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Journée nationale de la femme nigérienne : Les préoccupations communes passées sous silence

La journée nationale de la femme nigérienne, célébrée chaque 13 mai a été marquée cette année, par des débats forts contradictoires, suscités par l’intervention du Président de la République sur la problématique de la polygamie, lors du lancement des activités de cette journée.

Pourtant, au-delà de cette polémique alimentée par les concitoyens des deux sexes, cette journée devrait tout simplement servir de détonateur aux différents mouvements féminins pour faire, l’état de lieux sur leurs préoccupations communes, et envisager des pistes de solutions.

Il est vrai que, les femmes ont décidé en l’occasion de cette journée, d’exprimer leur solidarité à travers des dons à l’endroit des femmes victimes de l’insécurité dans certaines zones, ou à des femmes démunies. Mais, il aurait été aussi pertinent et utile pour elles, de se prononcer sur les conditions de vie de leurs consœurs du monde rural, de se pencher sur le respect et l’effectivité de la loi sur le quota, de la jouissance du congé de maternité, de la réalité sur le congé de veuvage, de la discrimination faite en matière de pension (la femme cotise dans les mêmes conditions que les hommes, mais sa pension de la retraite s’arrête avec son décès, même si elle est chef de ménage).

Voilà des préoccupations qui sont générales et, qui devraient interpeller les femmes à l’ occasion de cette journée.

A cette liste de problèmes, on peut ajouter le harcèlement sur les lieux de travail et la violence conjugale qui du fait des pesanteurs socioculturelles et, religieuses constituent un véritable tabou. Les femmes citadines et rurales vivent ces harcèlements et  violences en silence.

Il appartient aux organisations féminines bien structurées de sensibiliser et former l’opinion sur ces phénomènes, et même profiter de cette journée pour saisir l’Assemblée nationale qui est d’ailleurs en session des lois, pour voir dans quelle mesure réviser le code pénal afin de prendre en compte de façon spécifique, la violence conjugale ainsi que le harcèlement sur le lieu de travail.

Car le code pénal actuel ne prévoit aucune disposition spécifique à la violence conjugale ou celle sur le lieu du travail. Tout au plus le droit pénal réprime les voies de fait ou tout acte de violence dans le cadre des coups et blessures volontaires, mutilations, castrations, et autres agressions à l’endroit des certains fonctionnaires que le législateur a bien voulu protéger dans l’exercice de leur fonction.

Le code pénal est resté muet sur les violences (physique et morale) dont peuvent être victimes spécifiquement les épouses ou même les époux dans la vie du couple ainsi que, le harcèlement dont les femmes sont victimes sur le lieu de travail. Toutefois, il faut noter que lorsque des telles atrocités surviennent dans un couple, ou dans un service, le tribunal saisi appliquera le droit commun pour réprimer ces actes.

La saisine du parlement en cette journée commémorative de la lutte féminine, permettra sans doute au législateur de prendre acte que la violence conjugale ainsi que celle sur le lieu de travail constituent un phénomène de société à endiguer et, prévoir des sanctions spécifiques. Cela  va du souci de garantir la moralité dans l’éducation des enfants qui sont victimes le plus souvent de traumatismes des actes des violences conjugales vécus dans leurs foyers, mais aussi garantir un lieu de travail exempt de toute violence. 

Oumarou Mahamadou