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Lettre au “président de la République” Monsieur le "Président" On ne cache pas la misère, on y fait face pour la combattre et cela passe par le travail

Monsieur le "Président"

La conférence de l’Union africaine que le Niger doit abriter en juillet prochain ne saurait suffire à changer l’image du Niger à l’extérieur. Dans la vie, il faut savoir être soimême, au besoin le revendiquer et le faire respecter. C’est par le travail que l’on change un pays, ses pratiques et ses habitudes malsaines, pas par du maquillage. Si vous aviez su mettre 10% de cette énergie que vous débauchez, de ces efforts fous que vous déployez pour paraître et faire paraître votre pays, à servir convenablement votre peuple, tel que vous en avez fait le serment, vous seriez, même avec ce hold-up électoral, un chef d’Etat tel que vous le rêvez. Car, on ne transforme pas le rêve par du rêve.

Tout ce que vous avez construit peut être détruit, mais le souvenri que vous laisserez à vos compatriotes est impérissable. Demain, dites-vous bien qu’il suffirait que votre successeur donne le plus petit coup de truelle et le moindre coup de pinceau à l’aéroport pour que l’on dégomme votre nom que vous allez sans doute faire inscrire quelque part, de façon bien visible. Ces routes que vous avez décidé de refaire au nom d’une conférence qui laissera, deux jours à peine après, le Niger plus que jamais empêtré dans ses problèmes, de surendettement notamment, d’autres les modifieront pour y effacer jusqu’à votre souvenir. C’est dire que ce qui va rester de vous, ce n’est point le béton, mais la façon de servir votre peuple, les rapports d’amour, de compassion, de sollicitude et de solidarité que vous entretenez avec vos compatriotes. Or, de ce point de vue, je crois qu’il n’y a plus rien à dire. À deux ans de votre sortie, je me demande, même en secouant le cocotier, si vous pourriez vous réconcilier avec votre peuple.

Monsieur le "Président"

On ne cache pas la misère, on y fait face pour la combattre et cela passe par le travail. Je ne vous en dirai pas plus, ayant découvert qu’un autre compatriote, Souley Adji, l’a fait avec brio. C’est pourquoi, je me fais le devoir de vous faire parvenir ce qu’il a publié sur les réseaux sociaux et que vous ne sauriez ignorer. Lisez plutôt ce que Souley Adji a à vous dire !

CACHEZ CETTE MISÈRE...

"Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées" ! Voilà ce que Molière fait dire au croyant hypocrite, gêné par la vue des appas d'une femme dans Le Tartuffe !

Cachez cette misère que les hôtes du Sommet de l'UA ne sauraient voir, voilà ce que disent les autorités à l'approche de cet événement tant porté aux nues. L'interdiction de la mendicité sur les voies publiques s'inscrit dans cette optique. Mettre la poussière sous le tapis, telle est la stratégie du pouvoir pour cacher aux yeux du monde ce frappant contraste entre un aéroport clinquant neuf, des buildings fraîchement sortis de terre, avec des jets d'eau d'un milliard et demie, des échangeurs et des ronds-points onéreux et toute cette misère environnante, où des milliers de femmes, enfants et vieillards faméliques tendent la sébile aux passants. Et c'est alors que les âmes des hôtes seront blessées, notamment celles de la presse internationale qui fera ses choux gras de l'inconséquence de ces dirigeants africains qui affament leurs peuples, créent de plus en plus de pauvres, n'ayant accès ni aux soins de santé primaires, ni à une alimentation décente, à aucune protection sociale. Car, dans le même temps, en surendettant lourdement l'État, ils bâtissent des infrastructures tape-à-l'oeil, donnant l'occasion à des marchés de gré à gré, à des commissions et à des rétrocommissions pharaoniques, pendant que les centres de santé souffrent du manque de médicaments et que les classes en paillote se multiplient parallèlement à la dégradation des conditions de travail des agents.

portance de l’écart de la fracture sociale qui se creuse, toutes choses qui l’interpellent en même temps à revoir sa politique. S’il est vrai que des prétextes religieux et socioculturels, sous-tendent cette pratique malsaine, déshonorante et marginale, il faut reconnaître que bien d’autres y ont été poussée par une vie difficile dans un environnement où la solidarité famille séculaire n’est plus qu’un lointain souvenir, laissant place aux égoïsmes naguère proscrits. La mendicité est donc un élément sociologique pour mesurer l’état de la société nigérienne, et penser, de manière plus structurelle, des voies et moyens d’endiguer le phénomène car comme l’a fait remarquer un autre, la force ne peut venir à bout de cette pratique. Faut-il croire que pour les régnants les Nigériens vivent si heureux comme s’ils étaient devenus des émiratis tropicaux qui peuvent tous se passer de se rabaisser à la mendicité, devenus pour bien d’autres, sans que rien le justifie, une profession ? Faut-il croire que la Renaissance aménagera des dépotoirs, des poubelles où «ces déchets humains» qu’on ne voudrait plus voir, par la salubrité qui les sortira de la ville, devraient être cantonnés pour rendre la ville lumière plus propre, débarrassée de ces éclopés indésirables et de ces aveugles calamiteux dont ont honte les socialistes ? Sommes-nous vraiment arrivés là ? Non, il faut être lucide. En France, n’ont-ils jamais vu des mendiants, même si ce n’est pas de la même dimension, mais bien des mendiants, stratégiquement assis dans les couloirs du métro, blancs de la tête à l’orteil ? La mendicité n’est donc pas une fatalité raciale : partout, dans tous les peuples, on en voit. C’est pour cette raison que le gouvernement doit savoir que ce n’est pas une exclusivité nigérienne mais qu’il peut s’en saisir légitimement pour en faire un vrai problème de société, et réfléchir ensemble sur le phénomène, non pas qu’avec le sommet seul, mais avec tous les acteurs nationaux, et voir comment, sur une certaine période, par des programmes bien conçus, il va être possible de le résorber au moins, à défaut de l’endiguer, de l’éradiquer totalement, objectif, objectivement inenvisageable, quand on continue à voler, à piller, à détourner et à privilégier des investissements de prestige au détriment. des investissements sociaux. Il faut donc être réaliste à comprendre que quoi que l’on fasse, l’on continuera à voir des mendiants. D’ailleurs, depuis huit ans qu’a fait le régime, pour qu’il n’y ait plus de mendiant au Niger ? Ces échangeurs, ces hôtels et autres buildings, peuventils l’empêcher ? Ces 10.000 milliards, sont-ils équitablement répartis pour que ces parias de la société en ressentent la redistribution afin de vivre les progrès qu’on ne cesse de chanter et vivre quelque changement dans leur quotidien ? Peuvent-ils comprendre la croissance à deux chiffres dont on leur parle ? Après avoir bousculé les enseignants, les agents de santé, la société civile, les commerçants de la ville de Niamey, voilà qu’engraissés par le contribuable spolié, les socialistes, veulent s’attaquer au misérables qui n’auraient plus le droit de vivre dans la ville, désormais abandonnés à leur seul sort. Il faut donc s’attendre dans les prochains jours à de nouvelles brutalités qui ne considéreront plus l’âge, encore moins l’état de ceux qui gênent et gâcheraient la fête de l’UA. Peuvent-ils avoir lu déjà La Grève des battus, pour comprendre que chassés de la ville, les sacrifices et autres aumônes que des consultations occultes leurs commanderaient, ne trouveront plus preneurs pour se rendre compte de leur utilité sociale, même si par nos égoïsmes cultivés et recyclés, ils ne seraient plus que des parasites.

Mais soyons honnêtes…

La mendicité est véritablement un problème de société aujourd’hui et les pouvoirs publics doivent prendre la mesure du phénomène, en distinguant mendiant et mendiant, car si le cas de certains est compréhensible et tolérable au regard du handicap qui les brime, pour d’autres, par contre, on ne peut le comprendre, car difficilement défendables, quand dans la même société, certains autres handicapés, s’affranchissent courageusement de leur handicap, pour se rendre utiles à eux-mêmes, aux siens, à la société. Mais la solution qui est envisagée à court terme ne peut être efficace d’abord parce qu’on a beau avoir un sommet de l’envergure que prépare le régime, ces mendiants sont des Nigériens et qu’il faudra pour ce les respecter pour les droits auxquels ils ont droit, mais aussi parce que, une autre attitude plus responsable, pourrait mieux permettre de saisir le problème dans sa globalité, et qu’il aurait fallu essayer de le résoudre progressivement en l’attaquant à la racine et en cherchant à répondre aux causes profondes du phénomène et d’abord en sauvant ces enfants innocents qui accompagnent et guident ces hommes et ces femmes dans leur vie parasitaire, et dont l’avenir est totalement compromis. Une autre solution est donc possible. Qu’ils les voient à la prochaine fois qu’ils seront au Niger ou pas, ceux qui seront nos hôtes, savent déjà qui nous sommes, et savent qu’il y a des mendiants ici, comme on en trouve ailleurs. C’est donc dans une vision programmatique qu’il peut être possible de s’attaquer au phénomène et de le résoudre. Cela fait des années que les Nigériens ont exporté leur misère, la mendicité notamment, en migrant vers d’autres pays, pour n’avoir de métier que de mendier. Dans presque toutes les capitales de la sous-région, ils pullulent, quémandant et exhibant leur identité nigérienne mendiante.

Il y a quelques mois, les Algériens s’en plaignaient, demandant qu’on vienne prendre les nôtres qui les encombrent, les gênant dans leur vie ; les Béninois aussi, qui, pour leurs fêtes de fin d’année s’en étaient offusqués, les forçant à rentrer au pays, pour leur permettre de fêter, libérant leur espace occupé et colonisé.

Pour ça au moins, la mendicité est un réel problème pour notre société, surtout quand certains qui peuvent ne pas s’y adonner, s’y plaisent, gagnés par le parasitisme et la tentation du gain facile. Mais d’abord, il urge d’arrêter cette sortie de ces mendiants qui migrent, n’ayant que faire de leur part de dignité, pour aller ternir l’image d’un pays. Au lieu de se battre à ne pas les voir, juste pour une semaine, évitons qu’on ne les voit chez ceux qui viennent et qui savent qu’ils sont les nôtres.

La mendicité ne doit plus être un produit nigérien exportable qui passe à l’insu de la douane !

C’est le premier combat à mener. La Renaissance, peut-on croire, pour ce faire, se trompe dans son nouveau combat.

Gobandy 

04 mai 2019
Publié le 25 avril 2019
Source : Le Monde d’Aujourd’hui