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Amères vérités : La commission électorale actuelle a-t-elle la légitimité politique qu’il faut pour mener à terme le processus électoral sans exposer le Niger à des risques majeurs ?

Bien que le groupe est ouverte aux partis non affiliés à qui il est concédé deux places de jouissance en échange de leur caution, importante pour faire croire à un consensus de la classe politique, la légitimité de la commission électorale actuelle reste toujours sujette à caution. Pour s’en rendre compte, posez-vous simplement la question suivante : que vaut la caution de partis politiques pour qui il n’y a aucun enjeu véritable dans les élections à venir ? Pendant longtemps, des observateurs perspicaces se sont demandés si ces partis non affiliés ne seraient pas en train de ruer dans les brancards, non pas pour affirmer leur existence et se faire respecter en tant que tels, mais uniquement pour arracher quelque chose au pouvoir. Ne représentant qu’un courant symbolique dont les membres ne seront pas sur la ligne de départ des locales, à plus forte raison aux législatives et à la présidentielle. Loin de nous l’intention de prétendre que partis politiques insignifiants, ils le resteraient à vie. Mais l’expérience a démontré que la plupart des petits partis ont été créés par leurs fondateurs pour servir d’instruments pour de viles marchandages devant procurer quelques subsides pour …

La commission électorale actuelle ne peut que conduire le Niger vers des rivages dangereux. Ce n’est pas un hasard si les partenaires financiers refusent de mettre la main à la poche. Ils disposent d’informations suffisantes et fiables sur le processus électoral pour en rajouter. Car, la réalité est plus complexe que ne le laisse penser le tableau, trop beau pour être vrai, que cherchent à vendre Brigi Rafini et Mohamed Bazoum, le père du code électoral actuel et qui espère en tirer le plus grand bénéfice.

Les griefs de l’opposition ne se limitent pas aux quatre articles mis en épingle : 8, 12, 80 et 81. La publication d’un article intitulé « Un code électoral pour des élections querelleuses » par un confrère de la Place révèle l’étendue des désaccords et les conséquences liées au maintien d’un code électoral à problèmes. Me Souna Issaka et ses collègues, qui savent que le processus électoral est fortement hypothéqué par l’inexistence de la légitimité politique qu’il lui faut pour être écoutée, considérée et inspirer confiance aux partenaires.

La question qui se pose et qui, selon des informations dignes de foi, expliquerait le refus poli des partenaires de mettre la main à la poche, est celle-ci : y a-t-il au sommet de l’Etat la moindre volonté d’organiser les élections à venir à date ? Autrement, existet-il un souci d’exécuter l’agenda électoral tel que prévu ? Nous sommes en tout cas dans une sorte de quadrature du cercle à laquelle nous ne voyons aucune issue. D’une part, le pouvoir en place, qui étouffe sous un problème financier inextricable, attend, telle une bouffée d’oxygène, la contribution financière des partenaires pour pouvoir avancer dans le processus électoral ; d’autre part, les partenaires extérieurs attendent du pouvoir un signal fort prouvant sa bonne foi d’organiser des élections inclusives, libres et transparentes. Or, le récent atelier de validation du code électoral par le pouvoir en place, avec des modifications qui l’arrangent, éloigne les perspectives d’un concours financier des partenaires extérieurs.

La commission électorale tourne, donc, en rond, sans tableau de bord clair. Elle se complaît ainsi dans un silence troublant, balloté dans des problèmes financiers qui ne font que creuser, chaque jour davantage, le retard, déjà important, qu’ont dénoncé deux de ses membres, en l’occurrence madame Katambé Mariama et Wada Nafiou. Par-delà la question de l’argent qui plombe le processus électoral, le caractère boiteux du code électoral reste sans aucun doute la plus grosse hypothèque. Des élections paisibles sont-elles possibles avec une telle loi électorale qui garantit au Pnds « des élections jouées et de résultats connus d’avance » ? C’est assurément NON et ceux qui, dans leurs petits coins, s’ingénient à minimiser les risques que cela fait peser sur la quiétude sociale et la stabilité du pays sont certainement des aveugles qui ne voient pas autour d’eux pour comprendre la gravité de la situation vers laquelle l’on s’achemine.
BONKANO

09 février 2019
Source : Le Canard En Furie