la sage-femme. Mme Idi Amina précise que certaines d’entre elles demandent les méthodes de longue durée et d’autres, la voie orale. Elle relève toutefois des cas d’abandon et les cas des femmes qui adhèrent par exemple aux méthodes de longue durée, 3, 4, 5 ans mais qui, au bout seulement d’un an et même de quelques mois, veulent changer de méthodes. La sage-femme et ses collègues qui apprécient la collaboration des relais communautaires travaillent pour sensibiliser davantage les femmes sur les méthodes contraceptives. A Aguié, selon Mme Idi Amina, « les femmes viennent à tout moment au CSI et acceptent la PF à cent pour cent ».

Dans la perspective de la capture du dividende démographique au Niger peuplé de plus de 21 millions d’âmes en 2018, selon les dernières données de l’INS, l’accent est notamment mis sur la PF du Post partum. Selon un responsable du Ministère de la santé Publique, l’objectif est que toute femme qui accouche dans une formation sanitaire, bénéficie d’une méthode contraceptive.

Fatouma Idé Envoyée Spéciale(onep)

07 février 2020
Source : http://www.lesahel.org/