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Amères vérités : 
Messieurs de l’Apr, on est contre ou on est pour, pas les deux à la fois


Chaque réunion clôturée de cette façon est un pas de géant effectué dans cette sordide entreprise. Si les partis membres du Frddr et du Fp sont formellement opposés à ce processus électoral parce qu’éloigné des normes démocratiques connues dans ce pays, à l’exception notable de deux à trois épisodes comme le hold-up électoral de 2016, par contre , Seïni Oumarou et ses alliés de l’Apr louvoient. Ils sont d’accord et contre à la fois, pataugeant dans une contradiction qui frise l’irresponsabilité. Tantôt d’accord, tantôt contre, le Mnsd et ses alliés de l’Apr ne suscitent aucun respect aux yeux de leurs alliés de la Mnr, et particulièrement auprès du Pnds qui ne voit devant lui que des tigres en papier. Ils ont certainement raison de croire à l’impuissance de partis politiques qui, après avoir livré un grand combat en vue de combattre un pouvoir qu’ils ont qualifié de satanique, eu égard à l’immensité des forfaits enregistrés sous la 7e République (détournement massif des deniers publics dans l’impunité totale, trafic d’armes, de drogue, etc.), ont finalement abdiqué, sans condition, mais avec des subsides et des strapontins.


Il faut dire les quatre vérités à ces messieurs de l’Apr, qui ont en fin de compte, habitué les Nigériens à une volte-face extraordinaire lorsqu’il s’agit de questions cruciales. On ne peut être à la fois contre et pour. Soit, vous êtes pour et vous arrêtez de faire ces bruits incongrus ; soit, vous êtes contre et vous le signifiez clairement par des actes formels. Si vous êtes incapables d’assumer votre désaccord avec la façon dont le processus électoral est conduit, taisez-vous, s’il vous plaît. Car, s’il s’agit de négocier quoi que ce soit avec le Pnds, dans la perspective de ce qui se profile et que chacun perçoit nettement, vous n’avez guère besoin de faire ce cinéma pour obtenir ce que vous cherchez. Allez-y voir Brigi Rafini, Mohamed Bazoum ou directement le Président Issoufou pour en parler. Vous aurez gain de cause, avec l’assurance de rester dans les bonnes grâces d’un pouvoir dont vous ne pouvez pas, d’une part, bénéficier des privilèges et des avantages ; d’autre part, dénoncer les travers et les dérives. C’est à vous de choisir. Soit, vous restez sous le hangar, bien tranquilles et polis ; soit, vous choisissez d’aller voir ailleurs. On ne peut, comme on dit, avoir le beurre et l’argent du beurre.


N’est-ce le Mnsd et ses alliés de l’Apr qui, hier seulement, ont adopté le code électoral alors que, en début mars encore, Seïni Oumarou a déclaré qu’ils exigent un code
électoral consensuel et le respect strict du calendrier électoral ? Ils l’ont adopté, sans avoir obtenu la moindre concession. Au contraire, le chronogramme électoral a été continuellement remanié et Seïni Oumarou et ses alliés savent de toute évidence d’où proviennent ces réaménagements incessants et comment interviennent-ils. Ils savent de toute évidence ce qui se prépare, à quoi joue le Pnds et pour quelle finalité. Ils savent, enfin, que dans les conditions actuelles, il est utopique de croire qu’un autre parti que le Pnds gagnerait les élections, aussi impopulaire qu’il est.


Mais l’hypocrisie, ce n’est pas uniquement l’apanage des seuls partis membres de l’Apr. C’est aussi celui de la communauté internationale, y compris des institutions onusiennes dont les responsables sont en principe tenus par le devoir de réserve, mais qui jouent à un jeu trouble. Lorsqu’ils ne ferment pas les yeux sur les travers et les manipulations ostentatoires du processus électoral, en ignorant royalement les alertes et les mises en garde de la classe politique, ils s’arrogent, suprême insulte au peuple nigérien, le droit de prendre parti. C’est le cas, récemment, de la représentante résidente du Pnud au Niger, la dame Diana Ofwona, qui s’est érigée en propagandiste pour le compte du Président Issoufou en relayant personnellement un article encenseur écrit par une agence de communication probablement payée pour ce faire. On voit ce qui se prépare, et au lieu d’agir conséquemment pour éviter le pire, on essaie plutôt, dans une démarche...et avec des arguments tirés par les cheveux, d’endormir l’opposition politique jusqu’au coup fatal. Le coup fatal ? La tenue des élections, quelle que soit par ailleurs les conditions et la façon dont elles sont organisées, est un OUF de soulagement pour des hommes parfois dont il y a lieu de douter, à la fois de l’intégrité et de la loyauté aux institutions qu’ils servent. On s’empresse alors, comme dans le cas d’un certain Fodé Ndiaye, de déclarer que les élections se sont bien tenues dans l’ensemble et que les quelques manquements et insuffisances constatés ne sauraient être de nature à remettre en cause la crédibilité des résultats d’ensemble. Et le tour est joué. Toute l’agitation du Pnud, du Ndi, de la Cedeao et des autres tient à cet agenda insolite dont le tempo est déjà arrêté. Et si ça crame ? Ces institutions seront alors les premières à se tirer d’affaire en soignant méticuleusement leurs images et leurs rôles dans d’hypothétiques efforts qu’elles auraient déployés, selon elles, en vue de rapprocher les positions des parties, et par conséquent, d’éviter au pays une crise électorale et/ou postélectorale.
BONKANO

20 octobre 2019
Source : Le Canard en Furie