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Marché à étalages de Balleyara : Quand la mévente annihile les efforts des producteurs

Tomates, choux, pommes de terre, oignons, patates douces, ignames, ails, poivrons, aubergines, courges, etc, y sont exposés et proposés aux clients, qui n’ont que l’embarras du choix. Mis à part l’igname, qui vient du Nigéria voisin, tous ces produits sont localement produits, dans cette zone du Dallol Bosso, où la nappe phréatique est superficielle (pas plus de deux mètres du sol). Zeïnabou Abdou, est une vendeuse de 22 ans. Assise à même le sol, ses produits maraîchers contenus dans des calebasses, elle explique, ‘‘Je viens de Tabanassa, à environ 3 km de Balleyara, je cultive et vend des aubergines, de la tomate, du choux, notamment’’, confie Zeïnabou. Elle dit cultiver un petit terrain appartenant à son mari, qui est parti en exode en Côte d’Ivoire. ‘‘J’achète les semences et l’engrais auprès des services de l’agriculture ou sur le marché. Comme la nappe phréatique n’est pas profonde ici, je n’ai pas de problème d’eau, car nous avons creusé un puits pour l’arrosage. Les cultures mettent 3 à 4 mois pour donner leurs fruits.

A la récolte, je viens vendre mes produits au marché de Balleyara. La calebasse de tomate est vendue à 1.000 FCFA maintenant, alors que cela m’a coûté environ 800 FCFA, ainsi j’engrange 200 FCFA de bénéfice par calebasse. Je peux vendre 4 à 6 calebasses par semaine. Cependant, la situation n’est pas toujours reluisante à cause de la mévente. En effet, il y a des jours où nous avons beaucoup de produits périssables qui sont invendus, nous sommes obligés de les donner cadeau, de donner aux animaux ou encore de les jeter à la poubelle. Issa Djibo est un autre exploitant de jardin maraîcher. Il cultive et vend, selon lui, de la pomme de terre, de l’oignon et de la patate douce. ‘‘Mon seul problème, dit-il, c’est la mévente. En fait, j’ai actuellement 7 sacs de 50 kg de pomme de terre et 5 sacs de patates douces stockés. Je n’arrive pas à écouler tous ces produits parce qu’il n’y a pas d’acheteurs, qui eux-mêmes, semble-t-il, n’ont pas d’argent. M. Djibo n’est pas le seul à être dans cette situation qui semble être due à la morosité économique. Par exemple, avant je vendais le kilo de la pomme de terre à 500 voire 700 FCFA, maintenant je cède ou je dirais, je brade le kilo à 200 FCFA, mais personne n’en prend. C’est triste et dommage !’’, se désole-t-il. En effet, tout au long de la large route qui traverse la ville de Balleyara, de nombreux étalages de tomates, choux, pommes de terre, oignons, patates douces, ignames, ail, poivrons, aubergines, etc, jalonnent et occupent les trottoirs. Les vendeurs affichant des visages inquiets, tristes et impuissants, voient s’écouler les minutes et les heures, en ce dimanche 1er décembre 2019. La journée s’écoule lentement mais surement sans que les stocks des produits maraîchers ne s’amenuisent. La nuit s’approche sans que ces producteurs ruraux ne se frottent les mains car ‘‘rien n’est fait. Nos produits nous restent entre les mains, nos poches sont vides alors que nous nous sommes endettés pour produire’’, s’inquiète M. Djibo.

Pour sortir de cette situation, Maman Garou, un autre producteur maraîcher semble avoir la solution. ‘‘Pour atténuer cette mévente et encourager les producteurs et même pour aller vers l’atteinte des objectifs de l’Initiative 3N, l’Etat doit voir comment, il va nous acheter nos productions. Ainsi, en achetant nos productions agricoles, il peut alimenter les hôpitaux, les cantines scolaires, les casernes militaires, les universités, les prisons, etc. Car, faute d’acheteurs, nos productions, qu’on a péniblement travaillées et récoltées, nous pourrissent entre les mains ou finissent dans les ordures. Nous ne produisons pas pour jeter, mais pour nous nourrir et nourrir les autres Nigériens. Alors nous devons être compris et soutenus’’, suggère M. Garou.    

Par Mahamadou Diallo (Envoyé Spécial)

24 janvier 2020
Source :http://www.lesahel.org/