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Voice of America cesse ses émissions : la voix de Muryar Amurka se tait au Niger

Halima Djimrao VoaVoice of America (VOA), le service de diffusion internationale financé par le gouvernement des États-Unis, a officiellement cessé ses émissions à la suite d’un décret signé par le président Donald Trump. Cette décision historique met un terme à 83 années d’existence d’un média mondialement reconnu, qui diffusait dans près de 50 langues et comptait plus de 1 300 journalistes et collaborateurs.

Une décision politique aux conséquences mondiales
Le décret présidentiel, signé le vendredi 14 mars 2025, prévoit la dissolution de plusieurs agences fédérales jugées non essentielles, dont l’U.S. Agency for Global Media (USAGM), organe de tutelle de VOA. Cette mesure s’inscrit dans une politique de réduction de la taille du gouvernement fédéral et de rationalisation des dépenses publiques.
Mais au-delà de la sphère administrative américaine, cette fermeture résonne comme un choc pour des millions d’auditeurs à travers le monde, en particulier sur le continent africain.

Une voix respectée dans les foyers nigériens
Depuis des décennies, VOA a joué un rôle central dans la diffusion d’informations objectives et équilibrées, contribuant à renforcer l’accès à l’information dans de nombreuses régions du monde. Au Niger, ses programmes en hausa, sous le nom bien connu de Muryar Amurka, jouissaient d’une audience fidèle, notamment en milieu rural où l’accès aux médias indépendants reste limité.
L’arrêt brutal de ces programmes prive ainsi une large frange de la population nigérienne d’un canal d’information fiable et accessible, suscitant une profonde inquiétude au sein de la société civile et du monde médiatique.

Halima Djimrao, figure emblématique de VOA Hausa
Parmi les grandes voix qui ont marqué l’histoire de VOA, celle de Halima Djimrao reste gravée dans la mémoire des auditeurs nigériens. Journaliste chevronnée, Halima a travaillé pendant 20 ans au sein du service hausa de VOA. Son professionnalisme, sa rigueur éditoriale et sa proximité avec les réalités sahéliennes ont fait d’elle une référence du journalisme radiophonique international.
Sa contribution à Muryar Amurka a permis à de nombreux Nigériens d’accéder à une information claire, pédagogique et impartiale. Elle reste un modèle d’excellence et d’engagement pour les jeunes journalistes africains.

Vives réactions à l’échelle internationale
La fermeture de VOA a suscité une vague de réactions critiques à travers le monde. Michael Abramowitz, directeur de VOA, a exprimé son indignation face à cette décision, rappelant que « VOA promeut la liberté et la démocratie à travers le monde en racontant l'histoire de l'Amérique et en fournissant des informations objectives et équilibrées, en particulier pour ceux qui vivent sous la tyrannie ».
Des organisations comme Reporters sans frontières (RSF) ont également dénoncé une rupture inquiétante avec le rôle historique des États-Unis en matière de défense de la liberté de la presse.

Un vide difficile à combler
Au Niger, la disparition de Muryar Amurka laisse un vide que peu de médias sont en mesure de combler, en particulier dans les régions rurales où les enjeux d’accès à l’information sont cruciaux. La pluralité des voix, la qualité des analyses et la neutralité de VOA étaient perçues comme un modèle à suivre.

Une perte pour le pluralisme de l’information
La cessation des émissions de Voice of America marque la fin d’une époque dans le journalisme international. Au-delà des chiffres et des décisions politiques, c’est une voix rassurante, familière et crédible qui s’éteint pour des millions d’auditeurs africains. Le Niger, comme beaucoup d’autres pays, devra désormais composer avec cette absence et réfléchir aux moyens de garantir à sa population un accès durable à une information libre, indépendante et de qualité.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)