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Amères vérités : Il est désormais impossible de sauver le soldat Salou

Le deuxième gagnant est incontestablement le Président Issoufou qui se desserre ainsi d’un étau qui devient, au fur et à mesure que l’échéance approche, étouffant, voire mortel. La dénonciation du deal qui le lierait au général Salou Djibo lui permet, sans coup férir, de se débarrasser de l’étreinte embarrassante de ce soldat. Il peut, en montrant à son bienfaiteur, les raisons objectives qui militent contre lui. Non seulement la démarche pour l’imposer au Pnds Tareyya comme candidat à soutenir s’apparente à un parcours de combattant, mais poursuivre la logique jusqu’au bout l’expose à des conséquences redoutables. Car, travailler à tout casser, y compris le PndsTareyya, pour faire un boulevard au soldat Salou revient à confirmer le deal et à se mettre sur le dos tous les partis politiques.

Le troisième gagnant est Hama Amadou, le chef de file de l’opposition politique qui assène ainsi un Uppercut du droit à Mahamadou Issoufou et au soldat Salou, un intrus sur la scène politique qui doit s’effacer pour laisser libre cours à un jeu électoral sain. Mieux, Hama Amadou a semé davantage le doute dans l’esprit de partenaires politiques qui ont vu et entendu tellement de choses qu’ils ne peuvent que cultiver désormais la prudence et la méfiance, les uns vis-à-vis des autres. La guerre larvée entre le Président Issoufou et Mohamed Bazoum qui étalerait de plus en plus sa déception et son mécontentement, trouve dans cette affaire de deal ébruitée, de quoi alimenter le feu qui couve.

Quant à Salou Djibo, le seul perdant, il a joué trop gros pour ne pas finir malheureux. Lorsque, sans aucune possibilité d’en douter, les Nigériens comprendraient qu’il a conduit un coup d’Etat, non pas pour restaurer la démocratie et la légalité constitutionnelle, mais pour des calculs mesquins et mercantiles, son compte sera définitivement fait. Il ne pourra se faire une place dans l’arène politique et perdra certainement ses galons de général. Ni au Pnds ni dans l’armée où il n’aura plus aucune crédibilité, l’homme sera comme une hyène aveugle, perdue et à la merci de tous. Mahamadou Issoufou, qui œuvrera peut-être à partir tranquille et serein, pourrait éventuellement envisager de négocier une sortie honorable en sacrifiant tout ce qui paraît encombrant. Or, Salou Djibo est un colis encombrant qu’il n’est pas difficile pour le Président Issoufou de sacrifier pour se tirer d’affaire.

Dans tous les cas de figure, le soldat Salou est définitivement grillé. C’est un soldat qu’il est impossible de sauver et ceux qui s’entêteront à le faire font courir certainement au Niger de graves périls. S’il n’est pas personnellement fier d’avoir arrêté la dérive de Mamadou Tanja, il doit comprendre que Mahamadou Issoufou a beau être président de la République, il ne peut lui concéder le pouvoir. Ce n’est pas dans ses cordes. Nous ne sommes ni au village ni dans une monarchie constitutionnelle pour que Salou Djibo succède à Mahamadou Issoufou. S’il ne le comprend ainsi, il risque fort de se brûler les doigts. Quant à ceux qui, tapis au sein de l’administration publique et que l’on dit des obligés travaillant à un retour de Salou Djibo au pouvoir, ils doivent se convaincre, une fois pour toutes, que la roue tourne, inexorablement. Gare à ceux qui veulent l’arrêter ou inverser le sens.

BONKANO
26 octobre 2018
Source :  Le Canard en Furie