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In memoriam ! AMADOU OUSMANE, Communicant, Ecrivain, Poète, Essayiste…..


Par contre, ce que je retiendrais de toi, c’est que tu es parti en me refilant le plus cruel des héritages ou des cadeaux empoisonnés : ton amante, collante, enquiquinante, affriolante, jamais assouvie même quand on lui consacre toute sa journée, sa soirée entière et sa nuit entière. A l’aube, elle te réclamera des « extras ». Cette amante, c’est l’Ecriture (avec un grand E) ainsi baptisée par Winston Churchill qui a prévenu : “L’écriture est une aventure. Au début c’est un jeu, puis c’est une amante (Astafiroulahi, je n’en ai pas et ne souhaite pas en avoir !), ensuite c’est un maître et ça devient un tyran. » Mais je te rassure, je m’en accommoderai. Couz, tu le sais, impossible n’est pas maouri, même si tes cousins maternels que nous sommes te raillent pour avoir perdu ta Toungouma, ta célèbre Pierre sacrée…. je compatis, tu le sais.
« Le biographe attitré de son petit frère Ibrahim » –le président Baré (PSA) -comme j’aimais t’interpeller, méritait amplement que je fasse le déplacement, ce mercredi 17 à 14 heures tapantes, en bravant la canicule, au Guidan Gaskya (la maison de la vérité ou morgue de Niamey), pour la levée de ton corps. A l’occasion, je me suis à nouveau rappelé de ta fameuse confidence, faite au hasard d’une de nos rencontres au Grand Hôtel, une certaine matinée de l’année 2015 et qui est restée gravée à tout jamais dans ma mémoire : « je ferais une seconde édition de l’Itinéraire (ce petit livre autobiographique du président Baré, Ed. Gutemberg, 2016, 144 pages), parce qu’Ibrahim m’a fait confiance en me nommant au Adjoint au Directeur de son Cabinet, parce qu’aucun de mes frères de Tibiri n’aurait nommé un ressortissant de Douméga à un tel poste stratégique». Je compris par ces mots graves que tu avais mesuré toute la dimension de l’homme que tu avais accompagné du début à la fin de son règne. C’est dire que tu étais conscient des liens délicat de cousinage que certains pêcheurs en eaux troubles avaient déjà commencé à concasser. Tu avais tenu à rappeler dans le préface de l’ouvrage deux extraits de l’Hymne de l’Empire du Wassoulou, la première démocratie africaine : « Si tu ne peux organiser, Diriger et défendre le pays de tes pères ; fais appel aux hommes les plus valeureux ….Si tu ne peux être impartial, Cède le trône aux hommes justes».
J’ai donc dû braver la chaleur caniculaire particulière du jour, les automitrailleuses et toutes sortes d’armes sophistiquées de tous calibres, des forêts de « kalach », pour accéder au Saint des saints : la cour de la morgue qui refusait déjà du monde….Tout au long du trajet du Rond-point à la morgue qui nous a été imposé par « l’immortel », les questions fusaient dans ma tête. Etait-ce le remake d’un exercice militaire ? L’alerte d’une attaque de l’hôpital, comme la veille à la Grande mosquée ? Renseignements pris, c’est un « immortel » qui devait assister, comme nous, à la prière …d’un mort. Mais lequel ? A la forêt de calots rouge sang (de la république ?) qui encadraient « l’immortel », qui s’est fait la réputation d’avoir une peur bleue de …la mort, je compris… Mais c’était le prix fort à payer pour assister à la levée de ton corps, Couz.
Puisque tu m’as inoculé le virus, celui de l’Ecriture, les seuls mots que je pourrais te dédicacer seront ceux d’une grande poète, conteuse et Ecrivaine, Brigitte Hue-pillette, comme tu les aimes et qui te collent à merveille :{xtypo_quote} « Mais, je déteste les mots vides, les mots valise qui sont prêts à tout, les mots prêt-à-porter, les mots grande-consolation qui ne consolent de rien, les mots compromission, les mots vagues…Mais ce sont des mots apaisements, pour ma mère qui a tant et tant enduré…Je suis et je reste un€ battant(e), je me bats, un point c’est tout. L’écriture est mon combat, mon refuge, mon remède, ma guérison, mon filtre magique, mon filtre d’amour, …, mon miroir magique. Troublant, le miroir que nous tend l’écriture, nous donne une prescience des évènements, une pré-conscience des choses, telle qu’on pourrait se penser devin. J’aimerais bien être devin…Mais non, l’écrivain n’est pas devin, il écrit au cœur des choses de la vie. Et les choses de la vie ont la même logique dans l’écriture et dans la vie…»{/xtypo_quote}


Ainsi donc, Couz, tu étais un Général armé. Tu possédais l’arme la plus redoutable des humains : ta plume.
Non, je sais que tu n’es pas mort « Couz », puisque Birago Diop, ton autre coreligionnaire l’a dit, « les morts ne sont pas morts », ils sont derrières les œuvres produites…Il vrai que ton corps est parti « écrasé par les pieds du temps » (Ponge dixit) mais tu resteras présent parmi nous, les sursitaires, parmi les futures générations par tes œuvres 15 ans ça suffit… Notre ami Kérékou…C’est certain, les poètes et les écrivains ne meurent jamais.
Mais promis juré, nous te rejoindrons. Je te promets de te rejoindre. Je ne sais si « l’immortel » te rejoindras, mais moi je te le promets, je te rejoindrais.
« La mort », comme l’a dit Stendhal « puisqu’on ne peut l’éviter, oublions-la ! ».
Ta vie est pleinement remplie !
Tel que recommandé par l’Hymne de l’Empire du Wassoulou qui t’es chère, « tu as contribué à organiser, diriger et défendre le pays de tes pères et tu as été juste», donc tu mérites de la Nation.
Ton épouse, tes enfants ne pourraient qu’être fiers des œuvres accomplies
Repose en paix Couz !

Djibril Baré
Ton petit frère et cousin de Douméga