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Amères vérités : Lorsqu’on gouvernance, on fait deux fois plus attention aux équilibres..

À ce propos, l’opposition a rendu publique une déclaration. Et après avoir dénoncé le recrutement mafieux de l’opérateur technique chargé de la biométrie et le lancement unilatéral des opérations d’enrôlement, les manigances, les faux-fuyants, les manœuvres politiciennes, et les reniements, la mauvaise foi des représentants du Pnds, l’attitude ambivalente et irresponsable du Premier ministre, les pratiques du fait accompli, elle a appelé l’ensemble des Nigériens, acteurs sociaux et politiques, à se dresser comme un seul homme pour faire échec à ce projet funeste de confiscation du suffrage du peuple souverain ».

Le décor est planté, les acteurs se disent prêts à aller jusqu’au bout de leur affaire et les enjeux sont énormes. En vérité, nous sommes déjà aux abords du fossé et chaque once d’arrogance et de mépris, chaque acte, chaque fait accompli nous pousse davantage au bord du précipice. Si les propos de Mohamed Bazoum sont chargés de morve pour une opposition qu’il croit poltronne pour aller au-delà des déclarations d’intention et de vaines protestations, ceux de l’opposition sonnent pourtant comme de la révolte et de la mise en garde. Le feu, ne l’oublions pas, vient toujours de la plus petite étincelle. Il n’est, donc pas conseillé, en pareilles circonstances, de croire que ça n’arrive qu’aux autres ou que l’autre n’osera jamais franchir le pas. Les affaires de foule sont complexes et souvent insaisissables.

Sur quoi mise Mohamed Bazoum pour faire le dur à cuir, l’intransigeant ? Sur l’usage abusif éventuel des Forces de l’ordre pour mater toute contestation possible. Or, le pouvoir d’Etat est à la fois aléatoire et éphémère pour fonder un homme d’Etat véritable à se fourvoyer ainsi comme le fait Mohamed Bazoum. Il est évident qu’en proie au vertigo du pouvoir, un pouvoir aussi total que celui du Pnds, Bazoum ne peut pas de le comprendre. Mohamed Bazoum, comme ses commanditaires de l’ombre, ne peut pas comprendre que la personnalisation de la loi est un couteau à double tranchant et que ce qu’il défend aujourd’hui, becs et ongles, pourrait être la corde avec laquelle il risque d’être neutralisé. Rien qu’avec les crimes économiques et les violations de la loi fondamentale, les trafics en tous genres, le Pnds sera laminé par la même machine judiciaire.

Le fossé qui sépare les deux pôles politiques, à savoir le pouvoir, incarné par le Pnds dont les ténors portent toutes les casquettes, et l’opposition, est donc de plus en plus énorme. Or, lorsque, en pareilles circonstances, le fossé entre les camps s’élargit, il y a forcément un malaise grandissant qui risque de déboucher à des situations ingérables. La position et le discours d’un Mohamed Bazoum, qui n’est pas si différent d’un Brigi Rafini, d’un Alka Indatou ou même du Président de la République dont on a vu la nature du dialogue invoqué dans son message à la nation du 18 décembre 2018, sont irresponsables. Il ne faut jamais trop tirer sur la corde, dit-on. Quelle que soit par ailleurs son assurance. Lorsqu’on gouvernance, on fait deux fois plus attention aux équilibres. Lorsqu’on parle des enjeux les plus graves comme d’un match de football, c’est que l’on ne mérite pas de porter la moindre responsabilité d’Etat. Face à ce discours d’insouciance, d’arrogance et de mépris qu’affiche Mohamed Bazoum, il suffit que les discours au sein de l’opposition soient aussi salés et portés sur la diatribe et la difiance pour que les choses tournent mal.

La commission électorale compterait, si l’on s’en tient aux conclusions de la réunion du 24 janvier 2019, 19 membres, dont cinq membres pour la majorité, cinq pour l’opposition, deux pour les non affiliés. Le Bureau serait élargi, les cadres n’auraient pas de voix délibérative, mais les dispositions des articles 8, 80 et 81 seront maintenus.

En termes clairs, le pouvoir exclue Hama Amadou, le président du Moden Fa Lumana Africa et chef de file de l’opposition, des prochaines consultations électorales. En outre, en maintenant les articles 80 et 81, le pouvoir garde la main sur l’ensemble du processus électoral, car c’est maître Souna et ses représentants locaux qui nommeront les membres des bureaux de vote. Le ver est par conséquent resté dans le fruit et il est fort à craindre que le code électoral ainsi adopté ne soit à la base de graves déchirures au Niger.

BONKANO  
03  février 2019
Source : Canard en Furie