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Crise universitaire : L'autonomie des universités publiques officiellement remise en cause (Par Moussa Tchangari)

À l'époque, plusieurs voix se sont élevées pour rappeler aux enseignants chercheurs que leur bras de fer contre le mouvement étudiant pourrait sonner le glas de l'autonomie des universités publiques dont ils se posaient déjà en défenseurs ; mais, personne n'a pu convaincre des enseignants chercheurs décidés à extirper de leur espace la gangrène criminelle introduite par un mouvement auquel beaucoup d'entre eux appartenaient il y a si longtemps encore. C'est le régime de Issoufou Mahamadou qui a tiré enseignement de cet épisode comme du premier épisode de la crise d'autonomie des universités publiques : la première fois, il s'est adjugé les dirigeants du mouvement étudiant et scolaire ; et la dernière fois, il a décidé de reprendre aux universitaires tous les pouvoirs qu'ils se sont battus pour avoir.

Aujourd'hui, les maîtres et leurs élèves se retrouvent dans une sorte d'impasse ; ils réalisent enfin ce que tout le monde voyait venir et ne savent plus à saint se vouer. C'est triste, bien triste ; mais, pas seulement pour eux. C'est triste pour le pays tout entier. La situation actuelle vient montrer que ce pays a un grave problème ; et ce problème, c'est l'apathie qui s'est installée dans l'esprit de millions de personnes. C'est cette inaction de la société toute entière face à la grave crise qui mine l'ensemble du secteur de l'éducation dans son ensemble. Cette inaction montre, si bien est, que l'avenir collectif n'intéresse plus grand monde.

En tout cas, on peut bien se moquer des enseignants chercheurs qui ont tissé la corde avec laquelle le régime de Issoufou Mahamadou cherche à les pendre; mais, n'oublions pas que d'autres peuvent aussi se moquer de nous tous qui regardons une poignée d'autocrates détruire l'école publique. La question de l'élection des recteurs et des autres responsables des universités publiques n'est pas seulement une affaire des enseignants chercheurs ; et si nous pensons que cette question est superflue, parce que nous ne voyons plus depuis longtemps de différence entre des autorités universitaires élues et nommées, ne soyons pas surpris qu'en 2021 le successeur de Issoufou Mahamadou soit nommé par décret ou par acclamation comme lors de sa désignation en qualité de candidat. Les enseignants chercheurs ne feront pas leur autocritique, c'est certain; défendons l'autonomie des universités publiques, c'est sûr ça leur servira de leçon. Les étudiants d'aujourd'hui feront certainement des thèses sur ces tristes épisodes ; mais, il faut, pour que cela advienne, que chacun se lève et se batte pour que l'école, à tous les niveaux, marche.

Moussa Tchangari

28 avril 2019
Source : Le Nouveau Républicain