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Lettre ouverte au ministre de la santé publique, Docteur Idi Illiassou Maïnassara


Les principaux indicateurs de santé du Niger sont préoccupants. La capacité nationale de lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles est faible. La faible utilisation des services de santé témoigne de la nécessité d’améliorer la qualité des soins et des services. Les besoins en planification familiale sont nombreux et restent largement insatisfaits. Ceci est l'un des facteurs qui alimente la forte mortalité maternelle et infantile, dans un pays où le taux de fécondité reste élevé. Les dépenses de santé restent principalement à la charge des ménages. La bonne qualité des médicaments est l'un des défis majeurs auquel se heurtent le Niger et la plupart des pays africains.
Trop souvent, les initiatives passées de réformes ont basculé directement des constats à l’élaboration de mesures sans vision d’ensemble. Il est temps de repenser à une transformation majeure de notre système de santé, de prendre des engagements politiques et financiers concrets et investir dans la mise en place d’un système de santé national plus solide et plus résilient afin d’atteindre les ambitieux objectifs du Plan de Développement Sanitaire (PDS) horizon 2017-2021.
Sans calquer un modèle en particulier il est cependant utile de s’inspirer des expériences de certains pays comme le Cuba (pays en voie du développement), qui a su exploiter au maximum toutes ses potentialités malgré les réelles difficultés conséquence d’un blocus inhumain imposé de manière unilatéral depuis maintenant 57 ans. Un blocus, commercial, économique et financier, qui n’a pas empêché l’île de se hisser dignement dans le concert des nations ce qui justifie d’ailleurs a juste titre le concept du « miracle cubain » ou encore de «puissance médicale». Cuba est l’exemple parfait qu’on peut faire plus avec moins en exhibant depuis des années des indicateurs, digne de n’importe quel autre pays développé, comme le taux de mortalité infantile (4,0 pour chaque 1000 naissance en 2019, le plus bas de la région), l’espérance de vie à la naissance (78 ans la moyenne), la prévention et l’éradication de beaucoup de maladies, divers programme en faveur de la santé de la mère et l’enfant. Des centres et instituts sanitaires, pharmaceutiques et biotechnologique ; des centre d’études et recherche de pointes, 16 universités de médecine et paramédical (une université par région), la prévention et le contrôle des maladies chroniques en plus de que l’état assure a toute la population l’entière gratuité des soins.
M. le ministre, l’année 2018 a marqué comme vous le savez, le 40e anniversaire de la déclaration historique de « Alma-Ata » sur les soins de santé primaire dont l’appel était « la santé pour tous d’ici l’an 2000 ». Cette déclaration a confirmé le droit universel de chacun, partout dans le monde, d’avoir accès à la santé et de pouvoir jouir d’une vie pleine, productive et digne. Elle affirme aussi expressément le devoir des gouvernants de fournir à leurs concitoyens un accès à des services de santé qui sont non seulement curatifs, mais abordent aussi des aspects comme la promotion, l’éducation sanitaire (mode de vie, alimentation saine et équilibrée, pratique du sport de masse, l’obésité etc.), la prévention et la réadaptation. Bien que l’objectif de « La santé pour tous » n’ait pas été atteint à la date prévue par une grande partie de nation, nonobstant les valeurs et les principes d’Alma Ata sont toujours d’actualité, ce qui a inspiré et continu de motiver des efforts utiles et multiforme pour rendre possible l’universalité et l’accessibilité de soin pour tous avec une participation direct et effective des communautés.
Si l’on parle justement du « miracle cubain » c’est qu’en dépit d’un niveau de dépenses de santé assez bas (environ 348.944 CFA par habitant en 2013, contre 3.3088.992 CFA par habitant pour le Canada par exemple), le pays exhibe, en dépit d’une conjoncture contraignante généralisée, des chiffres et statistiques approchant et parfois qui dépassent dans bien des cas ceux des pays les plus industrialisés. Le secret de cette belle prouesse est assez simple et consiste à investir en priorité les ressources disponibles là où leur influence sur la santé de la population est la plus grande est nécessaires comme le recrutement et la formation massive et en qualité des ressources humaines. Le système national de santé cubain (SNS) préconise une approche intégrale de la santé, focalisé non pas sur le malade à titre individuel mais sur la famille et la communauté sans épargné les déterminants sociaux, psychologique et environnementaux qui interagissent sur la santé de la population. Le système prône également un rapport de proximité avec les populations en déployant partout sur le territoire national des professionnels qualifiés ce qui facilite les diagnostiques précoces, d’éviter ou retarder certaines complications et de mieux préparer les communautés à prévenir eux même ces maladies. C’est ainsi que comprenant qu’il est plus facile de prévenir que de guérir une place de choix est accordée à la prévention, à la promotion mais surtout à la mobilisation des masses populaire à faire de la santé une priorité publique qui échoit et concerne tout le collectif.
Dans cette optique, depuis près de quatre décennies maintenant, les autorités conformément à la ligne véhiculé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ainsi que l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) ont apporté une attention très particulière et soutenue aux Soins Primaires de la Santé qui se sont transformés en véritable colonne vertébrale et socle du système national de santé du pays avec l’extension dans l’enseignement et pratique médical du programme de Médecine Général Intégrale (MGI). Les Soins Primaires de la Santé renvoient bien évidement a un concept beaucoup plus élargi et inclusif que celui du seul premier niveau de soins ; constitue un réseau intersectoriel qui propice ou favorise une participation communautaire. En renforçant les capacités d’intervention du premier niveau de soins on désengorge substantiellement les autres niveaux supérieurs du réseau sanitaire tout en répondant à plus 70% des besoins. Pour notre nation ou les ressources financière et humaine sont rarissime la revitalisation des Soins Primaires de la Santé représentent une excellente stratégie pour développer et financer nos besoin de manière inclusive, accessible, économique et focalisé sur l’attention intégral des communautés. Ceci implique un engagement de l’ensemble de la société, une volonté politique accru, des ressources humaines bien formées dans des conditions de vie et de travail acceptable et équitablement répartie. Il convient d’améliorer l’accès aux produit pharmaceutiques sur l’ensemble du territoire, réorganiser et professionnaliser l’important secteur de la médecine naturelle et traditionnelle et enfin mettre à la disposition dans nos service de technologies adoptées, sûres, efficaces et surtout abordables pour le commun de nigérien que nous somme.
Pour réussir et consolider cette prouesse, Cuba instaure un système de dispensaires de quartier (consultorios, 10869 pour tout le pays), chacun d’eux regroupant dans son sillage une centaine de familles, fonctionnant sur la collaboration étroite d’une équipe de médecine familiale constituée principalement d’un médecin et d’une infirmière (Programma del Médico y la Enfermera de la Familia, MEF) qui vivent sur place. Ce binôme de professionnel se charge des consultations et visite à domicile des patients dans leur périmètre de travail. En deuxième ligne, le pays dispose des Policliniques qui assurent le suivi des dossiers des familles de plusieurs consultorios par le biais d’une équipe multidisciplinaire (Equipo básico de salud), le pays en compte environ 449. Les soins et services de ces policliniques s’étendent sur un éventail très large, du soin de base à des soins beaucoup plus spécialisés comme des services en santé mentale, ORL, d’obstétrique, radiologie, de pédiatrie, d’optométrie, allergie et immunologie de traumatologie, d’urgences dentaires en plus de la prise en charge des maladies chroniques entre autre. Les policliniques assurent les services de santé pour une zone géographique bien déterminée et desservent une population de 25 à 30 000 habitants environ. En dernier niveau, les hôpitaux (150 hôpitaux) et les instituts spécialisés comme dernières lignes d’interventions pour traiter les cas graves, les complications et autres qui requièrent une attention spécialisés. Sans compter que le pays a formé en 60 ans plus 94 miles médecins, 19 miles stomatologues et environ 85 miles infirmiers pour les quelques 11 million de cubains en cette année 2019.
Comme vous pouvez le constatez M. le ministre le modèle de santé cubain s’appuie sur l’opérationnalisation à large échelle du droit à la santé pour tous avec une implication de la population dans la promotion et protection de la santé. Politique qui s’est étendue à l’ensemble du territoire avec une approche des services sanitaire proches des communautés qu’elle soit urbaine ou rural. Il s’agit de prendre en effet, en charge non seulement le patient dans son entier mais de le considérer en relation étroite avec la communauté dans laquelle il vie et travail dans une dynamique constante de interrelation et interdépendance. Ce modèle permettrait d’offrir des soins mieux adaptés au terrain et aux besoins énormes de nos concitoyens, de responsabiliser la société dans son rôle avant-gardiste d’œuvrer dans la sauvegarde de sa propre santé, de matérialiser le droit de chaque nigérienne et nigérien à la santé et à la dignité. Cela permettra aussi de prendre en charge prêt de 60-80% des besoins, rationaliser nos ressources et jeter définitivement les jalons d’un véritable développement endogène, autrement dit, d’un Niger meilleur pour tous.
Oumarou Issaka Ismaël, Citoyen nigérien  I  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.