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Lettre au “président de la République”: Monsieur le “Président” Malgré vos déclarations d’intention, des compatriotes vous prêtent l’intention de ne pas vouloir partir

Monsieur le ‘’Président’’ Si le Pnds se précipite ainsi à investir son candidat à l’élection présidentielle prochaine, à deux ans de l’échéance électorale, c’est qu’il y a anguille sous roche. Je sais qu’à l’intérieur du Pnds, il y a beaucoup d’oppositions à la candidature de Bazoum. Je sais aussi que ces oppositions sont à la fois nombreuses et farouches. Je sais enfin qu’elles vont s’amplifier au-delà du 31 mars 2019. Si l’investiture de Bazoum est prévue aussi tôt afin de faire taire ces contestations, je me demande bien pour quelle raison spécifique le Mnsd nous a fait la surprise de transformer son 9e congrès statutaire en un congrès d’investiture. Vous allez peut-être me dire qu’au sein du Mnsd Nassara également, le climat n’est pas bon et que Seïni Oumarou veut se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise. C’est fou que vous soyez tous en train de suivre Hama Amadou et son Lumana dans leur logique ! Le destin est implacable et j’y crois fermement. Je sais que, vous et moi, nous n’avons pas la même idée, la même compréhension et la même acception du destin. C’est pourquoi je ne m’empêtrerai pas dans ce labyrinthe.

Monsieur le ‘’Président’’

Saviez-vous, vraiment, qu’à l’occasion de ce 9e congrès statutaire du Mnsd, SeïniOumarou allait se faire investir candidat de son parti à l’élection présidentielle de 2021 ? Etiez-vous dans le secret qu’il se déclarerait partant sur la ligne de départ plus tôt que Mohamed Bazoum pour le compte du Pnds ? Moi, j’avoue que je fais partie de ceux qui ont été surpris par cette résolution du congrès du Mnsd. Il est bien vrai que des rumeurs persistantes présentaient de plus en plus Seïni Oumarou comme un leader politique qui aurait tout vendu et qu’il ne serait pas carrément candidat à l’élection présidentielle prochaine. Je conviens que même si ces rumeurs ne sont pas fondées, elles ont la particularité d’installer autour de Seïni un climat de suspicion et de complot qu’il lui faut nécessairement ébruiter. Politiquement, il ne pouvait accepter de se laisser liquider à petit feu, des rumeurs persistantes, là aussi, faisant état de grands militants du Mnsd qui ne seraient plus en odeur de sainteté avec le parti et son leader. Quoi qu’il en soit, Seïni Oumarou a incontestablement posé un acte politique très fort, faisant taire les colportages de ses détracteurs internes au parti, et coupant l’herbe sous les pieds de ses amis du Pnds que l’on soupçonne de vouloir imposer aux partis de la MRN un candidat unique.

Monsieur le ‘’Président’’

Des voix, ici et là, se font entendre pour prétendre que l’investiture de Seïni gêne considérablement le PndsTarayya et Mohamed Bazoum. Si ce n’est pas le cas, c’est que le président du Mnsd a tenu à clarifier les choses, très tôt, et cette vérité qu’il vient de faire entendre est valable aussi bien pour Mohamed Bazoum que pour vous. Je m’explique :

Pour Mohamed Bazoum, le candidat que vous avez choisi pour le Pnds, Seïni Oumarou a certainement laissé entendre qu’il le trouvera sur son chemin, dans un jeu électoral de « chacun pour soi, Dieu pour tous ». Cette vérité parcellise davantage la base électorale sur laquelle mise Mohamed Bazoum tout en créditant Seïni Oumarou d’une opinion favorable. L’investiture du président du Mnsd procède de cette simple analyse que dans un contexte politique aussi incertain et un candidat du Pnds plus que contesté dans son propre parti, il y a une belle carte à jouer. Pourquoi servir de cheval de Troie alors que l’on peut être roi ? Telle est la logique qui a conduit Seïni Oumarou et le Mnsd à prendre leur destin en main. C’est cela qui explique que Seïni et le Mnsd ont décidé de revenir sur le caractère consensuel du code électoral et le respect scrupuleux, souligne-t-il, du chronogramme électoral. Pour vous, justement, Seïni Oumarou a transmis un message clair. Non seulement ils n’accepteront pas un code électoral aussi taillé sur mesure tel que celui qui est en passe d’être transmis à l’Assemblée nationale, mais ils ne toléreront pas, non plus, qu’il y ait des dérapages du calendrier électoral. Or, dans une semaine, en principe, s’ouvrira la session des lois de l’Assemblée nationale. Une session au cours de laquelle les députés doivent plancher sur le code électoral contesté. Bien qu’il ait pris des gants pour le dire, le propos du président du Mnsd a valeur de mise en garde pour vous-même puisque vous avez la mission d’organiser des élections apaisées, transparentes et libres. Quant à l’aspect « dérapages » du calendrier électoral, Seïni Oumarou sait de quoi il parle. Je le soupçonne, mais je me garde de l’aborder, ici. Ce qui est certain, c’est que le retard dans l’exécution du calendrier électoral accuse déjà un retard considérable et l’évolution actuelle des choses laisse entrevoir que ce retard vas se creuser davantage. J’ignore si c’est délibérément organisé, mais j’imagine que Seïni Oumarou a des craintes sérieuses.

Monsieur le ‘’Président’’

Je ne sais pas ce que Demain nous réserve. Mais je sais que l’horizon est de plus en plus ombragé. Je compte d’ailleurs approcher certains proches du président du Mnsd afin d’être éclairé sur les dessous des cartes. Je voudrais comprendre ce qui fait tant peur à Seïni Oumarou et qui l’a amené à se faire investir plus tôt que prévu. Les seules rumeurs sur le fait qu’il serait nonpartant n’expliquent pas tout. Il y a assurément d’autres raisons plus importantes. Moi, je ne juge que sur pièce, comme on dit. En attendant de mieux comprendre ce qui fait si peur à Seïni Oumarou et au Mnsd, je voudrais vous dire que votre activisme de ces derniers temps a quelque chose d’étonnant. Malgré vos déclarations d’intention, des compatriotes vous prêtent l’intention de ne pas vouloir partir. Vous êtes toujours en cours de mandat et je ne sais pas où les gens tirent une telle chose. La vérité est comme le jour. Elle finit toujours par s’imposer.

Mallami Boucar

04 avril 2019
Publié le 27 mars 2019
Source : Le Monde d'Aujourd'hui