Gestion des espaces publics : A qui appartient l’espace du ‘’Petit Marché’’ de Niamey ?
C’est la question que se pose quiconque passe devant la grande porte de la Ville de Niamey. A qui pourrait bien appartenir ‘’Habou Ganda’’, communément appelé ‘’Petit marché’’ ? Est-il toujours du domaine public ou bien est-il tombé dans l’escarcelle d’un béni de la République ? Voilà des questions auxquelles le commun des citadins de Niamey ne peut répondre, même si ce n’est pas la volonté d’en avoir les réponses qui manque. En lieu et place de ce Habou Ganda si fréquenté, si achalandé, oû tout Niamey venait qui pour vendre qui pour acheter, il ne reste qu’un espace vide, en plein centre-ville. Il est ainsi depuis qu’un incendie, d’une rare intensité, ravageait, en cramant tout sur son passage, le ‘’Petit marché’’, si prisé par les Niaméens, dans la nuit du 4 au 5 avril 2012, deux jours après l’incendie d’un autre marché de la capitale. Depuis, les citadins attendent soit la reconstruction du Petit marché, soit l’érection d’une esplanade réservée aux loisirs. Mais, ils attendent toujours, n’ayant ni leur esplanade, ni leur Petit marché qui fut, jusqu’à sa destruction par cet incendie de 2012 qui s’est déclaré vers trois heures du matin, décimant entièrement, le deuxième marché de la capitale. Début 2018, des travaux de réaménagement, par la Ville de Niamey, du site désert et presque transformé en dépotoir nauséabond, ont même commencé, le terrain clôturé, puis les travaux se sont arrêtés, comme par une baguette magique, on ne sait sur instruction de qui et pour quelles raisons. Les spéculations vont bon train. Pour beaucoup, ce terrain qui est du domaine public serait tombé dans l’escarcelle d’un gros bras de la renaissance qui aurait jeté son dévolu sur les espaces publics de l’Etat, pas à Niamey seulement, mais aussi à l’intérieur du pays. Comme si l’Etat lui-même pouvait devenir une propriété privée. L’on connait la boulimie insatiable légendaire des renaissants et leur mépris des lois de la République République, ainsi que leur goût immodéré pour les richesses matérielles et les biens publics, surtout immérités, volés ou arrachés au moyen de leur position de pouvoir.
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D’autres espaces publics sont dans le même cas, comme les anciens locaux de l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) dont l’immeuble a été démoli un beau jour, pour l’obliger à prendre en bail deux immeubles jumeaux, propriétés d’un autre béni de la République que l’on veut enrichir sur le dos du contribuable nigérien. Ça devient ridicule, et même tragique, d’entendre dire que la Direction générale d’un office comme l’OPVN qui a tant de magasins dans le pays, et qui dispose de tant de moyens, n’a pas ses bureaux dans son propre local. Il y a certaines décisions administratives qui sont de véritables crimes contre l’Etat, contre le peuple. Quand est-ce que justice sera rendue à l’Etat et au peuple nigériens si spoliés, un peuple dont les intérêts stratégiques et vitaux ont été mis en péril, au profit d’intérêts personnels sordides ou claniques mesquins ? En tout cas, tôt ou tard, il faut que le mystère entourant certaines affaires soit élucidé. Une nation ne peut se bâtir de cette façon. Les espaces publics doivent revenir au domaine de l’Etat et la lumière doit être également faite sur tous les incendies qui ont ravagé des lieux publics, pas seulement du Petit Marché de Niamey, et sur lesquels aucune lumière n’a été faite, malgré les annonces fracassantes de mise en place de commissions d’enquête. L’on se rappelle encore les incendies du ministère de la Justice, du marché de Djamadjé… Ces espaces publics ont-ils été volontairement incendiés en vue d’en faire des biens privés pour le compte des éventuels commanditaires ? La question se pose, vu qu’une décennie après, personne ne se presse pour faire la lumière sur ces drames qui ont coûté leurs fortunes bâties, pendant des années de dur labeur, à des nigériens, ruinés pour toujours.
Bisso (Le Courrier)