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Lettre ouverte citoyenne au Président de la République : Pour une enquête indépendante sur la mort du Président Baré

Je me dois également de vous rappeler que, de son vivant, le président Baré avait été victime de plusieurs tentatives avérées d’assassinat et/ou de coup d’Etat dont je ne citerais que quelques-unes :

1- En février 1996, quelques semaines à peine après le coup d’Etat du 27 janvier 1996, quand les proches d’un ancien président de la République ont cherché à attenter à la vie du président Baré en se procurant des armes ;

2- Le 06 novembre 1997, quand un coup d’Etat était prévu pour intervenir lors du séjour du Président Baré à Hanoï pour le 7è sommet de la Francophonie ;

3- Le 17 novembre 1997, lors d’un projet d’attentat à son retour du sommet de Hanoi, quand les assassins avaient projeté de bombarder l’avion présidentiel ou de tirer à l’arme lourde sur le Président à l’aéroport ou à la résidence ;

4- Le 29 mai 1998, lors de la mutinerie/coup d’Etat de la garde Républicaine, déclenché dans l’après-midi au camp FNIS du quartier Yantala, non loin du Palais présidentiel ;

5- Le 30 mars 1999, un projet d’assassinat du Président avait été envisagé par le même groupe de conspirateurs au retour du pèlerinage des Lieux Saints de l’Islam du président Baré, le 2 avril 1999. Les assassins avaient eu l’intention d’abattre l’avion présidentiel à l’amorce de sa descente sur l’aéroport de Diori Hamani de Niamey.  

Et que dire de ce célèbre opposant qui faisait le tour de ‘’ses parents’’ dans les casernes pour demander de « liquider Baré » ?

Malgré ces multiples tentatives d’assassinat et actes foireux, le président Baré a toujours évité des procès ou des emprisonnements massifs des conjurés afin de préserver la paix sociale.

Renseignez-vous, quelques mois avant l’assassinat du 09 avril 1999, j’ai eu à me rendre personnellement auprès du père de l’auteur de la malheureuse formule de « l’accident malheureux » du 09 avril 1999, pour l’alerter, en présence de deux témoins de la haute hiérarchie de la Police encore vivants, du projet de son fils consistant à « régler ses comptes au plus haut sommet de l’Etat », selon ses propres termes.

C’est pour toutes ces raisons que nous avions espéré que le président de la République, magistrat suprême respecte les décisions de la Cour depuis sa notification en novembre 2015 à l’Etat du Niger. Mais, en lieu et place du déclenchement d’une enquête en bonne et due forme sur cet assassinat, nous avions assisté, à deux reprises, au déploiement d’un rouleau compresseur pour casser des auteurs de présumées « tentatives d’assassinat » sur votre personne.

En appui à notre revendication, je vous rappelle le discours historique prononcé par François Mitterrand, président de la République Française le 4 mai 1993 à Nevers, lors des obsèques de l’ancien ministre des finances, Pierre Bérégovoy, tous les deux socialistes censés partager, de leur vivant, les mêmes valeurs que vous prétendez défendre: « [...] Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens, l'honneur d'un homme et finalement sa vie, au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous. »

Nous pensons qu’il devrait en être de même pour le président Baré. Ce, d’autant plus que vous avez eu le « courage » de mener des enquêtes et d’engager des poursuites pour des tentatives présumées d’assassinat sur votre personne à deux reprises, qui ont abouti à l’incarcération d’officiers valeureux dont l’un des Généraux les plus compétents et pacifistes des Forces Armées Nigériennes (FAN). Vous avez alors le devoir d’en faire de même pour un assassinat consommé celui-là, qui a abouti à mort d’un homme de la plus lâche et la plus barbare des méthodes, confirmée par une décision de justice.

Il vous souviendra, qu’après la brouille politique avec votre allié Hama Amadou, vos amis politiques avaient maladroitement tenté en 2014 de lui faire porter la responsabilité de l’assassinat du président Baré. Mais ses amis politiques du moment, regroupés au sein de l’ARDR, vous avaient mis au défi, par un communiqué du 16 septembre 2014 lu par le porte-parole, d’ouvrir une enquête indépendante sur la mort du président Baré. Cette déclaration engageait alors les présidents Mahamane Ousmane et Tanja Mamadou, vos anciens camarades de l’ex Front de Restauration et de la Défense de la Démocratie (FRDD), opposé au président Baré jusqu’à son assassinat.

La justice Divine, d’habitude plus lente que celle des hommes, a déjà,nous semble-t-il, indiqué la voie et poursuit inexorablement son œuvre, puisque Voltaire l’a dit « La crainte suit le crime et c’est son châtiment. »

Si, comme à votre habitude, vous optez pour le silence, je vous rappelle que le peintre Henri Morêt a prévenu : « On ne peut jamais être neutre. Le silence est une opinion ». Vous engagerez alors de ce fait, et en toute connaissance de cause, votre responsabilité entière dans ce crime odieux contre l’humanité devant l’Histoire (avec un grand H).

La Sagesse Wolof, que j’ai pu apprécier lors de mon long et précieux séjour au merveilleux pays de la Téranga, « recommande de ne pas dire tout ce que l’on sait » (Du lu nit xam, wax).

Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.

Djibrilla Mainassara Baré

Ancien Conseiller Spécial du Président de la République