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Insécurité à Tillabéri Rive droite du fleuve : Quand les terroristes gagnent du terrain

La région de Tillabéri, depuis des années, est en proie à une insécurité grandissante. C’est alors que les gouvernants affichent un optimisme débordant que l’on voit pourtant le phénomène prendre de l’ampleur, poussant des populations désemparées à ne plus croire à un certain discours officiel qui fait croire que la « situation serait sous contrôle » et qu’il n’y aurait aucun terroriste implanté sur le territoire national. Il ne se passe presque pas une journée sans que dans la région de Tillabéri, l’on n’annonce que des hommes armés seraient aperçus dans tette ou telle contrée de la région, terrorisant des villages qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ainsi, l’on a vu passer les cauchemars de Chinégodar, d’Inatès, de Banibangou, les déplacements et les retours des populations, des enlèvements de troupeaux, des tueries de paisibles citoyens et d’assassinats de chefs coutumier, et depuis l’arrivée de Bazoum Moahmed un gros discours confiant qui, après un an d’exercice, ne change presque rien à la situation, laissant aux lèvres des hommes le goût amer des rêves pieux inachevés.

Presque désabusé et désorienté, ne sachant plus sur quel palier agir, le régime des socialistes, vacille sur le dossier, improvisant des solutions inconvenantes, du moins sur la durée. Et depuis des jours, alors qu’au Mali mis en quarantaine grâce aux intransigeances aussi de Niamey qui aurait dû être solidaire avec ce pays voisin, l’on note une nette amélioration, avec une accalmie qui revient, rassurant des populations qui sortent peu à peu de la torpeur et de la psychose de l’insécurité, ici, chez nous, les choses vont de mal en pis. Et depuis, c’est le Niger qui prend faits et causes pour l’occupation militaire étrangère alors même que la situation semble se dégrader, notamment dans la région de Tillabéri où l’on observe une débande dans plusieurs communes désormais acculées à la fuite pour se préserver. Ce qui arrive au Niger, diront les méchantes langues, nous l’aurions mérité. Comment ne pas le croire quand, depuis le début des attaques, l’on appelait à un, réveil et à un sursaut du peuple, pour agir alors qu’il était encore temps, mais tenus par nos divisions inoculées dans le corps social par des socialistes machiavéliques qui n’ont pas fini de dérouler tout leur agenda, l’on a fait croire que le combat se faisait pour un homme, et ainsi, l’on a éloigné bien de personnes de cette lutte pourtant vitale pour la nation menacée dans son intégrité. Aujourd’hui, l’on y est là où l’on redoutait de se retrouver : personne, qu’ils soient du pouvoir ou non, ne peut aujourd’hui aller chez lui, le coeur net, et même lorsqu’il prend le risque d’y aller quand même, il ne peut oser y passer une nuit de peur de rencontrer les nouveaux maîtres des lieux qui imposent impôts, confisque le cheptel, brûlent des greniers, s’en vont avec d’autres hommes, tuent et brûlent. Les routes, le jour comme la nuit, ne sont plus sûres. On vit la peur au ventre. On vit sans vivre. Et c’est cela qui nous est arrivé dans le pays. Et nous sommes là, réduits à ne plus être des hommes capables de se battre, de prendre en main leur destin, pour n’être que des hommes qui ne savent plus que se plaindre, à attendre la félicité de Dieu, gavés de fatalisme.


Aussi, malgré, tout le monde continue de se taire, quand une région entière du pays passe insidieusement dans les mains de bandits qui lui imposent leurs lois iniques, les chassent de leurs terres pour les occuper, on ne sait pour combien, de temps. Mais, on apprend toujours, ainsi que pouvait le dire la dernière fois le ministre de l’Intérieur devant la représentation nationale que les soldats triomphent alors même qu’au même moment, des populations se plaignent qu’ils ne soient pas toujours là pour les protéger et même quand, apprend-on, des mouvements suspects leur sont communiqués, peut-être pas par des voix autorisées mais certainement par des populations apeurées qui surveillent tous les bruits et mouvements suspects dans leurs environnement de vie devenu chaotique.

Après un an de discours et de promesses infinies, la paix n’est toujours pas là dans la région, l’héritage de ce bordel au carré que lui laisse Issoufou devenant de jour en jour insoutenable pour le nouveau magistrat qui semble naviguer à vue, n’ayant aucune lumière sur un problème qui échappe même au « sécurocrate » qu’il fut lorsqu’il gardait le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique. Compte-t-il encore sur la France et sur les drones interdits d’Erdoğan ? Les Etats-majors des pays de la CEDEAO réunis il y a quelques jours au Ghana, peuvent-ils croire à cette solution pleine de risques pour la stabilité de notre sous-région ? Faisons attentions à nos choix stratégiques !

Pourtant, il n’y a pas longtemps que se tenaient les assises du forum de Tillabéri sur la paix et la cohésion sociale, organisées en grande fanfare par des hommes qui ont cru que des palabres dans le confort du pouvoir pouvaient aider à surmonter la crise sécuritaire de plus en plus problématique et croissante. Plusieurs semaines après la foire de la paix dans la capitale du fleuve, le problème reste entier, et l’on ne pouvait se réjouir que de la libération marchandée de Cheick Ali de Djoubourga. Le reste, sans changement… Et la région rumine ses douleurs, ses filles et fils devant être plus jamais divisés sur une conduite à tenir pour survivre à cette crise.

C’est dans un tel contexte que l’on apprend le regain d’activisme des groupes armés qui écument la région, notamment sur toute la rive droite du fleuve, qui va de Méhanna au parc du W. Dans cette partie de la région, devenue presque un no man’s land, c’est presque la débandade quand, sommés de quitter pour libérer les lieux, les populations abandonnées à elles-mêmes n’aient d’autres choix que de s’exécuter, de partir pour éviter le pire pour leur vie. Ce qui est ici inquiétant est d’apprendre que ces hors-la-loi peuvent désormais opérer non pas dans les villages frontaliers plus accessibles et à partir desquels il est plus facile de se replier sur un territoire voisin, mais d’aller plus en profondeur, et d’agir souvent dans des communes, un peu loin des frontières. En effet, lorsque Gothèye et Dargol devraient être dans le collimateur des terroristes qui pourraient profiter d’une frontière naturelle – le fleuve – qui rend toute intervention terrestre de renfort un peu compliquée quand il faut contourner par des ponts qui compliquent l’opération, il y a de quoi prendre au sérieux le défi.

Il y a déjà des semaines que l’on apprend que des terroristes auraient intimé à des villages de quitter, promettant de les décimer s’ils les retrouvaient sur place à une prochaine visite à l’improviste. Après avoir donné l’alerte pour espérer une ceinture de sécurité qui ne peut se mettre en place, les populations n’ont pas de choix que de partir et de chercher refuge dans les agglomérations plus proches. « C’est là où, finalement, après que certains aient brillé pour lui, le pouvoir des socialistes nous conduit », peut-on entendre se plaindre bien de populations sous le choc de ce qui leur arrive.
Sans compter ce qui, ayant d’autres soutiens ailleurs sont partis au Bénin, au Togo, au Ghana, en côte d’Ivoire pour vivre aux côtés de parents qui leur offrent l’accueil de la solidarité dans l’épreuve qu’ils traversent, ils sont aujourd’hui nombreux qui sont partis de leurs villages pour s’agglutiner autour de grandes bourgades aux allures rurales qui ne peuvent pourtant pas leur donner un cadre de vie convenable. On apprend par exemple, selon certaines sources que dans le seul département de Gothèye, l’on compterait au 12 mai 2022, à Bandio quelques 207 ménages (1367 personnes), à Garbougna 2010 ménages (1387 personnes), à Dargol 235 ménages (1698 personnes), à Larba Birno 11 ménages (74 personnes), à Garbey Kourou 37 ménages (177 personnes) soit un total de 903 ménages (4.703 personnes). Or, en compte dans le département de Torodi, de Banibangou, de Bankilaré, de Téra. Et l’exode continue !


Que peuvent dire ce régime et ceux qui le soutiennent à de telles populations qui ne savent plus où elles vivent, condamnées à l’exil et à l’errance ? La menace, comme on le voit, ne fait qu’avancer, renforçant la psychose de populations qui doutent chaque jour davantage de la capacité du gouvernement à assurer leur protection pour ne leur laisser de choix que la fuite quand l’option de l’auto-défense à un moment encouragé a été vitre abandonnée pour éviter de tomber et de sombrer dans la chienlit et le chaos.


Agir vite…


Cette partie du pays est en passe de s’embrasser et de devenir un espace de non-droit, presque abandonné au terrorisme pour devenir une poudrière désolée où l’on ne verrait plus d’hommes et d’activités humaines économiques. Tant que l’insécurité devrait sévir sur les parties frontalières l’on pourrait croire à une insécurité résiduelle mais lorsque cela devrait continuer plus à l’intérieur où l’on se demanderait où pourraient-ils bien se cacher ces prétendus terroristes pour agir à leur guise sans être inquiétés, venant par colonnes de motos appuyées souvent des véhicules 4 X 4, il y a prendre désormais au sérieux la menace.


Un mauvais signal vient pour l’armée à un moment aussi crucial…


Continuité oblige, comme le fit en son temps, Issoufou Mahamadou, l’on ne finit pas d’accuser l’armée à travers des officiers de comploter et profiter ainsi pour leur régler des comptes. C’est ainsi qu’avec scepticisme les Nigériens apprennent, après plus d’un an qu’on annonçait un coup d’Etat à la veille de l’entrée en fonction de Bazoum Mohamed, que des militaires qui seraient impliqués sans le projet, sont radiés de l’armée. Pourquoi, si tant est qu’on est sûr de sa chose, avoir attendu tant de mois, pour prendre une telle décision ? En tout cas cette annonce pour l’armée est un mauvais signal quand, par de telles accusations qui n’en finissent pas depuis onze ans, en son sein, à dessein, l’on sème la psychose du complot, pour ne plus leur donner le moral à la lutte. Par ces accusations qui n’en finissent pas, l’on leur brise le moral et notamment quand ce sont des officiers de valeur qui sont visés par de telles mesures presque quadrillées ? Faut-il dès lors craindre que de nombreux soldats démissionnent de crainte d’être visés par de telles mesures qui, pour bon nombre d’observateurs, ne visent qu’à écarter de l’armée et de ses sphères de décision et d’opération que des soldats qui gênent, parce que distants du champ politique pour se cantonner à leur seul rôle de soldats ; choix qui ne rassure pas des socialistes qui ont pourtant usé de complots pour être là où ils sont. Ces actes, s’ils devraient continuer au-delà d’Issoufou, à terme, ne peuvent que pousser le pays à des situations compliquées, faites de vendetta. La peur du complot ne doit pas conduire à des abus. Le régime, peut-il croire, qu’il crée les conditions pour que son armée soit forte ? Une armée, rappelons-le ne combat pas qu’avec des moyens, mais aussi et surtout avec un moral.
Aujourd’hui ceux qui ont tenu le forum, doivent faire le bilan à mi-parcours de l’application de leurs recommandations pour juger de ce qu’ils ont conçu comme réponses à la situation, est pertinent, efficace ou pas pour rassurer les populations. D’ailleurs, leur forum, sous ce format était-il si nécessaire ?

La région est dans «drap» comme disent les Ivoiriens. Il faut encore penser d’autres solutions urgentes.
Le temps passe et la menace avance à grands pas.

Waz-Za