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[POINT DE VUE] « La France, l’Afrique et le Franc CFA » par le Dr Abdoulaye Hassane Diallo (Publié le 20 juin 2016)

ll   y a l’Union des Comores, où nous avons le franc Comorien et son Code ISO 4217 est KMF.

Quant à l’ile de la Réunion le franc CFA a vécu de 1945 à 1975   alors que l’ile de Mayotte a été servie de 1946 à 1976 . Ces 2 entités vont également utiliser le franc français et l’Euro car considérées comme des territoires français.

Nous avons enfin les 3 Collectivités françaises du Pacifique : la Polynésie française, Wallis-et Futuna et la Nouvelle –Calédonie. Ces possessions françaises sont servies par l’Institut d’émission d’Outre – Mer : EOM et utilisent le franc pacifique ou CFP dont le Code   est ISO 4217 est XPF .

Toutes ces monnaies ne représentent que 3°/° de la masse monétaire EURO et ne font pas partie de la zone franc Alors que l’Afrique Continent de la zone franc , n’est pas arrimée à l’EURO.

II y a lieu de comprendre tout le mécanisme mis en place pour lier les mains aux africains disons pour les dissuader d’émettre leur propre monnaie. Avec à tord ou à raison la complicité non seulement de nos partenaires français mais aussi de certains africains. Quelle dérive et quelle perte de temps !

Enfin, pour d’avantage mieux comprendre ou bien saisir la nasse et le filet dans lesquels on nous a mis il y a lieu de donner ici quelques explications sur le fonctionnement du circuit mis en place au niveau de chaque Banque Africaine.

En dehors de la Banque mère dite Banque de France, nous avons notre Banque Centrale qui fait office de notre portefeuille. II y’a les 3 Banques Africaines que nous avons citées au niveau de la répartition géographique sur notre Continent. Chacune dispose d’un Conseil d’Administration qui décide de la gestion de ces institutions financières.

S’agissant de la BCEAO , le Conseil d’Administration comprend   8 membres dont 2 blancs qui représentent le Gouvernement français et qui disposent d’un pouvoir de Véto. Même si explicitement ce n’est pas écrit noir sur blanc dans les textes qui gèrent la Banque. IIs ont un pouvoir de décision sur le fonctionnement et l’Orientation de ces Banques. Quand bien même s’ils sont minoritaires en nombre. Au niveau de la BEAC de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale sur 6 membres qui constituent le Conseil d’Administration il y 2 français au nom de la France . IIs ont aussi les mêmes prérogatives que leurs collègues des autres Banques. Lorsqu’il y a une réunion du Conseil d’Administration de la Banque le dernier mot leur revient . Les africains propriétaires sur papier de leur argent n’ont aucun pouvoir de remettre en cause l’avis de nos partenaires français. D’où l’adage «  Circulez, il n’ y a rien à voir ».

Enfin , lorsqu’un pays ou un Etat de la zone franc vend ses matières premières à un pays étranger disons comme la Chine il est remboursé dans la devise de l’acheteur. C’est le yen et nos Banques ne peuvent pas les encaisser. Ces sommes vont naturellement dans leurs totalités dans les caisses de la Banque de France . Cette   dernière ne donne au pays qui a vendu son bien que 5O °/° de toute la recette alors qu’il ne remet qu’en franc CFA avec bien sûr son taux d’intérêt   Résultat « on ne voit que du feu » comme dirait l’autre. Nous sommes remboursés en monnaie de «  singe ». Pendant ce temps nos matières premières disparaissent, nous n’avons pas notre argent et nos populations souffrent . Parce que nos droits sont détournés au profit de l’autre. Et nous nous taisons et fermons les yeux.

D’autre part, le franc CFA est convertible. Soit ! Mais allez au Cameroun ou dans n’importe quel pays de la zone franc avec un billet d’un autre pays. Vous ne pourrez pas trouver le change parce que les billets de tous les pays ne sont pas les mêmes Finalité il faut aller à la Banque de France pour trouver l’équivalent de votre monnaie. Et là, le taux d’échange est en faveur de l’Euro donc en notre défaveur. 1 EURO pour 657 franc CFA. Allez y comprendre ! D’ailleurs le franc CFA n’est pas connu en dehors du territoire qui l’utilise. Au Maroc lorsqu’au cours d’un de mes déplacements j’avais demandé à un Marocain si l’on pouvait me faire de la monnaie CFA , il m’a dit «  Mais qu’est ce cela veut dire ? » Une autre passagère qui avait des problèmes détenait pleins des billets CFA et voulait trouver des Euros ou n’importe quelle monnaie On lui a répondu qu’on ne connait pas sa monnaie. Je  trouve que ces Marocains ont bel et bien raison parce qu’on n’a jamais dans aucune université, ou établissement d’enseignement français donné des cours sur le franc CFA. Allez dans une Banque en France et sortez un billet de franc CFA. On vous regardera avec un air d’étonnement accompagné de la phrase suivante « je connais pas ».

NOUS AVONS INTERET A NOUS REVEILLER

Tel est le triste sort qui est le notre dans cette sordide affaire de   franc   CFA qui nous crée plus de problèmes qu’il n’en résolve. Si nous voulons vivre au lieu de survivre. Nous avons assez dormi sur nos lauriers pendant que le monde avance sans nous. Nous avons une responsabilité collective et l’histoire ne nous pardonnera  jamais. Et si nous ne le savions pas nous devrions interpeller notre conscience endormie. Nous pouvons remédier à cette grave dérive parce que nous en avons les moyens et avec une volonté nous y arriveront comme ceux qui ont pris leur responsabilité. Des pays comme le Maroc a quitté cette zone ou ce club en 1957 pour créer sa propre monnaie, l’ Algérie qui s’est battue les armes à la main a aussi pris ses responsabilités en quittant. Elle dispose de sa propre monnaie et la Tunisie leur a emboîté le pas. Ce sont des Etats respectables et respectueux en inscrivant leur Souveraineté au fronton de leur liberté et de leur indépendance. Beaucoup de pays et Etats africains et d’autres dans le Monde ont préféré émettre leur propre monnaie avec tout ce que cela comporte comme risques. Le cas des pays anglophones comme le Ghana et le Nigéria pour ne citer que ceux-ci qui ont leur propre monnaie sont souverains quoi qu’on dise . Aucune puissance même leur ancien Maître le Royaume de Grande Bretagne ne peut se permettre de s’immiscer dans la gestion de leur monnaie. Pourquoi pas nous ?

Nous devons nous poser des questions, des interrogations sur ce sujet. Si notre monnaie le CFA est émise à Chamalières en France l’Euro par contre est émis à Francfort. Pourquoi notre monnaie est émise en France et l’Euro en Allemagne ? Les raisons sont simples parce que c’est la France qui détient notre bourse et la France aussi n’a pas dérogé à la ligne depuis l’occupation lorsque sa monnaie était imprimée en Allemagne. Même si dans le cadre de l’Union Européenne il y’a une répartition de la fabrication des matières premières des Etats membres en produits finis sur le plan régional. Il y’a toujours des questions à se poser. Quand on sait que la France est la sixième puissance économique mondiale.

Nous souhaitons que les Africains interpellent la France pourquoi pas à travers leurs dirigeants qui sont leurs porte paroles officiels sur ce silence total sur l’émission de notre propre monnaie chez nous. Elle sait très bien que sans une monnaie propre à soi l’indépendance ne garantit pas la Souveraineté d’un Etat. En dépit de la possession de tous les outils Républicains : Hymme, Drapeau, Armoiries etc sans la monnaie il n’y a pas de totale Souveraineté qui demeure le socle de toute liberté. La France a la responsabilité du moins une partie de notre indépendance vis-à-vis de la monnaie du Franc CFA. Nos indépendances devraient être accompagnées du drapeau et notre future monnaie. Parce que nous avons eu plus de cent ans de compagnonnage qui aurait forgé des liens de complémentarité au lieu de subordination. Car si tout le temps que la France est demeurée sur nos terres d’Afrique, nous devrions être l’objet d’une Reconnaissance au lieu de continuer à être tenus « en laisse » . Comme nous le sommes encore et toujours de nos jours. On nous a abreuvés d’une culture et d’une langue qui ne sont pas les nôtres alors que nous possédons des plus belles du monde. En France encore dans certains coins pour ne pas dire partout on   continue de nous regarder comme le Bon Nègre  « d’ y a Bon Banania » , cette marque ridicule du noir en chéchia rouge sur les Boites de café . Pour amuser les poilus pendant la première et la Deuxième guerres Mondiales au fond des tranchées de Verdun, des Chemins des Dames ou des Dardanelles . Des champs de batailles où toute la fleur de la jeunesse africaine a versé son sang pour l’Europe. Nous avons en mémoire bien logés dans notre subconscient des discours d’hommes politiques ou écrivains français sur l’Afrique et ses richesses d’ailleurs pillées. Jules FERRY qui a créé l’Ecole française disait que « l’Afrique était un réservoir des richesses pour la France ». Nous nous rappelons encore de cette phrase que nous avions apprise et retenue dans nos villages lointains d’Afrique à l’école dans le livre TERRISSE véhiculant les idées coloniales  ( Nos ancêtres étaient des Gaulois et la France notre grande Patrie). Plus de cent ans après d’autres français contemporains lui ont emboîté le pas dans ce sens. Mais pour des raisons de pudeur je ne les cite pas. Cependant, ils sont connus de nous tous. Nous les laissons dans leur vilaine posture. D’ailleurs pour rapporter une conversion entre un chef d’Etat Africain et Français dont nous taisons les noms. Nous avons retenus ceci. Le Président Français disait « la France est une voiture, sans elle l’Afrique ne pourra pas avancer ». Et au Président africain de rétorquer  que « si la France est une voiture, l’afrique représente l’essence ». Ce qui est bien vrai du reste car sans essence aucune voiture ne peut démarrer. Sur le plan moral cela devrait interpeller notre ancienne maitresse. Jules FERRY avait raison parce que nous avons été spoliés et nos richesses bradées. Nous n’avons aucun intérêt de tirailler avec la France mais nous avons le devoir de la mettre en face de ses responsabilités qu’elle n’a pas voulu assumer. Parce que si nous étions aussi indépendants qu’on le pense , des usines auraient poussé chez nous dans nos villes pour transformer nos matières premières sur notre sol d’Afrique . Au profit de nos populations et on ne serait plus l’objet d’une actualité brûlante sur les écrans des télévisions occidentales dont l’Afrique et les Africains sont montrés du doigt en train de mourir par grappes noyés dans des océans. A la recherche nous dit-on d’un Eldorado qu’on leur miroite. Nous serions dans nos forêts, nos cases et sur des grandes places publiques entrain de développer notre continent. Nos jeunes, nos femmes et d’autres n’allaient pas risquer leurs vies pour moins que rien. Mais, on préfère nous accueillir sur ce sol français pour nous donner le savoir et nous abandonner sans travail si ce n’est pas une reconduite à la frontière tout simplement.

Nous avons une responsabilité collective dans tout cela et il n’ y a pas lieu de nous blanchir nous les africains lorsque nous observons tout ce triste spectacle et ces injustices criardes à l’endroit de nos peuples sans rien faire. Nous interpellons et au premier Chef nos dirigeants, nos intellectuels et tous ceux qui peuvent réfléchir pour mettre nos intelligences et nos compétences à la disposition de nos populations, qui n’ont aucun revenu dans des pays où les salaires, les bourses et autres dépenses de Souveraineté deviennent un « casse tête Chinois ». Parce que les économies sont telles que le citoyen lambda court chaque jour à la recherche de son quotidien : manger et boire . Nous avons trop dormi et dans un sommeil très profond. C’est le lieu d’interpeller l’Union Africaine et les Etats qui l’ont mise en place pour rassembler les peuples des pays membres. Car si nous revisitons l’histoire , nous retiendrons  que l’un des objectifs de la grande sœur OUA était de libérer ou d’aider à la libération des pays africains qui n’étaient pas encore indépendants . Et l’autre d’aider les Etats indépendants à créer leur monnaie pour aboutir à une monnaie africaine Unique. De 1963 à nos jours il s’est passé assez de temps , même trop de temps. En 1986 les Etats membres ont réédité cet objectif sans jamais l’atteindre. Cela fait 28 ans que la chanson dure et le disque risque d’être rayé. Tout récemment nous avons entendu dire que les Etats membres de la CEDEAO vont bientôt s’atteler à la création de notre monnaie. Et que cette mission a été confiée aux Chefs d’Etat du Ghana et du Niger. Tant mieux. Nous attendons. Puisque l’UEMOA et ses autres Institutions   sœurs existent déjà. Afin que nous puissions élever la voix et nous procurer des outils pour construire nos Etats et enfin notre Continent qui souffre alors qu’il ne le mérite pas. Sinon , l’histoire donnera raison sur ce paysan africain qui, quelques années après nos Indépendances avait posé cette question «  A quand la fin de l’Indépendance ? » A tord ou à raison il avait traduit ce qu’il pensait certainement de la gestion des nouveaux maitres du pays.

Et quoi qu’on dise l’Afrique est riche mais les Africains sont pauvres.

Nous le resterons si nous ne nous réveillons pas parce que cette jeunesse , ces femmes et tous les autres ne méritent pas de subir tant de souffrances. Parce que demain, c’est déjà aujourd’hui et parce que personne ne viendra bâtir nos Etats et construire notre Continent à notre place. Car le temps passe et le monde avance ailleurs. Nous avons aussi le droit de vivre et de mourir décemment comme sous tous les cieux du monde .

Dr Abdoulaye HASSANE DIALLO, Dr en Sciences Politiques, Fondateur et Directeur de Publication du journal La Liberté, Fondateur et Président de la Ligue Nigérienne de Solidarité Humaine LN SH BANI LAHIA, Ecrivain, Grand Officier

29 janvier 2019
Publié le 20 juin 2016
Source : https://www.nigerdiaspora.net/index.php/idees-opinions-archives/item/74426-point-de-vue-la-france-l-afrique-et-le-franc-cfa-par-le-dr-abdoulaye-hassane-diallo