Skip to main content

Accueil

Amères vérités Karidio Mamadou, Kalla Moutari, Massoudou Hassoumi et tous les autres peuvent dormir tranquilles, sur leurs lauriers. Ils ne sont pas seuls et ils le savent, tout autant que le Président Issoufou.

De prime abord, cette histoire de modification constitutionnelle en vue de faciliter la procédure judiciaire visant des ministres est du cirque. Du pur cirque. Pourquoi, si ce n’est pas le cas, ne commence-t-on pas par les fonctionnaires indélicats qui ont commis les mêmes crimes économiques ? Autant celui qui détourne l’argent public destiné à équiper l’armée est du sang sur les. mains ; autant celui qui détourne à son profit des tonnes de vivres destinées aux populations sinistrées et/ou en proie à la famine et à l’insécurité en a sur les mains. Tous deux sont des criminels. Or, il se trouve que dans ce pays, des gens ont détourné et vendu à leurs profits personnels 15 000 tonnes de vivres destinées aux populations éprouvées de Diffa — la requête a été faite auprès de la République islamique du Pakistan pour leur compte — en proie à l’insécurité alimentaire du fait des exactions de Boko Haram. Ces individus sont là, connus puisque dénoncés par la presse, et aucun d’eux ne dispose de l’immunité d’un ministre ou d’un député. Pourtant, ils n’ont jamais été inquiétés par la police judiciaire, encore moins par le Parquet.

Des cas pareils sont légion.

Avant d’être là où il se trouve actuellement du fait du Président Issoufou Mahamadou qui a agi ainsi pour le soustraire à l’action entreprise contre lui par la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia), Issaka Assoumane était directeur général des douanes. A ce poste, il a été épinglé par la Halcia dans un rapport portant sur la dissipation de matériels divers à la Société de raffinerie de Zinder (Soraz) estimés à plus de six milliards de francs CFA. Formellement reconnu comme l’auteur principal des faits, Issaka Assoumane a vu ses comptes bancaires séquestrés à la demande de la Halcia avant que le même Issoufou, président du Conseil de la magistrature, ne le nomme, dans la foulée, directeur de Cabinet avec rang de ministre à présidence de la République. Et comme il n’y a pas deux sans trois, la Halcia a dû lever, probablement sur instruction, le blocus sur ses comptes bancaires. Pour qu’il rende gorge, on n’a pas besoin de recourir à quelque modification constitutionnelle que ce soit.

Maïzama Gaya était directeur général de la Centrale d’achat d’intrants et matériels agricoles (Caima) lorsqu’il a été écroué à la maison d’arrêt de Say où il n’a fait que deux ou trois mois avant de se retrouver libre et …tranquille, voire heureux. Officiellement accusé d’avoir détourné près de huit milliards de francs CFA, Maïzama Gaya n’a jamais été jugé. Il a été élargi sans autre forme de procès avant d’être, cerise sur le gâteau, nommé consul honoraire du Niger à Kano, au Nigeria.

Que dire de Zakou Djibo, que l’opposant Issoufou Mahamadou n’a eu de cesse de brocarder et de présenter comme le symbole de l’affairisme et de la corruption du régime de la 5e République, mais qui se trouve aujouyrd’hui dans les bonnes grâce du même Issoufou, devenu entre-temps président de la République ?

Que dire du contentieux judiciaire Etat du Niger-Africard qui a coûté des milliards au Niger, par une faute absolument impardonnable de certaines personnalités, au sommet de l’Etat, et que le Président Issoufou connaît mieux que quiconque ?

Que dire de ces 1000 milliards que le gouvernement a officiellement déclaré avoir perdus dans de complaisantes ou fausses exonérations douanières et fiscales ? Les auteurs, co-auteurs et complices sont pourtant connus et continuent leurs sales besognes en toute impunité.

Pour toutes ces raisons, et des centaines d’autres cas, le Président Issoufou doit songer à retirer ce projet de loi que des sources disent être déjà sur le bureau de l’Assemblée nationale en attendant une prochaine session. Les cas cités, ici, doivent suffire à démontrer amplement qu’il n’existe chez Issoufou Mahamadou aucune volonté à faire rentrer l’Etat dans ses droits. Ce qui s’est passé au ministère de la Défense n’a rien d’exceptionnel dans ce qui s’ chez Issoufou Mahamadou aucune volonté à faire rentrer l’Etat dans ses droits. Ce qui s’est passé au ministère de la Défense n’a rien d’exceptionnel dans ce qui s’est toujours passé sous Issoufou et qui ne l’a jamais dérangé.

En guise de conclusion, les Nigériens doivent apprendre à reconnaître la vérité et à l’aimer. Elle peut avoir un arrière-goût amer, mais elle est bien meilleure au mensonge et au faux. Comment peut-on attendre le meilleur d’un homme qui continue à nommer des ministres alors que l’état des finances publiques est critique et que les secteurs sociaux de base sont négligés. Ce n’est pas la première fois que nous le disons, la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, les poursuites judiciaires contre les auteurs de détournements de deniers et biens publics, etc., ce n’est pas pour demain sous Issoufou Mahamadou. S’il veut prouver le contraire, il n’a qu’à commencer avec ceux dont la poursuite judiciaire ne nécessite ni levée d’immunité parlementaire, ni mise en accusation. Et il le sait, ils sont nettement plus nombreux. En un mot, Karidio Mamadou, Kalla Moutari, Massoudou Hassoumi et tous les autres peuvent dormir tranquilles, sur leurs lauriers. Ils ne sont pas seuls et ils le savent, tout autant que le Président Issoufou.

 04 février 2020
Source : Le Canard en Furie