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Drame du camion-citerne/Tuerie des militaires : Malgré le deuil, la bamboula s’est poursuivie à la présidence de la République

eSuite au drame de l’explosion du camion- citerne, intervenue le 6 mai dernier au quartier aéroport de Niamey et la tuerie d’environ une trentaine de militaires dans la région de Tillabéri, le mardi 14 mai dernier, le gouvernement nigérien a décrété un deuil de trois jours pour chaque douloureux évènement. En règle générale, quand un deuil est décrété dans un pays, on s’abstient de toute activité à caractère festif pendant la période couvrant ce deuil. Malheureusement, qu’il s’agisse du drame du camion- citerne que de la tuerie des militaires, le deuil n’a pas empêché que la présidence de la République continue d’organiser les ruptures collectives de jeûne. Ainsi, le président de la République a continué à accueillir des femmes et hommes de divers secteurs socioprofessionnels au sein du palais présidentiel pour rompre le jeûne. Bien de Nigériens ont été surpris de voir les images de ces femmes et hommes en train de se bousculer autour des plats servis par la présidence, alors même que l’heure devait être au recueillement. A défaut de les annuler, la présidence pouvait pourtant repousser les fameuses ruptures collectives de jeûne, surtout qu’il reste encore près d’une quinzaine de jours avant la fin du Ramadan. Chez de nombreux Nigériens, c’est même l’opportunité de ces ruptures collectives du jeûne à la Présidence qui suscite des interrogations, notamment au vu de la qualité des personnes qui y sont invités. Les uns et les autres se demandent, en effet, comment des ressources publiques peuvent être utilisées pour organiser des ruptures collectives à des fonctionnaires de l’Etat ou des travailleurs privés qui ont une situation sociale acceptable, alors même que la plus grande partie de la population vit sous le seuil de la pauvreté ? Si ces ruptures collectives de jeûne sont désintéressées, les observateurs pensent qu’elles devraient d’abord et avant tout être organisées au profit des personnes vulnérables qui peinent même à se payer la glace de 100 FCFA pour rompre le jeûne. Malheureusement, quand on regarde les choses de près, on s’aperçoit très vite que ces ruptures collectives ne sont pas désintéressées. Chaque soir où elles sont organisées, les médias publiques sont présents et ciblent des personnes qui ne font que l’éloge du président de la République, en le présentant comme le seul président nigérien qui a eu l’ingénieuse et la charitable idée de convier d’autres nigériens à son palais pour rompre le jeûne. On oublie de dire qu’en dehors de permettre à certains bouches à la recherche de certains goûts et à certains ventres insatiables de satisfaire leur faim, ces ruptures collectives n’ont aucun autre mérite.

Salifou Hamidou  

27 mai 2019
Source : Le Canard en Furie