Skip to main content

Accueil

Lettre ouverte au Président de la République (Par Djibrilla Mainassara BARE)

Je crains fort que notre démocratie ne soit inscrite dans ce schéma.

Dans cette perspective, je m’autorise à vous rappeler encore une fois de plus que ces sept (7) dernières années, le sang a été versé, plusieurs dizaines de fois plus qu’en 51 ans d’indépendance. Trop d’attentats, trop d’attaques meurtrières qui ont souvent contraint nos Forces de Défense et de Sécurité en infériorité numérique et/ou sous équipées comme l’ont récemment reconnu vos ministres en charge de la défense et celui de l’intérieur à battre en retraite. L’école et la santé n’ont jamais atteint le fond comme durant ces huit dernières années selon les indicateurs et classements mondiaux d’institutions spécialisées. Et pourtant, les responsables de ces situations, sont en liberté, vaquent à leurs occupations et narguent le peuple. Le président Baré avait été victime de plusieurs tentatives avérées d’assassinat et ou de coups d’Etat dont j’ai énumérés une infime partie dans ma précédente lettre ouverte publiée en décembre 2017 sans procéder à des arrestations massives. Pour me conformer aux propos de Sénèque qui dit que « Celui qui a rendu un service doit se taire ; c’est à celui qui l’a reçu de parler », j’avais surtout vous demander si « vous vous souvenez de cet opposant teigneux, qu’une insurrection de l’ex Front de Restauration et de Défense de la Démocratie en janvier 1997 s’apparentant à une atteinte à la sûreté de l’Etat avait conduit en prison à juste raison. Il avait alors bénéficié de la clémence sollicitée auprès du Président Baré, suite à une demande insistante de son camarade socialiste, l’Honorable Adrien Houngbedji venu à la rescousse, puisque « le camarade ne supportait pas les rigueurs carcérales (les mêmes qu’aujourd’hui) ? Interrogez le premier ministre Amadou Boubacar Cissé puisque nous étions à la manœuvre avec lui pour vous faire libérer. Sous certaines conditions, il est vrai. Ou alors vous rappelez-vous de ces opposants qui organisaient des prières collectives pour qu’il ne pleuve pas au Niger en 1997 et 1998 ? Et de cet opposant connu pour ses turpitudes qui faisait le tour de ses parents dans les casernes pour demander de « liquider Baré » ? Quels châtiments méritaient-ils, d’après vous ?

Si Hama Amadou, le Général Salou Souleymane et plus récemment Nouhou Arzika, Moussa Tchangari, Ali Idrissa connaissent le sort que vous avez décidé de leur infliger, vous devez, en tant que musulman croyant, garder constamment à l’esprit que le Coran, le Livre Saint que nous partageons, sur lequel vous avez prêté serment avant de prendre vos charges propose : « Dis : O Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent ». [Le Coran : Sourate 3, Verset 26] ». C’est dire QU’Allah enseigne que c’est LUI et LUI SEUL qui donne et reprend le pouvoir. Donc n’ayez nulle crainte des hommes et libérez ces innocents !

Puisque dans notre tradition politique, il est admis que « Ba mougoun sarki say mugun bafadé » autrement dit« il n’existe pas de mauvais chefs, mais des mauvais courtisans » je m’autorise à vous rappeler ce que l’ancienne Sage et Honorable présidente du Conseil Constitutionnel de Transition, Salifou Fatoumata Bazèye vous avait mettait en garde à l’occasion de votre investiture du 7 avril 2011 en ces termes : « Et ce sont ceux-là qui disent non pas ce qui est ou qui devrait être, mais plutôt ce qui fait plaisir au chef. De telles pratiques sont à bannir, parce qu’elles sont causes de glissements et de dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en matière de bonne gouvernance. »

Pour toutes ces raisons et d’autres, et au nom de la clémence dont vous aviez bénéficiée de vos prédécesseurs quand, hier, vous étiez dans l’opposition je m’autorise à vous implorer de prendre de la hauteur et de faire libérer l’ensemble de vos prisonniers politiques. Il serait fastidieux de citer ici tous leurs noms, puisque leur liste ne peut tenir sur une seule page. L’acte ne fera que vous grandir.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma déférence.

Niamey, le 23 juillet  2018

Djibrilla Mainassara BARE

Ancien Conseiller Spécial du Président BARE