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Au cœur des divisions et des rancunes : les marabouts prêchent-ils dans le désert nigérien ?

Gérer un État demande de l’art, et de la grandeur. Mais pour réussir un tel art, il faut au préalable aimer l’homme sans discernement, l’humain dans toute sa totalité, croire en la nation, en ce qu’un peuple, par-delà ses différences, est appelé à communier, à croire à un destin commun, à des rêves qui les poussent aux même gloires, aux mêmes réalisations. Mais voici que dans ce pays qu’un socialisme « frelaté » - Hassoumi nous autorise de lui emprunter son mot devenu célèbre dans le pays – surprend pour lui imposer une gouvernance de la rancune et de la haine, une gouvernance de la vendetta et de du règlement de compte, promouvant dans la nation fracturée par son clanisme ordurier, une gestion de la provocation et du gangstérisme par laquelle les siens pouvaient, impunément, voler et piller, brutalisant les hommes et les lois de la République, la parole d’Ulémas, vient interpeller notre société sur ses dérives, sur ses perditions, sur le comportement malsain de certains des princes que le hasard de l’Histoire lui a imposés. Tant, par le comportement qui fut le leur, ils ne se sont jamais montrés dignes des responsabilités qu’ils doivent assumer, peut-être accidentellement, dans la République. Aujourd’hui, de l’avis de tous les Nigériens, ce pays est malade, souffrant On voit, d’un côté, brillants de boubous blancs amidonnés, les nouveaux parvenus et leurs progénitures favorisés, se délecter dans l’extravagance, de l’autres, un peuple d’en bas fait de rancœur, qui ne peut croire aux prières des premiers. Les malaises et les colères des enfants du pays méticuleusement divisés, souvent à dessein opposés, ne peuvent plus être dissimulées : ça râle dans le pays et Bazoum Mohamed peut savoir désormais, « la merdre » dans laquelle le poussait, celui qui s’est cru trop espiègle pour lui miroiter un pouvoir-cadeau qui le place plutôt dans l’enfer du piège d’un pouvoir mal hérité. Et cela est d’autant tragique que cela fait des années qu’on en parle sans que de la part des socialistes, l’on ait une seule conscience qui s’éveille pour comprendre et déplorer la gravité des moments que leur gouvernance inique provoque dans le pays. Tous sont obligés, par le suivisme aveugle et la servilité à leur roi, de se traire, d’assumer, dans la démission collective, même l’immonde et l’injuste, même le cynisme et voyeurisme institués.

Le pays, par une telle gouvernance, n’a jamais connu de moments aussi incertains que ceux d’aujourd’hui, et hélas, avec des hommes et des femmes, Roses nous dit-on, peu sensibles, incapables de cerner la responsabilité de gouverner, de diriger les Hommes, de gérer une nation aussi fragile. Mais, dans le malheur qui vient au pays, l’on a surtout déploré et condamné le silence des intellectuels, notamment des universitaires devenus ainsi complices, le silence des leaders religieux, des sages du pays et des détenteurs et héritiers du pouvoir coutumier que des affinités complices ont aussi fini par rendre coupables et comptables. Cependant, il faut se réjouir que depuis des jours, les consciences s’éveillent, refusant que par les rancunes de faux socialistes, le pays ne se perde, et ne conduisent dans le chaos. Sur les réseaux sociaux, ça bavarde beaucoup ces derniers temps, ça dit des choses graves, inquiétantes sur ce qu’une telle politique de la démission et de l’égarement pouvait conduire le pays. Ceux qui gouvernent, dans le douillet confort de  leur ascension récente, n’entendent et ne voient rien. Il y a trois jours, la communauté musulmane du pays, à l’instar de celle du monde, fêtait la fête de Tabaski, en principe dans la ferveur et le pardon, mais chez nous dans la misère des ménages qui ne peuvent plus d’offrir le luxe du mouton du sacrifice.

Un tel moment, dans les sociétés musulmanes, sert toujours de prétextes aux croyants du monde de jeter un regard sur leur conduite, pour en reconnaitre des manquements, pour d’une part s’en repentir vis-à-vis du Créateur qui, seul, peut en pardonner certains, et vis-à-vis de semblables, à qui l’on exprime des remords d’une inconduite pour solliciter leur pardon. A l’aire officielle de la grande prière à Niamey, les marabouts, face à un pays qui s’enlise et qui risque de se perdre, avaient compris leurs responsabilités, et pouvaient, pour une fois, dire, même indirectement, le mal dont souffre le pays, et par la seule faute de ses enfants et de leurs arrogances, de leurs extrémismes et de leurs intolérances.

Les marabouts, ont tenu à cette occasion – et toute la nation a entendu – des propos qui pourraient avoir choqué certains, en tout cas qui pourraient avoir touché leur âme que colonise Satan, et on les voit, par les images qui ont circulé sur réseaux sociaux, exprimer le malaise qui les traverse, une certaine prise de conscience de leur culpabilité, de leurs torts faits à une nation qu’ils ont blessées.

Les marabouts ont donc prêché et ils ont dit la vérité qui fait mal, sans allusion terre à terre et ceux qui peuvent se savoir coupables, avaient baissés le tête et le regard, honteux qu’à un tel moment, tous les Nigériens, les sentent écrasés sous le poids de leurs pêchés révélés et de leurs consciences douloureuses réveillées par leurs fautes indirectement dénoncées.

Ils savent désormais que le peuple a conscience de leurs cruautés, de leur mal dans la gestion de la communauté, et que, s’ils n’en mesurent pas les conséquences à se laisser aller loin dans le harcèlement, un jour ou l’autre, par les colères débordantes de Dieu et des hommes dont les consciences, lentement sont en train de mûrir, finiront par en payer le prix fort : l’Histoire a toujours demandé des comptes, notamment à ceux qui croient avoir un devoir à venger, de se venger aussi. Ici, sans raisons pourtant.

Les conquérants ne pourront jamais prendre en otage ce pays et sa démocratie. Et ce pays, faut-il en garder l’espoir, finira par se libérer de tant de méchancetés socialistes. C’est certains.

Binta Mody