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Lettre citoyenne ouverte au Président de la République à l’occasion de l’Aid al Adha (Par Djibrilla Mainassara BARE)

Ce, d’autant plus que les musulmans que nous sommes dans notre grande majorité, s’apprêtent à fêter l'Aïd al-Adha, signifiant « fête du sacrifice » ou l'Aïd el-Kébir signifiant « la grande fête ». C’est l’occasion d’une grande communion des cœurs des musulmans, car toute fête est l’occasion d’une rupture, une occasion pour les uns et les autres de remettre les compteurs à zéro par l’osmose qu’elle crée et la solidarité qu’elle engendre à travers toutes les couches sociales composant la Oumah islamique. Il est utile de rappeler aux plus jeunes d’entre nous, et aux non musulmans, nombreux parmi nous, que dans la tradition de notre religion, l’Aïd el-Kébir commémore la soumission d’Ibrahim (Abraham dans la Bible) à ALLAH (SWT), qui doit servir de modèle à tous les croyants. Selon le Saint Coran, ce prophète a reçu dans ses rêves l’ordre divin de sacrifier son fils, Ismaël. Celui-ci, élevé dans la foi, accepta d’être immolé par son père qui se saisit d’un couteau et le posa sur la gorge d’Ismaël. C’est alors que Malaïka Jibril (l’Ange Gabriel) arrêta in extremis sa main et lui proposa un mouton en lieu et place de son fils. Donc pour les musulmans, la foi d’Ibrahim, mise à l’épreuve par Allah, a été récompensée par la survie de son fils. L’Aïd el-Kébir se doit de demeurer donc une fête célébrant la foi et la miséricorde. Vous noterez et constaterez avec moi que les illustres noms Ibrahim et Jibril que notre défunt père a bien voulu nous donner à mon défunt frère et moi, sont largement cités comme acteurs de cette grande fête, c’est pourquoi je me sens hautement interpellé et vous interpelle à mon tour.

Je ne cesserais de le répéter, vous aviez durant votre parcours politique d’opposant, pleinement usé de la liberté d’expression inhérente à la démocratie pour dénoncer les abus d’autorité et la mal gouvernance des pouvoirs successifs pour le bien de notre peuple. C’est à présent à votre tour d’en accepter le principe, ce que n’arrivent pas à admettre et intégrer vos partisans les plus zélés et autres négociateurs de prébendes.

Dans cette perspective, je m’autorise à rappeler encore une fois que trop de sang a été versé ces huit (8) dernières années, et l’école et la santé n’ont jamais atteint le fond selon les indicateurs et classements mondiaux d’institutions spécialisées. Et pourtant, les responsables de ces crimes graves pouvant être assimilés à des crimes contre l’humanité, sont en liberté et vaquent à leurs occupations tout en narguant le peuple.

Je vous rappelle également que vos prédécesseurs avaient été victimes à plusieurs reprises de tentatives avérées d’assassinat et ou de coups d’Etat c’est pourquoi, vos prisonniers, ne doivent pas connaître le sort que vous avez décidé de leur infliger, au nom de la politique politicienne.

C’est pourquoi, vous devez, à notre modeste point de vue, en tant que musulman croyant, garder constamment à l’esprit que le Coran, le Livre Saint que nous partageons, sur lequel vous avez prêté serment avant de prendre vos hautes charges commande : « Dis : O Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent ». [Le Coran : Sourate 3, Verset 26] ».

Son Excellence, le Docteur Allassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, vient de poser un acte de haute portée apprécié de par le monde, en faveur des personnes qui ont commis des actes autrement plus graves que vos prisonniers. Et d’autre part, j’ai été témoin dans le pays de la Téranga où les hommes sont réputés intelligents, il faut le reconnaitre, pour avoir su adapter la démocratie de type occidental transplantée à leur société ont de tout temps su saisir mondialement l’opportunité de l’Aid el Kébir pour en faire une occasion magique de retrouvailles entre adversaires politiques les plus irréductibles. Votre parti et à travers lui, son président que vous aviez été, a eu à accorder des amnisties et accorde encore des sursis à des criminels locaux de sang comme économique qui n’ont pas été inquiétés à plus forte raison être jugés, donc poser un tel acte à l’occasion de la grande fête que nous nous apprêtons à célébrer dans l’allégresse et la communion des cœurs, est largement à votre portée. « Qui peut le plus, peut le moins » dit l’adage.

Au nom de la clémence accordée par vos prédécesseurs à vos dérives passées, que je me garde de rappeler pour l’occasion, je m’autorise encore une fois à vous implorer de prendre de la hauteur et faire libérer l’ensemble de vos prisonniers politiques connus ou inconnus du grand public, (il serait fastidieux de les citer tous dans la présente lettre) afin qu’ils puissent passer la fête auprès de leurs familles et parmi nous. L’acte ne fera que vous grandir. ALLAH (SWT) n’a-t-il pas en effet dit : « Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants » (Le Coran : Sourate 8, verset 1).

Je vous sais capable de prendre une telle décision en vous affranchissant des conseils de ces visiteurs du soir dangereux et nuisibles qui n’ont pour boussole que leur ventre et qui ont fait leur marché dans toutes les républiques, personnages douteux dont vous avez été mis en garde par une voix beaucoup plus autorisée que la mienne. Ces personnages douteux, dis-je, vous diront toujours « non pas ce qui est ou qui devrait être, mais plutôt ce qui vous fait plaisir ».

Tout en saluant les mesures annoncées dans votre discours prononcé à l’occasion de la fête de l’indépendance et relatives à la revalorisation des pensions des veuves des éléments des FDS tombés au champ d’honneur, je me permets également de demander au modèle dont vous vous réclamez, le Calife Omar Ibn Al Kattab (DAS), protecteur de la veuve et des orphelins, d’offrir à chacune des veuves un mouton acquis sur votre cassette personnelle, afin de soulager les deniers publics. L’acte sera également apprécié à sa juste portée.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma déférence.

Niamey, le 20 août 2018

Djibrilla Mainassara BARE
Citoyen originaire du village de Douméga
Ancien Président du PNDS-Tarreya, Section du Sénégal