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La paralysie des organes consultatifs en matière d’éducation et la relance de l’école républicaine au Niger: par Moustapha Liman Tinguiri, planificateur de l’Éducation, chef de Division Formation Examens et Concours /DRES Zinder

La paralysie des organes consultatifs en matière d’éducation et la relance de l’école républicaine au Niger:  par Moustapha Liman Tinguiri, planificateur de l’Éducation, chef de Division Formation Examens et Concours /DRES Zander La loi n° 98-12 du 1er juin 1998 portant orientation du système éducatif nigérien en ses articles 70, 71 et 72 concernant les structures consultatives en matière d’éducation avait créé le Conseil National, les Conseils Régionaux et les Conseils Sous Régionaux de l’Education. Les missions, composition et fonctionnement desdits conseils ont été fixés par le décret n° 2003-195/MEB1/A/MESSRT du 24 JUILLET 2003. Ces trois conseils forment le cadre majeur de dialogue, d’échanges et de réflexions entre l’Etat et les acteurs du système éducatif. Ces organes ont des attributions très étendues clairement définies dans les termes suivants :
«  Le Conseil National de l’Education est l’organe de pilotage, de coordination, de suivi et d’évaluation du système éducatif. A ce titre, il est chargé :

  • De veiller au suivi et à l’évaluation des orientations de la politique nationale d’éducation ;
  • de sensibiliser les différents partenaires de l’école autour des objectifs de la politique nationale d’éducation ;
  • de participer à la détermination des modalités de financement, de gestion et de fonctionnement du système éducatif en rapport avec l’Etat, les collectivités, les familles, les associations, les entreprises, les ONG et autres partenaires techniques et financiers;
  • de servir d’organe de médiation et de règlement des conflits entre les différents partenaires du système éducatif »

    « Les Conseils Régionaux (CRE) et Sous Régionaux de l’Education (CSRE) sont chargés respectivement au niveau des régions et des départements :
  • d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique éducative
  • de sensibiliser les différents partenaires de l’école aux objectifs de la politique nationale d’éducation ;
  • de déterminer les priorités en matière d ‘éducation
  • de donner un avis sur les propositions de création d’écoles privées et les interventions des ONG et autres partenaires du système éducatif ;
  • de servir d’organe de médiation et de règlement des conflits, entre, les différents partenaires du système éducatif ».
    Au regard de la loi n° 98-12 du 1er juin 1998 et du le décret n° 2003-195/MEB1/A/MESSRT du 24 juillet 2003, qui restent en vigueur, il est incompréhensible que « sous l’air démocratique », les assises des différents conseils ne se tiennent plus. Pourtant, les missions des trois conseils sont très importantes et plus que jamais d’actualité et les défis qui se posent dans la gestion et la planification de l’éducation sont nombreux avec d’ailleurs d’importantes réformes en cours dans les différents ministères en charge de l’éducation.


Bien au contraire, il faut renforcer et améliorer ce cadre consultatif par la tenue régulière des deux sessions ordinaires prévues par an pour chacun des conseils, dans chaque département, région et au niveau national. Dans le temps, une seule réunion était organisée au mois de septembre pour faire le bilan de l’année scolaire écoulée, préparer la nouvelle rentrée scolaire et recueillir toutes les propositions d’amélioration de notre politique éducative. Pour se conformer aux textes, il faut tenir les deux réunions par an et la deuxième réunion pourrait se tenir au mois de mars en vue d’apprécier l’évolution de l’année scolaire et faire le suivi et l’évaluation des décisions et recommandations prises à la réunion de septembre.
La composition des différents conseils doit aussi être revue pour inclure de nouveaux membres comme les maires, les conseillers régionaux du fait de l’effectivité du transfert des compétences et pourquoi pas des représentants des partis politiques de la majorité et de l’opposition. Il est indispensable de tenir compte de tous les acteurs, de nos réalités, spécificités et contraintes pour arrêter des principes et un large consensus autour de notre politique nationale d’éducation. Les organes consultatifs en matière d’éducation constituent un cadre de dialogue très important, autant important, sinon plus important que le cadre de dialogue politique (soit dit en passant, une excellente trouvaille nigérienne), où tous les nigériens doivent échanger en permanence et se mettre d’accord sur les grandes questions d’éducation en mettant en exergue nos valeurs traditionnelles et islamiques pour un meilleur devenir de l’école républicaine.
Notre système éducatif dans une conjecture difficile avec des besoins de plus en plus croissants en enseignants qualifiés et en nombre à tous les niveaux d’enseignements, en infrastructures et équipements et une situation aggravée par une croissance exponentielle de la population, a besoin « d’un plan Marshall » ou d’investissements colossaux pour amorcer un nouveau départ. Cette relance pourrait se faire par un appui spécial de la présidence de la république et la création d’un fonds spécial de l’éducation. La présidence pourrait faire une pause dans les festivités de modernisation des villes après Zinder 2018 et Tillabéry 2019, pour consacrer la fête de la proclamation de la république de 2020 à un nouveau départ de l’éducation à Niamey. Des fonds beaucoup plus importants doivent alors être mobilisés en 2020, non pour embellir une ville mais, dans le but de réaliser des investissements dans les huit régions du pays en faveur de l’éducation. Les manifestations culturelles de la semaine de fête (chants, représentations théâtrales, sketches, débats, conférences, etc.) doivent porter sur des thèmes éducatifs et pour les manifestations sportives choisir juste une discipline pour chaque niveau d’enseignement, du primaire à l’université, pour organiser des compétitions entre les régions. D’ici là, il revisiter la LOSEN, créer un fond spécial de l’éducation, faire un état des lieux sans complaisances du système éducatif et une large concertation afin de déterminer le rôle que chaque acteur doit jouer pour une éducation de qualité.
Nous avons tous l’obligation de contribuer à la bonne marche de l’école républicaine et au développement de notre pays, quelque soit notre obédience politique, philosophique ou religieuse.

Par M. Moustapha Liman Tinguiri, planificateur de l’Éducation, chef de Division Formation Examens et Concours /DRES Zinder