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Tillabéri : Quand des crises conjuguées étranglent la région

La région de Tillabéri, après celle de Diffa, est aujourd’hui celle qui fait face à une crise sécuritaire qui s’est vite complexifiée et étendue pour envahir toute la région, avec souvent, tous les départements qui sont mis sous état d’urgence sécuritaire. Il est ainsi arrivé que dans la région la mobilité à moto soit interdite, que des marchés soient fermés, et donc que l’économie, depuis des années qui n’en finissent pas, soit étranglée, affectant le niveau de vie déjà précaire des populations quand on sait que depuis quelques années, les pluies sont devenues aléatoires du fait des changements climatiques, obligeant les populations à l’exode, pour encombrer les villes et souvent les sites aurifères qui se sont multipliés ces dernières années dans la région. D’ailleurs, l’école de la région n’est pas victime que de l’insécurité. En effet, dans beaucoup de villages périphériques des sites d’orpaillage, les familles et les enfants sont attirés par l’exploitation de l’or, considérée à tort ou à raison, comme un raccourci pour gagner une vie et ainsi, les écoles sont vidées, situation que peut davantage justifier un contexte national fait de favoritisme notamment quand les diplômes ne sont plus crédibles et qu’ils n’ouvrent plus de perspectives à une jeunesse qui se sent trahie et abandonnée.

La région de Tillabéri fait face à un autre défi, lui aussi très préoccupant. L’on sait que depuis quelques années, du fait de l’insécurité, les populations sont spoliées de leurs biens, notamment de leur cheptel et au moyen d’une dîme que des terroristes leur imposent. Pire, quelquefois, c’est leurs productions agricoles qui sont détruites par des supposées terroristes, avec des greniers à grains vandalisés, incendiés par une horde d’hommes violents qui n’ont aucun idéal à défendre au nom de Dieu et à mettre en avant de leur combat déraisonné. Ce qui se passe aujourd’hui au Sahel est d’autant déroutant, que rien ne le justifie puisque, officiellement, aucune revendication n’a été posée pour fonder cette violence gratuite et cette agression barbare contre les populations et les États de l’espace sahélien. Beaucoup de villages, du fait de l’insécurité, souvent obligées de se déplacer, ne peuvent plus cultiver leurs terres, quand aujourd’hui, carrément, les terroristes ne leur interdisent, réclamant, pour avoir la faveur d’y avoir accès et de cultiver LEURS terres, quelques autres impôts.

Mais, dame nature y met aussi du sien, et aujourd’hui, et elle complique une situation déjà trop difficile des populations. La campagne agricole, en temps normal, serait aujourd’hui déjà à l’étape de la montaison du mil, sinon de l’épiaison. Or cette année, à cette date, les paysans continuent de semer dans certaines parties de la région sous un ciel triste et ce, dans un contexte où, en plus, les pluies sont devenues rares, peu abondantes quand elles arrivent à tomber dans la région. Il y a donc de quoi s’inquiéter pour l’issue de cette campagne agricole qui pourrait alors aggraver la situation humanitaire déjà très préoccupante dans la région.

Etant donné que gouverner c’est prévoir, il y a, pour cette raison à considérer cette situation pour éviter l’effondrement d’une région, du moins une grande partie, qu’une frontière naturelle – le fleuve – coupe du reste du pays.

La situation, en vérité est grave, et l’on ne peut pas continuer à regarder, à se lamenter, à se plaindre notamment sur les réseaux sociaux, à diffuser des déclarations interminables. L’heure est venue de se lever.

L’heure est vraiment grave…

Hamani Garba