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IDH et système éducatif : le modèle des autres peut il inspirer?


I. Les forces du système éducatif Tanzanien:

Elles se caractérisent par un contexte favorable d’apprentissage et son accessibilité à tous, du fait de l’utilisation d’une langue nationale (II).

  • Les atouts du système : le système politique Tanzanien, de manière générale, est reconnu pour être très stable ; par voie de conséquence cette stabilité profite grandement au système éducatif. Les grèves des enseignants et des élèves ne sont pas connues en Tanzanie, contrairement au Niger où les débrayages constituent la règle.
  • L’universalité du système : très tôt, après l’indépendance, les dirigeants ont fait de la lutte contre l’ignorance une de leurs priorités, et des investissements colossaux ont été réalisés pour promouvoir l’éducation à travers la construction d’une école dans chaque village et l’alphabétisation des adultes. L’éducation primaire a été offerte à tous en relation avec le développement du milieu, particulièrement l’agriculture. Il s’agit de l’« éducation pour l’autosuffisance » formulée lors de la Déclaration d’Arusha en 1967 par le Président Nyerere.


Dans le cycle primaire, la principale langue d’instruction est le Kiswahili, la langue locale, l’anglais n’est enseigné que comme langue étrangère ; elle ne devient langue d’instruction qu’au secondaire.
En dépit de ses forces, le système comporte quelques limites.


II. les limites du système éducatif Tanzanien :

  • la maîtrise de l’anglais est un peu tardive ; d’où la l’existence d’un système éducatif parallèle pour les nantis. En effet, la plupart d’entre eux préfèrent envoyer leurs enfants dans les écoles privées avec comme langue d’instruction, l’anglais.
  • Les installations, les infrastructures et les matériels didactiques pédagogiques ne suivent pas toujours du fait non seulement de la croissance démographique, mais aussi des difficultés économiques.


Malgré ces contraintes, le système éducatif Tanzanien est considéré comme performant. En Tanzanie, le taux net de scolarisation primaire est de 98% et le taux d'achèvement du primaire est de 81%. Le taux d’alphabétisation est de 85,9% chez les hommes et 70,7% chez les femmes. Les avantages du système sont certains, du fait de l’usage du Kiswahili comme langue officielle. Tous les Tanzaniens parlent et écrivent le Kiswahili ; l’administration fonctionne dans cette langue, donc est proche des administrés. Le paysan peut lire sa notice et bien se servir de son engrais, la revendeuse du quartier peut tenir son livre-journal, les médias diffusent dans cette langue. Et les autorités font facilement passer leurs messages en s’adressant directement aux populations en Kiswahili.
A n’en point douter, le système éducatif concourt pour beaucoup au rang relativement acceptable de la Tanzanie ; a contrario sans son apport, elle serait à la traîne.
Au Niger, il existe des expériences similaires mais à moindre échelle. C’est l’exemple du programme scolaire pilote dans 500 établissements de trois régions du pays, dont Niamey. Le nouveau programme est enseigné presque exclusivement en langue locale les premières années, avant l’introduction progressive du français. Il semble que ces expériences sont concluantes et donnent des résultats impressionnants. Des études comparatives de la performance des élèves dans les écoles traditionnelles (francophones), franco-arabes et bilingues (où les élèves apprennent dans leur langue maternelle et en français) constatent que les écoles bilingues sont les mieux classées, tandis que les écoles francophones sont les dernières. (Source partenariat mondial pour l’éducation : Niger : des programmes scolaires en langue maternelle pour améliorer l’alphabétisation). Avec les langues nationales, comme langue d’instruction, il est fort à parier que les enfants resteraient plus longtemps à l’école, plus d’adultes seraient alphabétisés, en conséquence notre classement IDH s’améliorerait. Et le pays serait plus transformé car comme l’a dit Nelson Mandela : « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »
Au vu de ces expériences concluantes, n’y a-t-il pas lieu d’envisager la généralisation de l’enseignement à la base dans nos langues nationales, à l’instar de la Tanzanie qui a opté pour l’enseignement en langue Kiswahili ?

Par Abdourahamane Oumarou LY
Contributeur